Chapitre 38 Mister Klaus

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Mia et Sissi se sont éclipsés sans même me regarder. Je ne leur en veux pas. La situation est extrêmement tendue. Et ça ne risque pas de s'arranger. Pas avec la bombe que je m'apprête à lâcher.

Hazel se tient devant moi, prête à en découdre. Elle garde ses mains posées sur ses hanches et me fixe d'un air réprobateur. Damn ! Qu'est-ce qu'elle est belle dans cette robe. Qu'est ce j'aime son air mutin.

Concentre toi Connor. Tu ne dois pas flancher. Pas aujourd'hui. Tu n'as pas le droit.

Je n'aurais pas cru qu'elle aille aussi loin pour me punir. Parce que c'est de ça qu'il s'agit. Même si elle affectionne Ethan, je sais pertinemment que ses sentiments à son égard sont bien moins forts que ceux qu'elle ressent pour moi. J'ai brisé son cœur, à deux reprises, mais la flamme, elle, ne s'est jamais éteinte. Je peux la lire dans son regard. Je l'ai ressenti à chacun de nos ébats. Dans chacune de nos disputes. Nos conversations.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es venu me convaincre de renoncer ?

J'aimerais être là pour ça. Je sais, en toute modestie, que je n'aurais pas grand-chose à dire pour la faire faillir. Je serre mes poings et repense à cet appel que j'ai reçu il y a un mois. Il ne faut pas que je cède. Il faut que j'affronte ma destinée pour changer. Je me racle la gorge pour me donner une contenance.

- Non Hazel. Comme je te l'ai dit, c'est fini entre nous. Je ne reviendrais pas sur ma décision. Pas cette fois ci. Si je suis là, c'est que j'ai promis à mon fils d'être là. Pour toi.

Putain ! Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui ai prononcé ces mots. Je pense tout le contraire.

- Je ne comprends pas.

Elle recule. Ses bras pendent le long de sa robe à présent. Elle a compris que je ne venais pas à la confrontation. Je ne cherche plus à la récupérer. Elle ne s'attendait pas à ça. Je peux sentir sa déception à sa voix moins hargneuse, plus faible. Ses yeux se plissent, suspicieuse. Je tente de la rassurer, de lui expliquer.

- En l'absence de ton père, je me dois de t'accompagner jusqu'à l'autel.

C'en est trop pour elle. Elle revient à la charge, en colère :

- Tu n'es pas sérieux ? Tu te rends compte à quel point cette situation est comique ? L'homme de mes rêves, celui dont je suis éperdument amoureuse depuis qu'il a posé ses yeux sur moi, m'accompagne à l'autel pour me marier à un autre. On croit rêver. Je n'ai pas besoin de ton aide Connor... Je me débrouillerais sans toi...

Ne me dis pas ça Hazel. Je n'ai pas le choix....

- Je t'aime aussi Hazel, mais c'est compliqué

- Arrête de me dire que tu m'aimes ! Tu ne vois pas que ça ne change rien. Ton amour ne nous sauvera pas... Parle moi je t'en prie Connor ! Qu'est-ce qui nous empêches d'être ensemble ?

Elle me tend une perche, m'ouvre la porte à la confession. La dernière confidence. Je tombe à genou devant Hazel, épuisé. J'ai attendu ce moment depuis longtemps, en ignorant que je devrai le faire devant la femme de mes rêves.

- Qu'est-ce que tu fais Connor ? Relève toi bon sang

- Je te demande pardon Hazel. J'implore ton pardon.

Ma voix étouffe un sanglot.

- Relève toi Connor...

Hazel me supplie. Mais je ne l'entends pas. Je décide de lui raconter ma version de l'histoire. Une version complète cette fois-ci. Celle que m'a livré l'enquêteur que j'ai embauché. :

- La nuit où... la nuit où Diane m'a annoncé être enceinte, j'ai vrillé et j'ai fait une connerie.

- Je le sais Connor, tu me l'as dit. Pourquoi tu me reviens dessus ?

- Laisse-moi parler Hazel je t'en prie... Cette nuit-là, j'ai pris la voiture de mes parents. Et j'ai roulé. Comme un fou. Je n'ai pas vu la voiture qui arrivait en face à vive allure. A son bord, un homme, une femme. Les conditions étaient mauvaises, le sol glissant, il y avait de la brume partout...... je ne roulais pas dans ma voie. Le conducteur en face à voulu m'évité. La voiture s'est encastrée contre un arbre. J'ai prévenu les secours mais je n'ai pas réussi à sauver. Je n'ai pas réussi à leur porter secours...tout ce sang.

- Connor... arrête de te faire du mal

- C'est moi qui suis désolé Hazel. Cette voiture... c'était celle de tes parents.

- Quoi ? Qu'est ce tu racontes ?

Hazel commence à réaliser, elle porte sa main à sa bouche pour dissimuler son effroi. Sa panique. Elle recule d'un pas...

- Le détective que j'ai engagé m'a rappelé. La femme à bord du véhicule s'appelait Kelly

- Ce n'est pas possible....

Je me relève et lui fais face. Elle se saisit de l'instant et fonce vers moi, comme une furie. Je ferme les yeux pour ne pas dévier, esquiver. Ma joue prend feu presque instantanément. Les yeux d'Hazel sont dévorés par les larmes et en dessus la colère y brûle encore.

- Ne me dis pas que c'est à cause de toi que je suis orpheline !

- J'ignorais qui tu étais, je...

Ses poings frappent sans relâche mon torse, alors que les larmes inondent ces joues. Je reste sur mes appuis face à ses assauts répétés. Je n'ai pas l'intention de l'arrêter. Elle a besoin de libérer sa peine. De crier sa colère. Et je mérite sa sentence. Je l'accueille sans la moindre résistance. Au bout de quelques minutes, je l'enserre de mes bras au niveau de ses épaules et la cale contre moi. Je sens son cœur battre à cent à l'heure, son souffle saccadé, ses larmes qui mouillent ma chemise. Je desserre lentement mon étreinte à mesure qu'elle retrouve une respiration apaisée. Hazel se positionne devant moi et me dévisage pendant un instant. Au moment où elle lève la main à nouveau pour me gifler, je la stoppe dans son élan et maintient fermement son poignet.

- Me frapper ne ramènera pas tes parents.

Sa mâchoire se crispe, ses dents se serrent. Hazel me dévisage avec un regard noir. J'ignore si je dois y déceler de la haine, ou si je dois mettre sur le coup de la colère. Elle qui m'a habitué à tant de douceur. J'ai longtemps voulu qu'elle laisse parler ses sentiments, ses émotions. Et maintenant je le regrette.

- Tu es...me lance-t-elle

- Un monstre ? Maintenant je suis un monstre à tes yeux ?

Hazel s'éloigne de moi et se positionne près de la fenêtre.

- Toutes les décisions que tu as prises Connor... Fuir Diane parce que tu avais peur d'être père. Me fuir parce que tu avais peur de m'aimer. Mentir à ton fils parce que tu avais peur de sa réaction. Toutes tes décisions, ta lâcheté...nous ont plongé dans le chaos. Tu sèmes la désolation et la peine dans ton sillage...

- Hazel je...

- Je ne suis plus sûre de connaître l'homme qui se tient devant moi. Je ne suis plus sûre de mes sentiments pour toi Connor.

Mon cœur se brise, mes bras tombent. Hazel a raison sur toute la ligne. J'ai merdé il y a vingt ans et je n'ai pas changé depuis ce temps. J'ai été lâche. J'ai laissé la peur m'envahir, me dicter mes actes. J'ai fait du mal à toutes les personnes que j'aimais et à qui je tenais. J'aurais dû rester cloîtré comme un reclus. Il n'y a rien à ajouter. Je tourne les talons. Puis entends la voix d'Hazel, faible mais grave en même temps :

- Si tu veux obtenir mon pardon, on va la jouer selon mes règles.

Je me retourne, n'osant pas trop croire qu'elle daigne encore m'adresser la parole :

- Je suis prêt à tout...

- Tu vas commencer par dire la vérité. Finis les mensonges. Terminé le double jeu. Tu vas avouer toute la vérité à Ethan et Diane.

Elle se tourne vers moi et me regarde dans les yeux :

- TOUTE la vérité.

Mister KlausOù les histoires vivent. Découvrez maintenant