Chapitre 28 Hazel

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- Tu as tout ce qu'il te faut ? me demande Ethan.

Ethan a insisté pour m'accompagner pour mon premier jour chez son père. Les filles ont trouvé cela adorable. En ce qui me concerne, c'est juste pénible. J'ai l'impression d'être une ado.

- Je n'ai besoin de rien, tu sais, je ne vais pas à l'école. Et c'est juste de l'observation que je vais faire.

- Je suis bête, tu as raison, j'angoisse bien plus que toi, c'est dingue !

En fait, je n'ai pas dormi de la nuit la veille. J'ai posé beaucoup le pour et le contre de cette situation. Mais si je veux avoir une chance de revoir Mister Klaus en dehors des seuls repas de famille et avoir le temps d'avoir une franche discussion avec lui, cette opportunité restait ma seule option.

Une discussion ou autre chose. Je n'ai pas rêvé l'autre jour lorsque nous avons fait irruption à l'improviste dans son bureau. S'il a paru étonné de prime abord, les mauvaises habitudes ont vite refait surface. Je l'ai senti cette tension entre nous, ces regards...

J'ai opté pour quelque chose de « sage » mais de subtil : un chemisier court rose violacé ainsi qu'une jupe grise courte, agrémenté de sandales hautes.

Mister Klaus nous attendait en bas de l'immeuble. Son sourire s'est agrandi à mesure que nous marchions vers lui. On ne peut pas faire mieux comme accueil :

- Hazel ! Pile à l'heure. Merci Ethan de l'avoir accompagnée. Comment ça va pour toi ?

- Cool ! Et Maman va bien ?

- A merveille, elle se porte comme un gant !

Il ne s'est pas étendu davantage et m'a accompagné à l'intérieur de son building. J'ai suivi Mister Klaus jusqu'à mon bureau, celui qui jouxte le sien. Après tout ce que nous avions vécu, je savourais ce moment. J'allais enfin pouvoir le redécouvrir. Celui d'homme d'affaires qui m'avait fait fantasmer. Celui qui m'avait séduite de prime abord.

- Je dois t'appeler comment ?

- Fais simple, tu peux m'appeler Connor. Je ne te promets rien sur ce poste. Je suis très exigeant au travail.

Assise sur mon siège de bureau, je fixe l'horloge murale accrochée en face de moi. Le temps défile lentement. C'est une torture. Je n'arrive pas à me concentrer. Mister Klaus m'a donné une pile de dossiers pour que je me familiarise avec son milieu. Au bout d'une heure, je capitule, je décide de renoncer. C'est beaucoup plus dur que je ne l'imaginais. Non pas la matière, mais le fait d'avoir Mister Klaus dans la pièce à côté. Notre dernier échange, notre dernière tête à tête remonte à janvier, il y a trois mois, dans la chambre. Quand, rongée par la douleur, je l'ai envoyé sur les roses.

Je me lève déterminée, et toque à son bureau.

- Oui ?

Sa voix est grave, presque trop sérieuse. A ma vue, Mister Klaus se fend d'un grand sourire.

- Tout va bien Hazel ?

- Oui, Connor. Je voulais, si je ne dérange pas, aborder un point avec toi.

- Bien sûr, je suis toute ouïe.

Il se détend et se redresse sur son siège. La façon dont il me fixe intensément me fais comprendre que j'ai toute son attention. Mais je suis troublée, je n'arrive pas à le cerner. Je paierais cher pour connaître les pensées qui lui traversent la tête. Il semble imperturbable, comme un roc en pleine tempête. Nous avons été à de nombreuses reprises sur la même longueur d'onde. Je prie pour que cette fois soit encore la bonne.

Je fais le tour de son bureau et m'y appuie, en ne le lâchant pas du regard. Mister Klaus se lève à son tour et me fixe intensément :

- Comment tu vas Hazel ? Je veux dire, vraiment ? Ne me racontes pas les mêmes sornettes que tu sors à Ethan. Je veux la vérité.

Son côté autoritaire, plus matûre me fait frisonner. Je me sens comme enveloppé d'un voile de confiance, rassurant.

- Je vais mieux. J'ai encore de la douleur, dit-elle en montrant sa poitrine, mais ça va.

- Pourquoi... pourquoi tu accepter de venir travailler ici ? Je me doute que ce n'est pas ton idée.

- Je voulais m'excuser...face à toi... pour la façon dont je t'ai traité la dernière fois que l'on s'est vu.

- Tu avais une excuse.... Et puis... nous avions besoin de crever l'abcès... Nos retrouvailles à Noël, dans ce chalet, ont été une véritable épreuve. Pour nous deux. J'ai mal agi, mon comportement est loin d'être irréprochable.

- Connor... est-ce que tu sais pourquoi j'ai érigé cette règle lors du contrat ?

- Parce que tu étais vierge ?

- Non, pas seulement... Je voulais que le premier homme qui me touche soit le bon. Je ne pouvais pas concevoir me donner à quelqu'un sans sentiments.

Connor prend une profonde inspiration et souffle bruyamment. J'espère qu'il a saisi le message.

- Ce qui nous arrive... est un putain concours de circonstance. Mais si je suis resté avec Ethan, c'est d'abord pour toi. C'est grâce à lui que je t'ai retrouvé. C'est lui qui me mène sans arrêt à toi. C'est avec lui que je vis... mais c'est à toi que je pense...

Connor esquisse un léger sourire et se rapproche de moi. Ma déclaration à demi-mots lui procure de l'assurance. Il effleure de ses doigts mes cuisses. Je souris à mon tour. Les gestes remplacent les mots. Mon silence et mon absence de réaction l'encouragent à poursuivre. J'écarte les cuisses et il y glisse une main. Ses doigts triturent ma culotte et je suis incapable de bouger :

- Ce ne sont pas tes doigts que je veux sentir, Connor.

Il retire sa main de ma cuisse, comme s'il avait reçu une décharge. J'ignore qui de ma réplique cinglante ou de l'erreur qu'il s'apprêtait à commettre lui a fait le plus de mal.

- Je ne peux pas faire ça Haz. Je suis désolé

- Mais tu en meures d'envie, n'est-ce pas ?

Il déglutit et détourne le regard.

- Tu me dois ça Connor. J'ai besoin... j'ai envie de savoir que tu me désires.

- Haz. Arrêtes...

Son ton est ferme, mais peu crédible. Comme lorsqu'il avait tenté de me menacer dans la cuisine.

- Tu m'as dit que tu m'aimais toujours. Prouve-le-moi. Montre-le-moi. Prends-moi, là, sur ton bureau. Je suis tout à toi.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant