La soirée s'était finie silencieusement. Sans rien prononcer, nous étions remontés en voiture, et lorsque nous fûmes arrivés à notre immeuble, nous nous étions simplement salués, puis chacun était rentré dans son appartement. À mon avis, nous étions tous deux perturbés par ce qui s'était passé, par notre danse sous la pluie improvisée, puis cet instant qui m'avait semblé fort intimiste.
En cet instant, je me tournais et me retournais dans mon lit, incapable de faire taire les pensées qui tourbillonnaient dans ma tête et de plonger dans les bras de Morphée.
Je ne savais que penser de ce qui s'était passé. Nous avions eu besoin, je le croyais, d'avoir ce moment. Les remords pesaient lourds sur notre conscience, et la nécessité de nous excuser nous avait suivi sans relâche.
Et au-delà de cela, sa question de l'autre jour tournait en boucle dans ma tête.
« Lorsque nous mettrons fin à cet arrangement, est-ce que l'on sera encore en contact ? »
Je n'en n'avais aucune idée. Je ne savais même pas si moi, j'en avais envie. Après tout, maintenant j'étais au courant de toute l'histoire, et j'étais consciente qu'il n'y avait plus de raisons pour lesquelles je devais le haïr. Mais la confiance que j'avais placée en lui perdue serait difficile à retrouver, j'en étais sûre.
Et puis, pourquoi m'avait-il posé la question ? Qu'est-ce qui le motivait à le faire ? L'impatience que tout soit fini ? La volonté que l'on continue à se voir ? L'envie que l'on reste amis ?
Mais pourrait-on vraiment l'être ? Pourrais-je l'observer, d'un air qui se voulait amical, sans penser à tous ces moments que l'on avait passés ensemble ? Les étreintes que nous avions partagées ? Les baisers que nous avions échangés ?
Car malgré tout, il était mon premier amour, le plus puissant, celui qui vous marquait au fer chaud, celui qui mettait une marque indélébile sur vous, à tel point que son souvenir n'était jamais très loin.
Alors même si mes sentiments envers lui s'étaient taris, les réminiscences, elles, ne le feraient jamais.
***
« Il avance bien, donc ? »
Je ramenai mon regard Lise, qui me faisait face à travers la visio-conférence, et hochai avec entrain la tête.
« Très bien ! »
Un sourire s'épanouit sur son visage.
« Alors j'en suis ravie. Je t'avoue que je commençais à avoir peur. » rit-elle.
Je me retins de répondre que moi aussi, j'avais flippé. Et encore, c'était un euphémisme. Mais l'inspiration paraissait être définitivement revenue.
À tel point que je me demandais si j'avais encore besoin des rendez-vous avec Léandre.
Et même si je me l'avouais avec difficulté, je n'en n'avais plus besoin, mais envie.
J'étais fichue.
« Alors tu sauras respecter ta dead-line ? »
Je répondis par l'affirmative et nous partîmes sur des sujets tout autres. Même si Lise était mon éditrice, elle était avant tout une très bonne amie, qui n'hésitait pas à être là pour moi et à mettre son rôle d'éditrice de côté pour me venir en aide, et je lui en étais infiniment reconnaissante.
Après notre appel, je me remis au travail. Je relus la fin du précédent chapitre, corrigeai déjà les quelques petites choses qui me sautaient aux yeux, et entamai le chapitre suivant.
À vrai dire, je savais que je pourrais arrêter là les rendez-vous avec Léandre, mais je n'osais pas le faire. Après, d'un côté, s'il était réellement impatient que notre arrangement prenne fin, il voudrait sans doute que j'y mette fin maintenant...
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Nos cœurs meurtris
RomanceOlivia Adams est une auteure connue. Installée depuis plusieurs années dans le centre de Londres, entourée de ses meilleurs amis et de son chat, elle se complait dans sa vie. Mais les ombres et vieux démons rôdent. Elle sent l'inspiration la quitt...