Mister Klaus

Chapitre 35 Hazel

- Joyeux anniversaire ma puce !

Oui, c'est mon anniversaire aujourd'hui. Je fête mes vingt-deux ans. Un non-évènement pour moi. Autant dire, que je déguste aujourd'hui.

Ethan enchaîne les fausses notes avec une rapidité déconcertante. Déjà, il me laisse à peine franchir la porte de l'appartement, qu'il m'embrasse fougueusement devant tout le monde. Je lui rends son baiser et serre les dents. Je déteste les marques d'effusion en public. Je hais plus que tout fêter mon anniversaire. Je ne le fête jamais. Comme Noël. Je hais ces fêtes familiales... Je croyais qu'il le savait et qu'il avait compris. Visiblement, je n'ai pas été assez claire.

- Joyeux anniversaire bichette, me dit Sissi en me prenant dans ses bras.

- On t'aime tu sais, ajoute Mia.

Heureusement les filles sont là pour rattraper le coup. Et me rassurer dans leur amitié. Je peux encore compter sur elles. Comment Ethan les a-t-il embarquées dans cette galère ? Mes amies connaissent mon aversion pour mon anniversaire, pourquoi jouent-elles le jeu ?

J'ai du mal à reprendre mes esprits. Mon beau discours, savamment préparé et répété passe au second plan. Une foule de question envahit mon esprit.

Je ne reconnais plus l'appartement. Il y a beaucoup trop de fleurs, même si j'apprécie l'attention. A quel moment a-t-il préparé tout ça ?

J'essaie de me détendre et me dirige vers Diane pour la serrer dans mes bras.

- Bonsoir Diane, comment vas-tu ?

- Fatiguée, mais ça va. Joyeux anniversaire Hazel !

- Merci d'être venue.

Je m'éloigne d'elle et me dirige vers lui. Le meilleur pour la fin. Ou pas. Que fait Mister Klaus ici ? Quel est l'intérêt de me quitter le jour de mon anniversaire ? Je me rapproche de lui et lui fais un signe de la tête.

- Bonsoir Hazel

Connor est froid, je le reconnais à peine. Même la première fois que l'on s'est vu en partance pour New York, il était plus chaleureux. J'ai l'impression d'avoir un étranger en face de moi. Je lui rends la pareil. Il n'est pas question que je lui tende l'autre joue.

- Qu'est que tu fais ici ? lui répondis-je cinglante

- Ethan a insisté pour que je sois là ce soir pour ton anniversaire.

- Et j'imagine que le fait de me quitter fait parti de mon cadeau d'anniversaire ?

Si tu crois que je vais l'oublier celle-là...

- Pas ce soir Hazel, s'il te plait.

Bien sûr. Connor veut éviter les scandales. Pour parfaire l'image du père idéal et du beau-père parfait. Pas ce soir dit-il...Mais quand alors ? Je souris à peine et lui tourne le dos. Son self-contrôle à toute épreuve m'écœure. Comment fait-il pour garder un tel calme ?

- Alors on boit quoi ce soir ? lance-je à l'assemblée

Mia dégaine aussitôt et s'avance vers moi, une bouteille à la main :

- Ce soir tu es la reine ...

Puis se penchant vers moi, elle murmure à mon oreille :

- Il faut que je te dise. J'ai eu une discussion franche avec Mister Klaus, je suis désolée.

- Tu lui as dit quoi exactement ?

- Juste un recadrage en règle...

Je me suis mise à rire intérieurement. Un recadrage...c'est plutôt lui qui lui a mis les points sur les I. Mister Klaus n'est pas le type d'homme qu'on recadre.

Le champagne me monte déjà la tête, j'ai bu trop vite. La musique m'entraîne et je me revois sur les pistes de danse à la Barbade. Il fait chaud, je transpire. Je me trémousse sans me soucier du regard de l'assistance. Je suis seule au monde. Personne ne compte, si ce n'est son regard à lui. Mister Klaus. Parce que je sais qu'il ne perd rien du spectacle, il me dévisage en train de danser, et il aime ça. J'espère qu'il culpabilise. Qu'il a honte. Qu'il ne perde rien du spectacle, car cette fois, je ne reviendrais pas vers lui.

Les filles dans la cuisine m'entraînent soudain, laissant Ethan en pleine discussion avec ses parents. Ce soir, j'ai besoin de vider mon sac

- Alors c'est lui, le fameux Mister klaus ? me lance Sissi une fois accoudée au plan de travail. Je comprends pourquoi tu t'es jeté dans ses bras. Il est plutôt badass !

Badass oui. Et sans aucun doute, le meilleur coup de ma vie. Nos ébats me manquent déjà, tout comme le fait de toucher ses muscles, sentir son parfum quand il m'embrasse, effleurer son tatouage... ressaisis toi Hazel, tu es plus forte que ça...

- Ne l'appelez pas Mister Klaus.

Jusqu'à présent, cela ne me dérangeait pas. Ce surnom était source de fantasme lorsqu'on parlait de mes voyages avec les filles. Mais depuis qu'il est devenu réel, depuis que j'ai retrouvé Connor et que nous avons entamé une liaison, cette appellation me dérange. Cela me rappelle un pan de notre histoire que je veux oublier, mes débuts en tant qu'escorte. Une vision de femme objet de désir que je refuse d'être.

- Qu'est ce qui se passe poulette ?

Mon visage se referme. Je n'arrive pas à réaliser ce qui se passe exactement. Mais le fait de verbaliser, je me rends compte de la violence de la situation :

- Mister Klaus et moi, c'est terminé.

- Comment ça ? je pensais que vous vous donniez une chance malgré Ethan ? Qui est à l'initiative cette fois ? Ne me dis pas qu'il t'a encore quitté ? me demande Mia en roulant des yeux.

- Non, c'est d'un commun accord, dis-je le dédouanant. C'est compliqué...

- Donc vous arrêtez vos bêtises.

- Oui.

Si tant est qu'on peut appeler ça des bêtises. Je ne souhaite pas développer davantage. Cette histoire me dépasse. Entre les ruptures, les retrouvailles, nos parties de jambes endiablées pour mieux se détester par la suite. Je suis épuisée. J'ai l'impression d'être dans une montagne russe émotionnelle qui ne s'arrête jamais, un manège interminable. J'ai besoin de boire, j'ai besoin d'oublier. D'avancer. Nous portons un toast une nouvelle fois avec les filles :

- A ton anniversaire Hazel !

- A ta nouvelle vie !

- A nous !

Depuis le salon, Ethan nous réclame. Dans une hilarité propre à l'ivresse, nous regagnons ensemble notre hôte dans le salon. L'ambiance a changé entre temps. Ethan a tamisé le salon et lancé le cd Pm Dawn. Celui qu'il avait programmé lors de notre première nuit d'amour. Les filles s'écartent discrètement et je me retrouve face à Ethan au beau milieu de la pièce. Une alarme discrète sonne dans mes oreilles. Je sens le danger, mais je suis incapable de bouger. Alors que je sens mon esprit divaguer, je vois Ethan s'agenouiller devant moi, une petite boite noire ouverte :

- Bébé, est-ce que tu veux m'épouser ?

Je n'entends pas ce qu'il dit. Je ne comprends pas ce qu'il veut. Je me retourne vers les filles visiblement aussi surprises que moi. Mister Klaus lui, comme à son habitude, reste stoïque. Tout ce qui m'importe à ce moment précis, c'est cette bague en diamant qui brille devant moi. Voilà pourquoi Mister Klaus m'a quitté. Pour ne pas m'imposer de faire un choix. Il était courant visiblement. Il s'est sacrifié une fois de plus et a fait le choix pour nous.