Chapitre 17 - Mister Klaus

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Ethan est rentré dans mon loft, les yeux écarquillés, comme un gamin devant un sapin de Noël. Cela m'a surpris à moitié. D'ordinaire, je n'emmène personne chez moi. Mes relations, en particulier des conquêtes sans lendemain, je reçois à l'extérieur, souvent via une chambre d'hôtel. Mon loft, payé rubis sur l'ongle et agencé par une décoratrice d'intérieure anglaise, est ma plus grande réussite jusqu'à présent. C'est mon sanctuaire, mon antre. Je ne le partage jamais même si j'y passe peu de temps.

- C'est ici que tu vis ? c'est magnifique.

Et ce sera ton héritage mon fils. Je n'ai personne d'autre à qui léguer cette fortune. Je la dilapidais en quelques sorties futiles, mais à partir de maintenant, je serai plus précautionneux.

- Tu peux prendre la chambre d'amis, ce sera ta chambre si tu veux revenir.

- Merci de m'héberger, tu es sûr que cela ne te dérange pas ?

- Non, bien sûr que non.

Tu es mon fils. Je l'ai laissé s'isoler et j'ai attendu qu'il s'endorme. J'ai passé une heure dans l'embrasure de la porte à l'observer. La vie m'avait accordé une deuxième chance. Je pouvais souffler un peu.

Le lendemain, Ethan avait déjà meilleure mine. Du moins, comparé à la veille.

- Je ne sais pas ce que tu déjeunes le matin, alors je t'ai préparé un assortissement.

J'avais disposé sur l'ilôt central de la cuisine de quoi nourrir un régiment : bacon grillé, œufs, jus d'orange, fruits, croissants et baguettes ramenées de la boulangerie française en bas de la rue. J'imagine que les jeunes mangent beaucoup, je l'ai lu dans un bouquin. De mon côté, je me suis contenté d'un café serré, sans sucre.

- C'est pour moi tout ça, tu es royal !

Merci du compliment, j'essaie en tout cas de l'être. Entre deux bouchées, Ethan relève sa tête vers moi :

- Connor, je peux te poser une question indiscrète ?

- Vas-y, je n'ai rien à cacher.

- Tu as quelqu'un en ce moment ?

Je m'attendais à tout, sauf à ça. Qu'il me demande des comptes sur mon absence, ou sur ce que je faisais pour vivre passe encore. Mais pas ma vie sentimentale. Mais après réflexions, il m'avait ouvert son cœur hier soir, je pouvais en faire de même.

- Non, je ne vois personne.

Je ne vois plus personne. J'ai « quitté » Hazel il y a deux mois, après une nuit torride. J'ai renoncé à mon statut de client VIP dans l'agence d'escort d'Isabel. Je fais vœu d'abstinence. J'arrête les femmes, je ménage mon cœur.

Ma réponse a plu à Ethan, il esquisse un sourire. Mais je n'aime pas trop ça. Qu'est-ce qu'il a derrière la tête ?

- Est-ce que tu penses... tu crois que c'est possible de renouer avec Maman ? Elle ne le dira jamais, mais elle pense à toi. Depuis toujours. Elle ne t'a jamais oublié. Et elle n'a jamais cessé de t'aimer même après le mal que tu lui as fait.

Je tombe des nues. Elle devrait me détester, me mépriser. Je l'ai lu dans son regard. Ethan se trompe sur les sentiments de sa mère. Quand bien même, Diane et moi c'est du passé. J'aurai dû mal à ...

- Fais un effort pour moi. Pour Noël. Je souhaiterai que vous vous remettiez ensemble. Elle est open. A toi de jouer.

Sur ce coup de pression savamment distillé, Ethan est parti rejoindre sa copine. Je lui ai proposé mon aide avant de partir. J'espère juste qu'il prendra la meilleure décision, la plus juste pour eux.

Alors que je pensais régler un problème en renouant le contact avec mon fils et devenir son confident d'un soir, un autre souci, beaucoup plus grand, pointait le bout de son nez. Je suis maudit.

Re-conquérir Diane est un défi impossible à réaliser, même si j'aime mon fils. Il me faudrait un sacré miracle à Noël pour que la magie opère à nouveau entre nous, et qu'elle ne voit plus comme un salaud. Du moins, c'est l'idée qu'elle en a donné dans le restaurant. Je ne sais plus rien d'elle et nous avons un passif assez douloureux. Qui plus est, je me suis interdit de retomber amoureux. J'ai peur des femmes, je m'en méfie. Ma seule exception, de courte durée, a été Hazel. Je me suis autorisé une parenthèse, je l'ai laissé fissuré mon armure. Mais j'imagine qu'en la quittant, j'ai dû lui faire du mal. Je détruis tout ce que je touche, en particulier les femmes. Je les utilise, je les abime et je les expulse de ma vie.

Je sors sur la terrassegriller une clope. Je ne fume que très rarement. Seulement lorsqu'une femme memet la pression. Comme lors de notre nuit avec Hazel. Hazel. Je me demande bience qu'elle devient. Cela fait deux mois que je n'ai plus aucune nouvelle, deux moisque je lutte pour ne pas lui envoyer le moindre texto. Heureusement qu'Ethanest entré dans ma vie, cela me permet de penser un peu moins à elle

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant