Par le trou de la serrure

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Cela faisait à présent trois jours que l'exercice était fini. Les agents dormaient tous jusqu'à tard dans la mâtiné et passaient leurs après midi dehors à jouer dans le lac. Ce matin, Nathan s'était levé tôt, un cauchemar l'avait réveillé, non, plutôt un pressentiment. Il se dirigea vers le centre de mission. Tout les couloirs étaient déserts, aucun agent n'avait le droit d'entrer sans autorisation mais il serait rapide et n'avait pas à s'inquiéter. Il se rendit dans la salle qui avait servi au traitement des donnés de leur mission et entra. Tous les documents étaient encore là, ils avaient dus être épluchés par des agents du MI5 mais tout était resté ici. Ne sachant pas trop ce qu'il cherchait, Nathan entreprit de regarder les différentes cartes qu'ils avaient marqués de punaises, montrant les emplacements des hangars de la banque des cendres. Il alluma aussi l'ordinateur. Il remarqua alors une enveloppe kraft posée sur le bureau.
Je ne devrais pas l'ouvrir, pensat-il, après, c'est peut être important. Non impossible, Mac et Zara ne nous auraient pas caché de choses importantes.
Il se résigna à ne finalement pas l'ouvrir tout de suite. Il éplucha à nouveau les notes qu'ils avaient prises, les photos et les comptes. Rien n'y faisait, il ne trouvait pas ce qui clochait. Il finit par craquer et ouvrir l'enveloppe. Dedans se trouvaient des avis de disparition, et une lettre adressée à Mac et aux agents. Nathan écarquilla les yeux en voyant un des avis de recherche, c'était le visage bien familier d'une touriste qu'il avait connu, Manon.

Courant dans les couloirs, Nathan fila vers la chambre de Paul, ils devaient avoir une conversation. Alors qu'il s'apprêtait à entrer, Nathan entendit des bruits dans la chambre, ce qu'il trouva surprenant, Paul ne se levait jamais avant dix heures en ce moment. Il jeta un œil par le trou de la serrure et vit alors Paul, debout dans sa chambre, en train d'embrasser langoureusement une fille dont Nathan n'arrivait pas à apercevoir le visage.
Ho, ben alors mon petit Paul, sourit Nathan intérieurement. Rhaa mais c'est une urgence la, je peux pas entrer comme ça, mais ça urge.
Il toqua à la porte et fila dans sa chambre. Paul regarda au dehors pour vérifier que personne n'était dans le couloir, puis, ne voyant personne, il fit un signe à la fille dans sa chambre de sortir. Nathan manqua de s'étouffer lorsqu'il vit Flora, les cheveux ébouriffés, sortir de la chambre. Ses deux amis se regardèrent longuement puis se séparèrent.
Trop d'infos. Pleura Nathan au fond de lui, bien qu'il soit très content pour ses amis.
Il attendit deux minutes puis entra dans la chambre de Paul. Ce dernier attendait béat, assis sur son canapé, un sourire de benêt fixé sur les lèvres.
- Nathan, mais qu'est ce que tu fais ici ? S'étonna-t-il après une minute.
- Premièrement, depuis combien de temps ça dure toi et Flora ? Demanda Nathan en pointant son ami d'un doigt accusateur.
- Comment tu sais ça ? S'exclama Paul en se levant d'un bon.
- Je vous ai vu par le trou de la serrure.
- Tu m'espionne ?!
- Non je venais pour une urgence et j'ai entendu des voix.
- Tu n'as pas le droit de faire ça, c'est de la trahison.
- La trahison c'est de m'avoir caché que mes deux meilleurs amis sortent ensemble, de m'avoir mentit.
Les deux garçons se regardèrent dans les yeux longuement. Craignant une dispute comme pendant leur mission, Nathan reprit :
- À la base, je venais pour ça. Dit il en montrant l'avis de recherche de Manon.
- C'est un avis de disparition, venant de St Martin, et c'est daté d'il y a plus de deux semaines. Lu Paul à voix haute.
- Mac nous a caché ça, il vas falloir qu'on aille lui parler. Dit Nathan.
- Non, on est déjà puni, si on apprends qu'on s'est infiltré dans le centre de mission, surtout toi moi je n'ai rien fait, on est mort de chez mort. Le stoppa Paul.
- Il nous a caché des éléments de notre mission. Argumentât Nathan.
- Notre mission est terminée. Rappela Paul.
- On doit aller le voir.
- Non.
- On doit aller le voir, on doit aussi s'assurer que Léon va bien.
Cette fois, Paul ne répondit pas. Lui aussi s'inquiétait pour Léon, surtout qu'il devait être paniqué depuis que des touristes étaient enlevés.
- Laisse moi une heure pour réfléchir, de toute façon, Mac ne sera pas dans son bureau huit heures. Dit Paul avant de se rasseoir.

Nathan était énervé, il ne savait pas où donner de la tête, il ne savait pas à qui se fier. Mac leur avait caché des choses importantes et Paul ne valait pas mieux que lui car il lui avait mentit. Les gens avaient des problèmes qu'ils lui confiaient mais il en avait assez de tout ça, il avait besoin d'une coupure. Après avoir parlé à Mac, il s'isolerait quelques jours, il quitterait le campus où trouverait un moyen de s'occuper loin de tout. Ayant une heure et demie à tuer, il se dirigea vers le dojo. Il fut surpris d'y trouver Edouard, un grand blond un peu plus âgé que lui. Il nettoyait les vestiaires a l'aide d'une serpillère.
- Tiens, salut Nathan, comment tu vas ? Demanda-t-il surpris de le voir.
- Ça pourrait aller mieux. Dit ce dernier peu convaincu. Dis, tu voudrais te battre avec moi, j'ai besoin de me défouler.
Édouard fut d'abord surpris, mais accepta la requête de son cadet. Il ôta ses lunettes et monta sur le tatami. Les deux garçons se firent face, garde haute, et le combat commença. Nathan fut surpris par la vitesse avec laquelle Edouard enchaînait les coups. Il ne parvenait pas à répliquer, il ne se contentait que d'encaisser. Édouard fit un pas de côté, afin d'atteindre la hanche de Nathan, encore fragile de son accident quelques jours plus tôt. L'adolescent y vit un moyen de riposter, il se baissa et lui donna un fort coup de paume au niveau du sternum. A a peine deux mètres l'un de l'autre, les deux agents se toisèrent puis plongèrent à nouveau dans le combat. Édouard tenta de ceinturer Nathan, mais se dernier esquiva en se baissant. Profitant d'être au sol, il lança ses jambes et enserra le buste du blond. D'un ample mouvement de bassin, il le mit au sol. Mais son aîné attrapa l'épaule du garçon et le fit rouler à son tour. Le combat était violent, les deux adversaires rivalisaient à force égale. Si Nathan pouvait jouer sur son physique et sa force brute, Édouard était bien plus expérimentée et rapide. Le combat prit fin lorsque, dans une faille de Nathan, Édouard enroula un bras autour de son cou. Il passa dans son dos et l'immobilisa par un étranglement.
Nathan tapa trois fois sur son bras pour signifier qu'il abandonnait.
- Hé ben, c'était un sacré combat. Applaudit Édouard essoufflé.
- Ho, tu m'as battu facilement. Dit Nathan en s'asseyant.
- Loin de là mon bonhomme. Sourit le garçon. Tu vas me dire ce qui vas pas où je vais poireauter pendant 15 ans ?
- Bah, je m'occupe trop des problèmes des autres et à force ça m'atteint un peu ou ça se retourne contre moi, et ça m'agace.
- Ne t'en mêle plus.
- C'est dur, j'aime parler au gens, j'aime écouter et donner des conseils, c'est ce que je suis, je peux pas arrêter et changer du tout au tout.
- Hé bien que veux tu que je te dises, confie toi à eux aussi. Ne t'enferme pas en encaissant les problèmes des autres, tu vas juste te noyer.
Nathan lâcha un rire amère, froid. Il avait vu beaucoup de gens couler, et il s'était toujours considéré comme un garçon assez fort pour éviter la noyade. Pourtant il était là, peinant à maintenir la tête hors de l'eau.
Il s'assenât deux violentes claques. Reprends toi Nathan, ce n'est pas toi, tu ne t'apitoie pas. Se dit il en se relevant. Il allait avoir une conversation avec Mac.
- Aïeuh. Dit il en se frottant la joue.

CHERUB : La banque des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant