Chapitre 22 Mister Klaus

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Je m'éclipse chercher à boire dans la cuisine, suivie par Hazel qui me talonne, ce qui me réjouis encore plus. Je l'entraîne dans un coin de la cuisine, passablement agacé. Une seule question me préoccupe plus que tout pour le moment :

- Cet enfant est-il de moi ?

- Non.

Sa réponse est catégorique, presque sans appel. En ce qui me concerne, elle a répondu trop vite pour que ça ait l'air vrai.

- Tu n'en sais rien en fait.

- Je sais qu'il est d'Ethan.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis jaloux, blessé dans mon égo. Quitte à ce que qu'elle soit enceinte, j'aurai aimé que cet enfant soit de moi, même si je l'avoue les choses auraient été encore plus compliquées.

- Ne me prends pas pour un con Hazel. Et je t'interdis de mêler mon fils à tout ça. Tu ne me connais pas. Je ne te laisserai pas faire du mal à ma famille, détruire tout ce que j'ai réussi à reconstruire.

- Elle est donc là ta vraie nature ? Menacer une femme sur le point d'accoucher ? Ne t'inquiète pas Connor, je ne ferais jamais autant de mal à ta famille que tu as pu en faire ! Ce n'est pas parce qu'ils t'ont pardonné que tout est oublié, que tout est cicatrisé.

Sa répartie me transperce. Nous sommes loin, très loin des moments harmonieux que nous avons pu partager auparavant. Hazel a toujours été douce, conciliante. Nous n'avons jamais eu de disputes, d'échanges enflammés ou vifs comme celui que nous sommes en train de vivre. Nous étions enfermés dans une bulle protectrice, un cocon. Dans cette réalité, notre « couple » vole en éclats. Je ne la croyais pas capable d'une lucidité aussi cinglante.

- C'est déjà assez dur de devoir te partager avec mon propre fils. Je ne tiens pas à ce qu'Ethan élève son demi-frère en plus.

- Me partager ? Je ne suis pas une chose Connor ! Je ne suis plus ta chose dont du disposes quand tu as envie. C'est toi qui as mis un terme au contrat pas moi. Tu avais trois ans pour agir, et tu n'as rien fait. Ne viens surtout pas me faire la morale !

La tension est palpable dans la cuisine alors que dans le salon, je peux percevoir les éclats de rire de Diane et Ethan. Au moment où je m'apprête à répondre à l'attaque d' Hazel, je perçois un léger détail qui me glace :

- Hazel, .. il y a quelque chose qui coule entre tes jambes

Là, entre ses jambes, un liquide blanchâtre. D'abord mince, il se fait de plus en plus épais. Du haut de mes 41 ans, je panique.

- Diane ! hurle-je

- Ethan ! crie Hazel

Des bruits de course se font entendre. Lorsque Diane et Ethan font leur apparition dans la cuisine, Hazel se tient le ventre à moitié recroquevillé sur elle-même, au milieu d'une flaque.

- Je crois qu'elle perd les eaux !

- Chéri, emmène là aux urgences, ordonne Diane

- Tu veux que je l'accompagne ? demande Ethan,

- Non, pas toi Ethan, vas-y Connor. Ethan et moi on passe chez eux récupérer son trousseau et des effets personnels. On se retrouve là-bas. Fonce !

Je regarde Hazel tremblotante.

- Tu peux marcher ? lui demandais-je

- Non... j'ai trop mal.

- Ok.

Je m'approche d'elle et le plus délicatement possible, la soulève du sol. Le poids de son ventre se fait sentir, elle est un peu lourde, mais je serre les dents. Ethan me suit et ouvre la portière :

- Ramène-les tous les deux, papa.

- Je vais faire de mon mieux, ça va aller, file avec ta mère. On reste en contact.

Je démarre le moteur et commence à rouler. Je n'ai jamais eu aussi chaud en hiver. Je transpire, j'ai peur. Et Hazel se tient assise près de moi, gémissant de douleur.

- Ça va ?

- Non...non... arrête toi.

- Pourquoi ? on est presque arrivé. Tiens bon Hazel, ça va aller, je suis là maintenant.

- Je vais... il va sortir. C'est maintenant...

Je m'arrête sur le bord de la route en urgence. Je sors de la voiture paniqué et allonge Hazel sur la banquette arrière. Ok, respire Connor. Je retrousse sa robe et tire sur ses collants et sa culotte pour la mettre la plus à l'aise possible. Si tant est que cela soit possible.

Hazel se met à souffler et pousser d'un coup. Je me sens bête, ne sachant pas quoi faire. Elle se met à hurler, déchirant le silence environnement de son cri glaçant. Je me penche, l'air hagard et aperçois entre ses jambes une tête dépassée.

- Pousse Hazel, pousse, il est en train de sortir.

Dans un ultime effort, Hazel pousse une dernière fois. Je recueille le bébé, l'enveloppe de ma veste. Il faut que coupe le cordon. Je m'empare de mon couteau suisse dans la boîte à gant et je libère la mère.

- C'est un garçon Hazel.

- Il va bien ? je ne l'entends pas crier. Pourquoi il ne pleure pas ? Connor ?

Non, il ne pleure pas. Ce n'est pas normal. Je tente de lui prodiguer un léger massage cardiaque tout en le tenant au chaud. Je me coupe du monde, je n'entends plus les lamentations d'Hazel, incapable de se relever après l'effort physique qu'elle vient de réaliser. Deux minutes passent, et je n'ai toujours pas de pouls. Je m'affale sur le bas côté, le visage inondé de larmes, serrant ce corps inerte contre moi. Je prends une profonde respiration. Je ne dois pas craquer. Mais à la vue de ce bébé sans vie, les jambes d'Hazel maculées de sang, je décide de lâcher prise et hurle ma colère. Ma tristesse. C'est trop. Trop pour un seul homme.

Je continue d'hurler ma peine alors qu'au loin je distingue les sirènes de l'ambulance. Elles arrivent trop tard.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant