Prologue

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Mon pouls s'accélère à mesure que je passe les vitesses. Tout ce que je veux, c'est mettre de la distance entre elle et moi. Je veux fuir. Le plus loin possible. Je ne comprends pas ce qui se passe. Ce qui m'arrive. Ce que je dois faire ? Le compteur affiche 100km/h. il faudrait que je ralentisse, mais j'en suis incapable. Je revois ses yeux larmoyants. Et puis je fixe son ventre. Elle voudrait que j'assure...

Je vais me réveiller. Tout ça n'est qu'un cauchemar. Hier encore, j'étais insouciant. Tout comme elle. Nous ne sommes que des enfants. Mais visiblement assez grand pour en concevoir. Dix minutes pour une vie...

Je ferme les yeux une demi-seconde, le temps d'essuyer mes larmes. Lorsque je les ouvre, elle est là, cette voiture qui arrive en face de moi. Je ne suis pas sur ma voie. Je tourne brusquement le volant sur la droite, faisant dévier la voiture d'en face sur le bas-côté. Droit vers un arbre. Je n'oublierai jamais ce bruit. celle d'une voiture lancée à vive allure contre un arbre.

Respire...respire

Je descends de ma voiture et court en direction du véhicule accidenté qui fume. Je me penche vers la vitre pour apercevoir les occupants. Il y a un homme au volant ainsi qu'une femme à ses côtés.

Ne panique pas....

L'homme est avachi sur le volant, l'airbag ne s'est pas déclenché. J'ouvre la portière, prends son pouls, mais je ne l'entends pas respirer.

Putain !

Je passe côté passager. Elle, elle respire. Faiblement, mais elle respire. je me dirige vers ma voiture et compose le numéro des secours. J'ignore où je suis... Ce que je dois faire...Dans quelle merde je me suis foutu.

Réfléchis.... Réfléchis...

Respire... respire...

Ils arrivent. Ils sont en route. Je retourne vers la passagère. Elle ne respire plus... Je ne sens plus son pouls...

Je me réveille d'un coup et me redresse pour reprendre mon souffle. Je fixe un œil vers le réveil, il est 02h30 du matin. Je suis en sueur, comme à chaque fois que je fais ce putain de cauchemar. Je me tourne dans sa direction. Elle dort à poings fermés, paisiblement. Ce n'était qu'un cauchemar. Mais si réel.

Je me relève, nu comme un ver, me servir à boire dans la cuisine. Un verre d'eau... Mauvaise idée. Je me sers un verre de scotch, je ne sais pas si j'arriverai à me rendormir après ça.

Cela fait vingt ans. Vingt ans que je fais ce putain de cauchemar. Toujours plus intense vers Noël. Je n'en peux plus. Je voudrais que ça s'arrête.

Je perçois un bruit dans la chambre. je l'ai réveillée. Elle s'avance vesr moi, drapée dans les couvertures, dissimulant sa nudité.

- Tu ne dors pas ?

- Non, mon sommeil s'est coupé. Tu peux te rendormir...

- Ou on peut faire autre chose. Mon mari ne rentre que demain soir.

Oui, je m'en souviens. Son mari est un client. Un très bon client. Sa femme, Sylvia, est... un bonus. Après un déjeuner d'affaires, elle m'a fait quelques confidences sur leur couple. Et j'ai proposé mon aide. Je vends tout. Y compris mon corps. J'apprécie ce que je vis avec Sylvia : elle est établie dans son couple, elle sait ce qu'elle veut. S'amuser, tout comme moi, il n'est pas question d'engagement. Pas d'emmerdes. C'est elle qui est venue me chercher, pas l'inverse.

- Tu ne m'as donné qu'un aperçu de ce que tu savais faire....

Et gourmande en plus. Ce qui n'arrange rien.

- Sylvia... Je ne sais pas si...

C'est une bonne idée... Elle ne devrait pas me provoquer quand je suis dans cet état. Pas après mes cauchemars. Je suis nerveux, stressé, fébrile. Et j'ai besoin de compenser. De me défouler, jusqu'à ce que mon cerveau disjoncte. Sylvia ne me connaît pas. Elle ignore qui je suis. Elle ne sait rien de mon passé. Normal. Avec elle, je ne parle pas ou très peu. Elle n'a pas reçu le mémo et lance un jeu dangereux, provocant. Dont elle ne connaît visiblement pas les règles. Elle va perdre, à coup sûr.

Sylvia se fait langoureuse, me dévoilant ses courbes délicieuses en laissant choir le drap par terre. Cette femme est à tomber. Et elle a clairement envie que je remette le couvert. Ce n'est pas la solution, mais je n'ai qu'elle sur la main. Le sexe ou l'alcool. Il me faudrait quelque chose de plus sain pour arrêter d'y penser. Je me rapproche d'elle l'air coquin à mesure qu'elle recule. Puis je la bascule sur le lit :

- Souviens-toi que c'est toi qui m'a relancé. 

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant