Je ne sais pas si c'est la tristesse, la colère, ou le mélange des deux, mais sur le coup, plus rien n'importe à mes yeux, encore moins Ethan, ni Diane. Les conséquences, je m'en fiche. Je veux juste me sentir vivante. Et il n'y a qu'entre ses bras, que je me sens renaître. J'ai envie d'un corps à corps bestial, brutal enivrant, qui pourrait mettre nos douleurs derrière nous une bonne fois pour toutes. J'en ai marre de nos silences, de nos non-dits. Je me doute qu'il souffre autant que j'ai souffert. Nous n'avons jamais reparlé de nos retrouvailles, jamais évoqué cet énorme quiproquo qui nous ait tombé dessus, ou juste parlé tous les deux en toute franchise de cette fausse couche. Nous n'avons personne à qui en parler, à qui se confier sans être jugé, personne qui pourrait nous comprendre. J'ai envie qu'il se mette à nu, tout comme je meurs d'envie de lui exprimer ce que je ressens.
Il prend une profonde respiration et d'un coup, sans crier gare, il commence à déboutonner sa chemise. Lentement. Bouton après bouton. Mais plus il se dévoile devant moi et plus je regrette de l'avoir provoqué. Ses yeux brûlent à nouveau de désir, mais il y a autre chose en plus cette fois, ils sont plus sombres. Ils sont animés par la colère. Un léger frisson de peur me parcourt l'échine, à mesure qu'une veine se dessine sur son front et sa tempe. Je n'aime pas ce que je lis dans son regard. Cette fureur qui lui parcourt le corps. Il devient extrêmement tendu. D'un geste soudain, il m'agrippe par les cheveux et approche ses lèvres le plus proche de mon oreille :
- c'est ce que tu veux ? c'est vraiment ce que tu veux ?
Je suis incapable de répondre, tétanisée. Ni par un simple mouvement de tête, ni en émettant un oui ou un non. Sans attendre ma réponse, il me retourne contre son bureau, me mettant dos contre lui. Je l'entends descendre sa braguette, je sens ma jupe s'affaisser à mes pieds. Connor marque une pause, juste quelques secondes qui me semblent interminables.
- Tu n'as qu'un mot à dire et j'arrête.
Je me retourne à nouveau pour le défier. Reprendre le contrôle. Il n'a pas le courage d'affronter mon regard, moi si. Je ne me pensais pas capable de parler aussi crûment, d'avoir de tels désirs. Mais face à Connor, je me sens capable de tout. Je me hausse sur la pointe des pieds et me penche à mon tour vers son oreille :
- Prouve-le-moi.
Connor d'un geste brusque entreprend d'enlever ma culotte et se presse contre moi. M'enveloppant la taille, il me soulève d'un bras et me pose sur son bureau. J'écarte mes cuisses lui permettant de se glisser en moi avec une dextérité impressionnante. Les préliminaires sont obsolètes, les marques de tendresses futiles.
- Hazel. Oh Hazel...
Je l'entends gémir mon prénom avec une émotion vive dans la voix. je peine à me raccrocher à son bureau pour ne pas tomber. Ses assauts sont violents, vigoureux et beaucoup plus engagés que notre première nuit. Je sens les larmes couler le long de mes joues, mais je ne peux pas m'en empêcher. Je ne veux pas qu'il m'entende, je ne veux pas qu'il arrête.
Je me sens sale. Je me sens laide. Coupable d'avoir perdu mon enfant. J'ai envie qu'il me pardonne. Comme il se pardonne tout ce qui est arrivé. Il lance un cri rauque et se retire, s'affaissant par terre. Impuissante, je regarde Connor prostré près de son bureau. Il lance un regard dans ma direction :
- Je suis désolé Haz. Désolé.
Je m'agenouille près de lui et le prends dans mes bras.
- Moi aussi...
J'ai attendu qu'il se calme, que la violence du choc soit passé pour lui parler à nouveau :
- Maintenant qu'on est plus sous contrat, j'aimerai savoir ce qui te ronges autant. Tu as l'air brisé Connor. Et quelque chose me dit que ce n'est pas seulement le fait d'avoir abandonné ton fils qui te rends si soucieux.
Connor me regarde, les poings serrés. Il tente de se fermer à nouveau.
- Hazel, je ne peux pas. Ce que j'ai fait est trop horrible.
- Pardonne-toi Connor. Quoi que tu aies pu faire, je suis convaincu que tu n'es pas un monstre.
Les secondes s'égrènent, et laissent place aux minutes... avant que Connor ne prenne enfin la parole.
- La nuit... la nuit où Diane m'a annoncé être enceinte, j'ai vrillé. J'ai déconné. J'ai pris la voiture de mes parents et dans ma fuite, j'ai causé un accident. J'ai été déclaré coupable d'homicide. Involontaire car j'ai tué malgré moi. Ils m'ont envoyé dans un centre de détention pour mineurs, car j'avais quinze ans au moment des faits. J'ai pris pour quatre ans. Pour avoir enlevé la vie. Ma peine n'est rien par rapport à ce que j'ai fait. Quand je sorti du centre, j'étais majeur. Je n'ai pas eu la force de recontacter Diane. Ni mes parents. Je me suis convaincu que je les avais déçus. Je n'étais pas le fils dont mes parents avaient rêvé, ni un exemple pour cet enfant, je n'étais pas le petit ami idéal pour elle. Je me suis évanoui dans la nature. Je me suis construit tout seul, j'ai bâti mon empire. Et je me suis renfermé sur moi, j'ai érigé une carapace, une armure. Que tu es la première à avoir fissuré.
Mon cœur se serre. Je n'aurais jamais imaginé déterré de tels démons. Je comprends mieux pourquoi il se refermait dès que j'évoquais sa vie personnelle.
- Du coup, depuis que je t'ai rencontré, je n'ai qu'une idée en tête. Réparer mes erreurs. Tu m'as prouvé que je pouvais être quelqu'un de bien. J'ai engagé un détective privé pour retrouver les victimes collatérales Je voudrais avoir leur pardon pour passer à autre chose.
- Tu as eu un retour ?
- Non, c'est compliqué visiblement. Tant que je n'aurai pas retrouver ces personnes, je ne pourrai jamais vraiment dormir sur mes deux oreilles...
- Ça ne fait pas de toi un monstre pour autant Connor. Tu as payé pour ce que tu as fait. La justice t'a condamné... et cela ne change rien à la façon dont je te vois... Si tu dois aller au bout de ta démarche pour trouver la rédemption... et bien je te soutiens. Fais ce que tu as à faire...
Connor se relève, et se rhabille. Son visage se referme, il renfile son armure, revêt sa carapace.
- Pour répondre à ta question Hazel, si j'ai décidé de t'embaucher, c'est juste pour oublier. Essayer d'oublier. C'est arrivé en pleine période de Noël. J'y pense toute l'année. J'en fais des cauchemars. Mais à chaque Noël avec toi, j'arrive à mettre mon cerveau sur pause.

VOUS LISEZ
Mister Klaus
RomanceQui est ce mystérieux personnage que l'on surnomme Mister Klaus, cet homme d'affaires séduisant qui vit reclus dans son loft luxueux ? Et qu'a-t-il à cacher ? Qu'adolescent, en essayant de fuir ses responsabilités, il a commis un crime indicible...