Chapitre 5- Laponie

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- Alors, avez-vous une idée où nous allons cette fois-ci ?

Notre rituel s'est mis en place de façon très naturelle lors de notre deuxième voyage. Comme une évidence. Physiquement, ma Christmas Girl n'a pas beaucoup changé depuis notre voyage à New York. Elle porte toujours les cheveux longs, déteste tout autant le maquillage et porte encore le manteau que je lui ai offert l'année dernière. Ah oui, il y a une différence, je la sens juste plus décontractée avec moi.

- Non, j'avoue je sèche encore.

Une boule de Noël. C'est moins évident, je le concède. Je décide de ne pas la faire languir davantage. Je ne suis pas un homme sadique. Et je m'en voudrais de la mettre en difficulté.

- Nous partons visiter le village du père Noël en Laponie, annonce-je fièrement

Comme la première fois, ses yeux s'écarquillent, son sourire s'agrandit. Je me délecte de voir à quel point son visage se transforme sous l'effet de la surprise. Pour un peu, j'en serai presque excité.

- En Laponie ?

- Je voulais quelque chose d'authentique, comme vous. Imaginez les grands espaces nordiques recouverts de neige, les forêts de sapins, l'air pur, les aboiements des chiens de traîneaux et les aurores boréales...

- Il me tarde d'y être, vous me vendez du rêve !

C'est elle qui m'en vendait avec sa présence. Hazel n'avait vraiment pas changé d'une année sur l'autre : elle redoutait toujours autant les décollages. Moi en revanche, je commençais à faillir. Cette fille me faisait de plus en plus d'effet. J'ai frissonné lorsqu'elle a pris ma main d'elle -même pour se rassurer.

Nous avons eu droit à une mauvaise surprise en arrivant dans l'hôtel. Ma réservation n'a pas été prise en compte comme initialement, et nous avons eu droit à une chambre munie d'un grand salon, de deux lits jumeaux. Et cerise sur le gâteau : un sauna privatif.

- Je suis désolé Christmas girl, dis-je en me retournant vers elle après avoir tenté de négocier pendant près de vingt minutes avec la réception

- Ce n'est pas grave Mister Klaus, les lits sont séparés n'est-ce pas ? ce n'est pas comme si nous dormions ensemble ?

- Non, c'est exact. Cela ne vous dérange vraiment pas ?

- Non. Ne vous en faites pas.

Je respire soulagé. J'ai eu peur qu'elle doute de mes intentions sur le moment. Si je voulais dormir avec elle, je n'aurais pas pu mieux m'y prendre.

Le voyage nous avait exténué, nous sommes allés nous coucher très tôt la première nuit. Qui plus est, j'avais réservé une journée assez chargée le lendemain avec Hazel : une course de traineaux.

Hazel a fait son apparition dans la pièce vêtue d'un simple tee-shirt blanc.

- Vous dormez comme ça, dans cette tenue ? lui demande-je étonné

- Oui, je ne suis pas très frileuse à l'intérieur. Et puis j'ignorais que vous seriez dans la même pièce que moi cette nuit

Je souris compatissant, ne suis pas très frileux non plus. D'ordinaire, je dors nu. Pour ce voyage, il va falloir faire des concessions tous les deux.

- Je vais vous donner quelque chose pour vous réchauffer, dis-je en me dirigeant vers ma valise

- Vous avez peur que je prenne froid ? me demande-t-elle en souriant

- Ce serait dommage, avouez-le de passer le reste du séjour dans cette chambre pour un coup de froid

Ma réponse est fallacieuse et cache les vraies raisons de ma générosité (je n'aurais jamais pensé qu'un tee-shirt blanc puisse être aussi sexy). Je tends à Hazel un de mes pulls deux fois trop grand pour elle, qui lui arrive aux genoux. Je respire un bon coup lorsqu'elle l'enfile aussi sec. Je ne verrais plus ses seins pointer par-dessus le tee-shirt et je ne poserai pas de question sur la nature de ses sous-vêtements. Je me demandais ce qu'elle porte en dessous, si c'est un string, un boxer, une culotte. Ou rien...Du coup, je me permet d'éteindre la lumière et lui souhaite une bonne nuit. Pile à temps pour dissimuler mes premiers émois.

- Alors cette nuit ? lui demande-je le lendemain

En ce qui me concerne, je n'avais presque pas fermé l'œil. Toutes mes pensées étaient orientées vers Hazel et ... son tee-shirt. Je me voyais le lui enlever er accéder à son corps en grande partie dénudée. Dans mon rêve, elle portait un boxer noir en dentelle. Je suis en manque, avouons-le. Je n'ai couché avec aucune femme depuis au moins deux mois. Ce qui est pour moi un record. Et sa présence à mes côtés ne fait rien pour arranger les choses. Putain de contrat. C'est à ce moment que je regrette qu'Hazel ne soit qu'une débutante. Avec une autre professionnelle, plus expérimentée, j'aurais été moins frustré, j'aurais pris moins de gant. Son tee-shirt n'aurait pas résisté longtemps à mes assauts.

- Vous saviez que vous ronflez Mister Klaus ?

Hazel me tire de mes rêves érotiques éveillés. Je souris en guise de réponse. Oui, je le sais. Je suis gêné. Pour elle comme moi. J'ai compris le message. Le canapé lit du grand salon fera l'affaire ce soir.

Le troisième jour, nous décidons d'un commun accord de tester notre sauna privatif. Je me muni d'une serviette que je noue autour de la taille. Face à moi, Hazel ne mène pas large. Nous prenons le temps de nous observer, en particulier elle :

- Vous êtes tatoué ? me demande Hazel en me découvrant torse nu.

- Oui. Il n'y pas d'âge pour ça ?

Je ne sais pas pourquoi j'ai sorti ça. Je ne sais pas si sa remarque fait référence à mon âge ou à mon statut d'homme d'affaires, mais je suis interpellé.

- Cela représente quoi sans indiscrétion ?

Comme à chaque fois qu'elle touche une corde sensible, mon visage se referme immédiatement. Hazel détient les avantages et les inconvénients liés à sa jeunesse : elle a donc sa fougue, et son impulsivité. Je savais à quoi je m'exposais lorsque je l'ai accepté comme escorte. Elle n'apprend pas vite malheureusement.

- Ne me forcez pas vous recadrer une fois de plus Christmas Girl.

Une escorte professionnelle n'aurait jamais osé commettre cette erreur, là où Hazel l'a franchi à deux reprises. Et si tant est qu'une pro ait dépassé les limites, elle serait bien reçue avec moi. Je me serais délecté de jouer au père Fouettard avec elle.

Je ne peux pas en vouloir à Hazel. Et surtout, je ne dois pas la toucher. Je tiens à ces moments avec elle, je ne veux pas qu'ils prennent fin si j'enfreins les règles de notre contrat.

Elle se confond en excuse et rentre s'installer dans le sauna. Je soupire bruyamment avant de l'y rejoindre. Mon tatouage représente une erreur de jeunesse. Evoquer mon tatouage serait repenser à tout un pan de mon histoire que je ne veux surtout pas évoquer pour Noël.

Il y a une raison pour laquelle je n'ai programmé que des activités en extérieur. Et c'est la même raison qui m'a fait privilégier des destinations froides voire glaciales. La tentation. Je ne résiste difficilement au corps d'une femme. Hazel met mes nerfs à rude épreuve, d'abord par sa stupide règle qui fait qu'elle refuse par définition tout contact physique. Mais aussi par son charme naturel, elle est désirable, excitante et elle ignore à quel point.

Notre voyage en Laponie ne se passe pas comme prévu. Je me retrouve coincé avec elle dans la même chambre, et qui plus est à est à enchaîner des têtes à têtes à moitié dénudé. Il me tarde que ce séjour prenne fin.

***

Pour notre deuxième noël ensemble je l'ai donc amené donc en Laponie. Cette année, je prévu du chaud. J'espère qu'Hazel appréciera... Personnellement, je me languis d'avance. Même si je sais que je vais me faire du mal.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant