Chapitre 32 Mister Klaus

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- Connor, on peut se voir ce midi ?

Ethan a sollicité un rendez-vous avec moi. Il était très énigmatique dans son message. Il n'a jamais été très loquace, un peu comme moi, mais le ton de sa voix m'interpelle. Est-il au courant ? Y-a-t-il de l'eau dans le gaz entre Hazel et lui ?

Mais quand je le vois arriver au restaurant, mes soupçons se sont éteints, il a un sourire radieux. Il se positionne en face de moi

- Tu prends quoi à boire, c'est moi qui invite ?

- On fête quelque chose ? lui demandais-je curieux

- Ça se peut.

Par précaution, j'opte pour quelque chose de fort, un double whisky.

- Alors, on porte un toast à quoi, ne me fais pas languir ?

En guise de réponse, Ethan glisse sous mon nez une petite boite noire en velours. Les battements de mon cœur commencent à s'accélérer. Je devine la suite mais je n'ose pas y croire

- Qu'est-ce que c'est ? demande-je à Ethan.

- C'est pour Hazel, ouvre.

J'hésite. Je m'enfile une bonne rasade juste avant de découvrir une bague certie de diamant. Je failli, mais Ethan décide de m'achever. Je devrais avoir l(habitude de ses annonces fracassantes, leur couple, la grossesse d'Hazel, celle de Diane, mais je n'y fais jamais.

- Je vais la demander en mariage.

Je regarde Ethan qui attend visiblement une réaction de ma part. je suis censé dire quoi ? en tant qu'amant qu'Hazel, bien sûr que je lui déconseillerai de s'unir. Les arguments sont nombreux et imparables : Il est encore jeune, et sa promise en aime un autre. Mais en tant que père, je reste plus subjectif. Je dois puiser au fond de moi des arguments pour le rassurer, je suis même obligé de le féliciter, lui, mon rival. On marche sur la tête.

- Je pense que tu fais le bon choix. Hazel est une jeune femme exceptionnelle. Tu as de la chance et elle a encore plus de chance de t'avoir.

Ethan est ému, et rassuré. Je ne sais pas où j'ai le courage pour prononcer ces phrases comme l'inspiration pour le rassurer. Je ne sais pas qui est aux commandes tout là haut, mais je le maudis intérieurement. J'ai l'impression d'être une vulgaire marionnette et que ma vie est son terrain de jeu.

Je me plonge dans le menu à la recherche d'un repas léger. A vrai dire, je n'ai plus faim. Cette annonce m'a coupé l'appétit.

- Tu as prévu une date pour les fiançailles ?

- Oui, j'ai prévu une surprise. J'ai invité maman, ses copines, et toi si tu es libre.

Je ne veux pas y être, mais j'y serais. Je redoute déjà ce moment. Diane y sera. Nous ne sommes pas parlés depuis que je lui ai confessé aller voir ailleurs.

- Il faut que te dise à ce propos...ta mère et moi on est un peu froid. Rien de grave mais...on n'a plus les mêmes attentes. Ça coince pas mal à vrai dire.

- Je m'en doutais que vous vous étiez disputé. Elle est super irritable en ce moment

- Mais cela ne change rien pour le bébé. Nous serons toujours là pour toi, pour lui, mais séparément.

- On ne peut pas avoir que de bonnes nouvelles... J'aimerais te demander une dernière chose.

Vas-y achève moi, pensais-je au fond de moi

- Dans la mesure où Hazel n'a pas de parent et en imaginant qu'elle accepte ma demande en mariage, j'aimerai que tu l'accompagnes jusqu'à l'autel.

Je regarde mon verre qui est vide. Je vais devenir fou si ça continue. Je ne peux plus continuer.

- Bien sûr fils..

En quittant le restaurant, j'ai été pris d'un malaise. Toutes ces émotions m'ont déstabilisé. Je me suis accroupi à une ruelle et j'ai rendu tout ce que j'avais consommé. Mon whisky, ma daube de porc. Et plus encore. Ma rancœur, ma tristesse.je me suis relevé, essuyé la bouche et passé au boulot. Je sais ce qu'il me reste à faire. Je n'ai plus le choix désormais.

C'est de loin la pire pause déjeuner de ma vie. Elle n'a duré que deux heures, mais j'ai l'impression d'avoir pris dix ans dans la gueule. Je ne contrôle plus rien désormais. Je me fais fracasser de tous les côtés, et je n'arrive plus à esquiver les coups. Lorsque je vois Hazel assise à son bureau, j'ai l'impression que mon cœur saigne. J'ai du mal à sourire, je n'ai pas envie de parler.

- Elle était bien ta pause déjeuner ? Tu m'as manqué tu sais...

Elle attend une réponse de ma part, mais je suis incapable de lui rendre la pareille. Ou même de lui montrer le moindre signe d'affection. Cela ne sert plus à rien désormais.

- Oui, marmonnais-je. Tu peux venir s'il te plait dans mon bureau.

J'ouvre la porte de mon antre, Hazel me talonne. Alors que je m'assois et essaie de me détendre, je sens Hazel qui s'asseoit sur moi. J'observe son visage, ses traits fins, son regard est tendre, dénué de fausseté. Alors que je m'apprête à la poignarder. Elle passe une main dans mes cheveux.

- Tu as des cheveux blancs maintenant. Tu le savais ?

Oui, je me fais vieux, merci de me le rappeler. Ce n'est pas la vieillesse, tu sais, mais les soucis.

- Je te trouve tendu... Qu'est ce qui passe ? Je connais quelque chose qui va te détendre...

Hazel a beaucoup changé depuis sa première fois. Elle est maintenant sûre d'elle et très entreprenante. Ce qui en temps normal, ne me dérange pas. J'aime lorsqu'il y a du répondant en face, cela m'excite. Elle est loin la jeune fille que j'ai déflorée. Je saisis son poignet au moment où elle entreprend de déboucler la ceinture de mon pantalon. Dans un effort surhumain, je force Hazel à se relever. Elle me tance d'un regard noir, visiblement vexée :

- C'est quoi ton problème Connor ? Pourquoi tout est compliqué avec toi ? On avance de deux pas ensemble pour mieux reculer de cinq en arrière. Pourquoi tu es si distant, je croyais que tu me voulais

Oui je te veux Hazel. Plus que tout. Mais je ne peux pas. Je ne peux plus lutter. Je me rapproche d'elle, saisis son visage entre mes mains et lui lance :

- J'arrête. J'arrête tout. C'est au-dessus de mes forces.

Elle me repousse, choquée par mes propos :

- Qu'essaies-tu de me dire ?

- Toi et moi, ce n'est pas possible.

- C'est Diane ?

- Non... Tu mérites mieux.

Hazel se met à rire :

- Ne me dis pas ce que je dois faire, ni qui je dois aimer, c'est toi que je veux et personne d'autre.

- On ne sera jamais heureux ensemble et tu le sais.

- C'est vraiment ce que tu souhaites ?

- Oui...

Je m'attendais à plus de discussion houleuse, je m'étais préparé ce qu'elle me gifle, pleure, hurle. Mais comme la dernière fois dans cette chambre, elle se retient. Elle se contente de tourner les talons et claque la porte en sortant.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant