Chapitre 8 - Mister Klaus

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Mars 2020

Je n'arrive pas à ôter ce stupide sourire de mon visage. J'ai l'air moins sérieux, plus « gentil ». Je ne me remets pas de ce séjour à la Barbade. Hazel a mis mes nerfs à rude épreuve. Je m'y attendais un peu, je l'ai cherché aussi en l'amenant sous les Tropiques. Mais le retour de bâton a été plus rude que je ne le pensais. Je ne peux plus continuer comme ça. Si elle ne suspend pas cette putain de clause, je ne pense pas pouvoir partir avec elle Noël prochain.

Il est question de sexe. Il est question de mon égo. Aucune femme ne m'a jamais résisté dans ce domaine. J'ai toujours su me montrer convaincant. J'ai toujours assuré aussi derrière. Hazel est différente, j'en ai conscience. Mais ma patience a des limites. Je me languis d'effeuiller ses vêtements, qu'elle s'offre à moi de son plein gré, d'explorer son intimité pendant des heures. Rien que d'y penser, j'en ai des sueurs froides. Et aussi une putain d'érection dès qu'elle « squatte » mon esprit. Ce qui veut dire, plus souvent qu'elle ne devrait.

Ces voyages commencent à atteindre une limite. Certes, je me sens bien avec elle, et mes cauchemars s'atténuent. Ils sont moins fréquents, moins intenses depuis que je la côtois. Mais je m'ennuie. Je suis frustré. J'ai envie de plus. J'ai besoin de plus...

Tout n'est pas à jeter cependant. J'ai appris beaucoup sur moi, sur mes limites. Ce dernier voyage m'a donné aussi la force de me dépasser, d'affronter mes plus grandes peurs. C'est avec une certaine appréhension que je me saisis de mon téléphone et compose son numéro :

- Allô ?

Je ne pensais pas qu'elle aurait décroché aussi vite. Je pensais lâchement laisser un message sur son répondeur. Un message que je travaille depuis des années. Là, elle me coupe l'herbe sur le pied.

- Allô ?

Ça fait drôle d'entendre sa voix... après tout ce temps. Je tente d'imaginer l'allure qu'elle a au bout du fil. Nous avons le même âge elle et moi. Et tout moi, elle a affronté de terribles épreuves.

J'ai rencontré Diane quand nous avions quinze ans. J'étais un petit con, sans ambition, sans aucune posture. Mais gonflé à bloc aux hormones. Et ce qui devait arriver, arriva. Lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle n'avait plus ses règles, j'ai agi comme le petit con que j'étais. J'ai pris mes jambes à mon cou.

Les années ont passé et ma décision me hantait comme un fantôme tous les soirs. Plus je grandissais, plus le poids de ma culpabilité se faisait lourd. Plus je murissais, plus je prenais conscience de l'atrocité de mes actes. Mais j'étais incapable de bouger. Comme figé dans le présent mais happé dans le passé par mes pensées. Je suis revenu en homme nouveau de mon séjour à la Barbade, l'impression d'être quelqu'un de meilleur. J'ai de nouveau foi en l'avenir, prêt à assumer mes erreurs et surtout les réparer.

- Je ne vous entends pas.. je vais raccrocher.

Elle s'agace vite, perd patience. Et moi je panique, il faut que je me ressaisisse.

- Ne raccroche pas Diane, c'est moi Connor.

Un silence glacial accueille ma réponse. Je ne m'attendais pas à moins.

- Connor Wallace...

- Je sais qui tu es Connor. Inutile de préciser. Je ne connais qu'un Connor de toute façon...

Bon, et maintenant, je fais quoi ? J'improvise.

- Comment as-tu ce numéro ? me demande-t-elle d'une vois grave

Tout s'achète. Il suffit d'y mettre le prix. Je n'ai pas eu trop mal à retrouver Diane une fois ma décision prise de rattraper le temps perdu. Tout s'achète. Sauf le pardon. Il va falloir que le gagne à la sueur de mon front.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant