Chapitre 11 - Hazel

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- Ouah... alors là, je suis sur le cul. Je ne sais pas quoi te dire.

Bouleversée, je n'ai pas pu garder cette lettre secrète rien que pour moi. Il fallait que je partage ce qui se tramait dans ma vie. Avec les filles on partage tout : les bons comme les mauvais moments. Celui que je vivais à l'instant était un mélange douloureux des deux. Le réveil avait déjà été brutal lorsque j'ai constaté son absence à mes côtés. Et il l'a été encore plus lorsque j'ai découvert sa lettre posée sur son oreiller. Ma liberté avait un gôut amer.

Sissi, en grande romantique, a été l'oreille attentive dont j'avais besoin. Ses yeux humides, ses mains tremblotantes trahissaient son émotion vive. Loin du désespoir intérieur que je ressentais. J'avais râté quelque chose, j'avais été comme aveuglé pendant toutes ces années. Il m'avait préservé de la violence de ses sentiments. On aurait pu vivre quelque chose de bien. Si seulement il avait osé. Si seulement je lui avais dit. Mais je ne peux plus réécrire l'histoire avec des si. Ce qui est fait, est fait. Il a tourné la page comme je devais le faire à mon tour.

- Attends, attends... C'est bien beau tout ça, ça dégouline de mièvrerie et de sentiments. Mais j'ai l'impression qu'on s'éloigne du fait le plus important...

Sissi et moi jetons un regard circonspect dans la direction de Mia. Qu'est-ce qui a de plus important que...

- Tu as couché avec Mister Klaus ?

Je me mordille la lèvre. J'imaginais bien que ce détail n'en reste pas un pour les filles... enfin surtout pour Mia.

- Oui, nous l'avons fait, répondis-je dans un souffle

- Et tu fais quoi d'Ethan ? me demande Sissi, consternée

Elle débarque ou quoi ?

- Ça ne change rien. Ce n'est ni un écart, ni une erreur.

- Tu as quand même trompé ton mec ? Il n'y a que moi que ça choque ? Putain, Haz, tu déconnes !

Et voilà, on y est. Sissi la moralisatrice est dans la place. Mon esprit se bloque presque instantanément. Je vois les lèvres de Sissi bouger, mais j'ai décidé de couper le son. Elle peut dire ce qu'elle veut, ça ne m'atteint pas. Ce qui est fait est fait, et tout comme moi, elle ne peut rien changer au passé. En partageant cette lettre, je voulais du réconfort. Mais je m'attendais bien sûr à un retour de bâton. Mérité ou pas.

- Laisses-là un peu tranquille ! Tu vois pas qu'elle est assez triste comme ça. Le gars lui a dit adieu quand même. C'est fini entre eux !

Oui, et c'est tout ce qui a retenir. Merci Mia. Je n'aurais pas mieux dit, et je n'aurai pas trouvé meilleure avocate. Pour une fois qu'on est sur la même longueur d'onde. C'est tellement rare qu'il faut que je le souligne. Je la prends dans mes bras et éclate en sanglots. Je ne pensais vraiment que notre rendez-vous soit aussi douloureux. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me manque autant.

Mia me repousse un peu, et essuyant les larmes sur mes joues me demande la question qui fâche :

- C'était bien au moins, ça en valait la peine ?

Je ferme les yeux un instant et prends mon temps pour répondre. Le temps de rejouer dans ma tête une dernière fois la musique de nos ébats. C'était fluide, naturel. Et en même temps d'une violence inouïe, une véritable décharge électrique qui inonde tout le corps. Trois ans d'attente, de non-dits, de silence pour finir par une explosion, une vraie combustion de corps. Je n'ai jamais ressenti autant de plaisir charnel, je ne me suis jamais abandonné à quelqu'un de la sorte.

- Oui. C'était mythique. Il a dépassé toutes mes espérances.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant