Chapitre 14 - Hazel

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Cette première nuit a été bénéfique pour nous d'eux. A la demande insistante d'Ethan, j'ai aménagé avec lui la semaine qui a suivi. L'occasion de découvrir ce qu'est la vie en couple et surtout, à quel point Ethan est gourmand. Nous faisons l'amour quasiment tous les jours. Il n'est pas avare non plus en baisers et en signe d'affection, là où j'émets encore un peu de réserve. Je me sens libérée toutefois d'un poids, j'ai posé mon préavis pour rendre mon appartement. Et j'envisage sérieusement de reprendre le chemin de la fac.

De l'entrée de la cuisine, j'observe Ethan, posé dans le canapé, à checker ses mails sur son téléphone. Je prends une profonde inspiration et me rapproche de lui.

- Ça va bébé, tu as l'air bizarre ? viens près de moi.

Ethan m'invite à m'asseoir près de lui, ce que je m'empresse de faire. Il éteint son téléphone et me prends dans ses bras.

- Il y a quelque chose qui ne va pas ? Je sens ton regard posé sur moi depuis au moins dix minutes ?

- Et tu ne dis rien, dis-je étonnée

- J'attendais que tu viennes me voir. Il y a quelque chose dont tu veux parler ? C'est notre couple ? Tu as changé d'avis ?

Ethan et moi sommes atteint du même syndrome, celui de l'abandon. Comme moi, il a peur que tout s'arrête. Il n'est pas rare qu'il m'assaille de questions pour vérifier que je suis toujours accro. Cela ne me choque pas dans la mesure où je fais pareil.

- Non, tout va bien, ce n'est pas toi. C'est moi. Je... Je n'ai pas eu mes règles ce mois ci.

Il fronce les sourcils, l'air inquiet.

- Tu es malade ? Tu couves un truc ?

- On peut dire ça, répondis-je dans un sourire timide. Je ... Je pense que je suis enceinte.

- En..ceinte ? répète-t-il en désignant mon ventre

- Oui. J'ai fait un test ce matin. Il est formel.

- Mais comment c'est possible ? Tu m'as dit que tu avais un contraceptif !

Sa voix monte d'un cran, son front commence à perler. Je déglutis doucement et tente de peser les mots. Je savais que ce ne serait pas facile à annoncer. Nous n'avons jamais parlé d'enfant jusqu'à présent. Connaissant son passé d'enfant sans père et le mien, c'est un sujet un peu tabou. L'appartement était une évidence, prendre un chien une option. Mais un enfant, n'a jamais fait parti du plan.

- Ok.... Reprend-t-il après un long silence. Si j'ai bien compris, tu veux dire que... on va être parents dans quelques mois ?... Putain, Haz, je te connais à peine !

Quatre mois pour être exact. On s'est rencontré il y a quatre mois et on vit ensemble depuis quelques semaines. Il se lève d'un bon, envoyant valser au passage son téléphone.

- Je comprends ta réaction. Tu n'es pas obligé de rester...

- Tu es sérieuse là ? Et je suis censé faire quoi ? Fuir, te laisser élever ce gamin et grandir sans père comme moi je l'ai été ? Putain Hazel tu as vu comment ça m'a détruit, tu ne peux pas me demander ça bon sang !

A quel moment ça a dérapé entre nous ? Pourquoi je me retrouve là, à endosser le rôle de la méchante ? Dans un monde idéal, c'est censé être une bonne nouvelle, une suite logique pour un couple. Pourquoi tout est compliqué dans ma vie ?

- Et alors quoi ? Tu veux faire quoi ? lui répondis-je désarmée

- Je n'en sais rien, je n'en sais rien...Tu peux pas me demander de prendre une décision là, maintenant, comme ça... Et encore moins exiger que je parte ...

Ethan se rapproche de moi. Tout son corps tremble. De colère, de peur aussi. Il est en état de choc.

- Comment tu as pu tomber enceinte ?

- Je ne sais pas... je suis aussi perdue que toi. Ça arrive des fois sous stérilet...

Cette fois, Ethan me répond par un éclat de rire. Cynique. Sarcastique. Il ne croit pas ce que je dis, il ne m'écoute plus. J'ai été aussi surprise que lui lorsque mes règles se sont arrêtées. J'ai mis ça sur le compte du stress. Je venais de subir une grosse pression. J'ai été encore plus choquée de voir apparaître les deux barres sur le test. J'ai tout quitté pour mener une vie stable avec Ethan, reniant mes principes pour vivre à ses crochets. Et maintenant ça, qui me tombe dessus. Je suis maudite.

- Tu as songé à avorter ? m'assène—il sans me regarder.

Sa voix est plus sombre. Je ne le reconnais plus, son attitude, son discours. Tu n'es pas sérieux Ethan ?... Pas toi. Dis-moi que tu n'es pas une pourriture comme les autres. Sois un homme, et assume.

- Je pense qu'on en assez dit, je propose qu'on arrête d'en parler pour ce soir et...

- Tu as raison. Je vais dormir chez un pote ce soir.

Ethan ramasse son téléphone, me bouscule au passage et referme la porte d'entrée en la claquant. Je reste sonnée quelques minutes, debout dans le salon, en pressant ma main sur mon ventre. Je ne pensais pas tomber aussi bas. Ma vie est décidément bien merdique.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant