Chapitre 36 Mister Klaus

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Je me suis assoupi en milieu d'après-midi sur mon sofa. En réalité, je me suis endormi pendant deux bonnes heures sans m'en rendre compte. Je dors très mal la nuit. Je pense et repense à tout le merdier qu'est ma vie. Aux erreurs que j'ai pu commettre par le passé, à celles que je suis en train de faire – comme exclure Hazel de ma vie- et celles que je commettrais à nouveau. On ne se refait pas. Je suis un être imparfait, je ne mise pas grand-chose sur mon amélioration.

Les fiançailles ont été dures à encaisser. Je n'arrive pas à me convaincre d'avoir pris la bonne décision. Pour mon fils, c'est une bonne solution. Pour Hazel, il faut espérer que ce soit une meilleure. Elle est jeune. Son avenir et devant elle, elle a besoin de quelqu'un qui s'engage. Mon fils semble plus stable, plus mâture que je semble l'être. Son passé est moins chargé que le mien, tout comme son casier judiciaire.

Je suis réveillé par des vibrations. C'est Diane. Elle m'a appelé à trois reprises. Je me redresse d'un bond et la rappelle dans la foulée. Je crois deviner l'origine de son appel :

- Allo Diane, comment ça va ?

- Pas très en forme. J'ai perdu les eaux il y a une heure. Et les contractions semblent se rapprocher.

- Ok, je me mets en route. J'arrive, tiens bon...

Diane a déménagé de mon appartement après les fiançailles d'Hazel et d'Ethan pour regagner le sien. La promesse du mariage à organiser, ainsi que l'arrivée du bébé ont beaucoup contribué à apaiser notre relation. Nous avons mis nos différents de côté, conscients tous deux que nos attentes étaient irrémédiables, et nous nous sommes séparés en bons termes, sans aucune animosité. Je souhaitais qu'elle reste jusqu'à l'accouchement, mais elle a préféré prendre son envol, en me jurant de m'appeler le « Jour J ».

On y est. Nous allons de nouveau être parents. Je trouve Diane en sueur dans son salon, faisant les cent pas pour visiblement faire descendre le bébé.

- Tu fais quoi ? lui demande-je

- Je fais le chien.... T'inquiètes, j'ai toute ma tête. Et toi tu tiens le coup?

- Je commence à angoisser à vrai dire. Mais je ne m'enfuirai pas si c'est ce que tu voulais savoir. Allez, viens, on y va.

J'installe Diane dans ma voiture, ses effets personnels dans le coffre, et démarre en trombe direction la maternité où est prévu son accouchement. Nous avons tous les deux en tête l'accouchement catastrophique d'Hazel. Qui nous a traumatisé. Diane n'en parle pas, mais je sais que comme moi, elle y pense. Elle tente de faire diversion en se centrant sur moi :

- Ta copine est au courant de ce qui se passe ? Elle accepte le fait que tu vas devenir père ?

Je serre les dents. Je n'ai pas trop envie d'en parler. Ce que Diane ne saisit pas. Elle insiste par son regard appuyé, inquisiteur sur moi pour avoir une réponse. Hazel a très mal accepté le fait que j'ai mis Diane enceinte. Mais là n'est plus le problème.

- Ce n'est plus ma copine, nous sommes séparés.

- Encore ?

- Oui, je lui ai rendu sa liberté. Elle mérite mieux que moi

- En fait, ce que tu essaies de dire, c'est que tu as choisi pour elle. Tu as si peu d'estime pour toi ? Tu as si peu confiance en son amour ?

Je me penche vers le tableau de bord et allume la radio. De tous les sujets de discussion, il faut qu'elle parle de moi. En pointant au passage les défauts que je n'avais pas encore perçu. Diane soupire et se penche à son tour pour l'éteindre.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant