Chapitre 27 Mister Klaus

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Mes journées sont longues. Comme à chaque fois que je suis trop songeur, que les soucis m'empêchent de dormir, je n'ai qu'une solution. Je me plonge à corps perdu dans le boulot. Il m'est de plus en plus compliqué de rentrer à la maison, en sachant que Diane m'y attend. Cette vie de famille n'est pas pour moi. Je ne l'ai pas choisie, je la subie. Diane, en parfaite hôtesse de maison, a transformé mon antre, mon sanctuaire, en quelque chose d' « accueillant », de familial. Et j'en souffre. Le ventre de Diane s'arrondit de semaine en semaine, et elle est de plus en plus rayonnante. Ses envies de sucré, en particulier les cookies au chocolat, l'ont lui donné quelques rondeurs, aux joues et aux cuisses. Elle n'en reste pas moins désirable. Alors que moi je dépéris. Je passe mon temps à chercher des excuses plausibles à mon absence. Et puis aussi, à notre manque de contact physique. Depuis son annonce fracassante dans le chalet, j'ai été incapable de coucher à nouveau avec elle. Je sais que je ne la remettrais plus enceinte, mais je bloque. Alors j'invente des histoires, la fatigue, la peur de faire mal au bébé. Et Diane l'accepte. Pour le moment. Je sais que cela ne durera pas.

Mon téléphone vibre d'un coup. C'est Ethan. J'hésite à prendre son appel depuis mes cauchemars. Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, de peur qu'il découvre toute la vérité sur Hazel et moi. J'ai laissé sonner dans le vide une première fois, mais il insiste. Sa ténacité a eu raison de ma curiosité :

- Allo ?

- Connor ?

Sa voix est enjouée. Je respire, il ne sait rien.

- Tu es au boulot ?

- Oui, pourquoi ?

- Je voulais passer te voir, tu as une minute ?

- Toujours pour toi fils.

- Cool. J'arrive, j'ai une surprise.

Une surprise, cela me fera du bien. J'ai besoin de sourire en ce moment, même si je ne sais pas si j'y arriverais.

Quelques minutes après son coup de fil, trois petits coups discrets se font entendre à la porte de mon bureau. Une tête dépasse, puis une deuxième.

- Salut Connor, regarde qui est venu avec moi !

Hazel. Si je m'y attendais ! Je ne m'attendais pas à ce qu'elle reste avec lui après lui avoir livré mes sentiments. Et vu comment elle avait réagi. Effectivement, c'est une belle surprise. Hazel se tient devant moi, plus magnifique que jamais.

- Hazel ! Quelle surprise ! Rentrez les amoureux !

Et voilà que je parle comme Diane. Je me lève de mon bureau, serre mon fils dans mes bras et me place en face d'elle, prenant soin de garder mes distances :

- Comment vas-tu Hazel ?

- Bien. Mieux. Je reprends doucement du poil de la bête.

- Oui, Haz a commencé une thérapie, rajoute Ethan

- Je suis ravi pour toi. Ravi pour vous. Ça te fera du bien, après tout ce que tu as traversé, lui-dis-je. Et qu'est-ce qui vous emmène ici ?

- Et bien... un service. Pour Haz.

- Bien sûr. Qu'est-ce que je peux faire pour vous, pour toi ?

- Tu m'as dit que tu cherchais une assistante administrative suite au départ de Sabrina.

- Oui...

- Et j'ai pensé à Hazel.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Je ne m'attendais pas à un tel service. Tu penses très mal, mon fils. Ce n'est pas un service que tu me demandes. Me mettre sous le nez la seule femme avec qui je ne dois pas être, est une torture. Je ne lui rends ni service à elle, ni à moi..

- Hazel, répétais-je doucement...

- Je sais, elle a très peu d'expérience, mais cela peut être temporaire.... Juste lui remettre le pied à l'étrier

Je lâche un profond soupir d'exaspération. La dernière fois que j'ai écouté les conseils de mon fils, j'ai mis sa mère enceinte malgré moi.

- Et qu'est-ce que tu en penses Hazel, lui demandais-je

- Je... Je...je pense que cela me ferait du bien de reprendre un boulot.

Sa réponse me surprend. Je pensais qu'elle aurait opposé un refus définitif, mais elle ne semble pas réfractaire à l'idée. Tout en sachant ce que cela implique pour elle comme pour moi. Cohabiter avec nos mensonges. Revivre nos souvenirs. Espérer que cela ne dérape pas une fois de plus. Que cette putain de tension sexuelle entre nous se taise enfin.

- Ok, on peut essayer. Je t'attends lundi à 08h30.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant