Le front appuyé contre le bois de mon bureau, je me demandais quand est-ce que je pourrais me remettre à écrire.
Me dire qu'il était là, chez moi, seulement une porte nous séparant...
Non. Je ne devais plus penser à cela.
Me redressant, je tentai de me remettre au travail, et réussis tout de même à écrire quelques mots.
Plus tard, je me levai, ayant soif, et me dirigeai vers la cuisine. Derrière le comptoir, un verre d'eau à la main, j'observai discrètement l'idiot, qui s'était installé sur le canapé, Plume lovée contre sa cuisse.
Je fus surprise lorsque je vis qu'il portait des lunettes, larges et à montures noires. Cela, associé à ses mèches qui retombaient presque devant ses yeux, je devais avouer qu'il n'était pas très moche.
Pas du tout moche, en fait.
Ses sourcils légèrement froncés dû à la concentration, il tapotait énergiquement sur son clavier, se stoppant quelques fois pour faire glisser ses doigts sur le pavé tactile. Tel un tic, il n'arrêtait pas de passer l'une de ses mains entre ses mèches, qui lui tombaient systématiquement sur son front.
« Je sais que je suis beau, mais cesse de me regarder ainsi, tu me gênes. » dit-il, en m'adressant un sourire en coin.
Je sentis mes joues chauffer alors que je déposais mon verre légèrement trop fort sur le comptoir, avant de contourner ce dernier et me tourner vers la porte de ma chambre, sans pour autant le quitter des yeux.
« Évite de prendre tes rêves pour tes réalités. La chute ne te ferait que trop mal. »
J'eus alors l'impression que son sourire prit une teinte triste, puis il murmura quelque chose que je ne compris pas avant de reporter son attention sur son ordinateur.
Je me tournai ensuite vers ma chambre, prête à y retourner, mais quelque chose me retint. Je savais que je ne pourrais plus écrire aujourd'hui, j'étais trop fatiguée.
Ainsi, une légère peur m'habitant, je tournai les talons, et allai m'affaler sur le canapé, sans un regard pour l'idiot, qui, je le savais, m'observait d'un air étonné.
Toujours sans lui rendre son regard, je me penchai et pris la télécommande présente sur la table basse, avant d'allumer la télévision. Je tendis une main pour caresser Plume, la nervosité m'envahissant car le faire signifiait me rapprocher de lui.
Zappant les chaînes sans y faire réellement attention, je m'exclamai :
« Au fait, je pourrais savoir pourquoi tu lis mes livres ? »
Un silence me répondit, mais je ne m'en formalisais pas. Mon ton détaché ne devait pas vraiment lui donner envie de me faire la conversation.
D'ailleurs, moi non plus je ne voulais pas la lui faire, mais cette question me tourmentait depuis que je l'avais aperçu à la librairie, l'un de mes livres entre ses mains.
« Je n'ai pas le droit de les lire ? »
Je lui jetai un regard en coin, embarrassée lorsque je plongeai dans le sien qui m'observait déjà, et je me forçai à le tenir.
« Ce n'est pas ça. Mais je suis étonné que tu veuilles le faire. »
Je n'allais pas au bout de ma pensée, mais j'étais consciente qu'il avait saisi ce que je voulais dire, au vu des muscles de sa mâchoire qui se contractèrent.
Ce que je voulais vraiment dire, c'était que je ne pensais pas qu'il voudrait me lire, alors qu'il m'avait fait miroité des sentiments réciproques dont l'existence n'avait été que chimère, et qu'il m'eut humiliée et trahie en s'affichant avec ma sœur. Tout cela voulait forcément dire qu'il ne m'appréciait pas.
VOUS LISEZ
Nos cœurs meurtris
RomanceOlivia Adams est une auteure connue. Installée depuis plusieurs années dans le centre de Londres, entourée de ses meilleurs amis et de son chat, elle se complait dans sa vie. Mais les ombres et vieux démons rôdent. Elle sent l'inspiration la quitt...