La Pagotte

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L'aube pointait à l'horizon lorsque les deux silhouettes filèrent dans les rues encore sombres. Vêtus de vêtement de course pour passer inaperçu, Paul et Nathan suivaient un objectif précis, retrouver John, l'homme aux cheveux poivre et sel du bar. La mission de démantèlement de la banque des cendres était extrêmement différente de ce à quoi les garçons étaient habitués. Contrairement aux missions classiques, ils ne pouvaient intégrer l'organisation qu'ils avaient l'intention de détruire. Aussi, l'obtention d'informations était d'autant plus compliqué qu'ils devaient se limiter à traîner avec les enfants et être le plus discret possible. Ne pas faire partie de l'organisation était très limitant et le fait qu'ils soient là pendant les vacances les rendaient suspects potentiels pour n'importe quel vol et intrusion.
Les deux agents se postèrent derrière les poubelles d'une charmante villa dont l'entrée était bordées de colonnes grecques.
- Ugh quels goûts de merde. Grogna Nathan en jugeant des statues en marbre qui trônaient dans le jardin.
- Chuis musclé pareil. Rigola Paul en prenant une back pose.
- Pffff. Souffla Nathan amusé.
Ils restèrent plantés la une bonne vingtaine de minutes sans que rien ne bouge. Nathan fronça les sourcils, d'après les renseignements obtenus par Zara, il devait se rendre à une réunion tôt dans la matinée, or il n'y avait pas de mouvement dans la maison. Et si il n'était pas là, si il était partis la veille, tout ça ne servirait à rien. Songea Nathan.
- On fait quoi ? Demanda Nathan sceptique. On peut toujours tenter d'entrer mais si il nous crame on est foutu.
- On peut sonner, pour voir si il est là. Suggéra Paul.
Alors qu'il allait acquiescer, Nathan s'immobilisa.
- Non il connaît nos visages, on aurait pas d'excuse, surtout à cette heure là.
- Ok ben dernière solution, on provoque un petit accident pour qu'il sorte voir ce que c'est. Dit Paul en se frottant le menton, comme en pleine réflexion.
Nathan haussa les sourcils, c'était une bonne idée mais ça risquait de réveiller tout le quartier. Et c'était surtout très dangereux.
Voyant que son ami hésitait et ne voulant pas perdre plus de temps, il se dirigea vers une voiture qui attendait devant une maison. C'était une belle maserati rouge qui avait dû coûter une fortune. Paul s'en approcha et brisa toutes les vitres à grands coups de coude. L'alarme de la voiture, plus stridente et forte que ce à quoi il s'attendait se mit à retentir dans la rue, réveillant instantanément toutes les personnes du quartier.
Paul et Nathan se cachèrent aussi vite que possible et furent rassurés de ne pas être vus lorsque le voisinage, tous en pyjama, sortit pour voir ce qu'il se passait.
Le vieil homme a qui appartenait la voiture vandalisée sortir paniqué et s'effondra devant elle. Il était au bord des larmes.
- Pauvre vieux. Dit Paul avec une pointe de remord.
- Ça vas il est plein aux as et il a de quoi s'en repayer trois de plus. Dit Nathan en se tournant vers la maison de John.
Ce dernier, vêtu chiquement sortit de la maison pour voir ce qu'il se passait. Il jeta un regard dédaigneux à la voiture cassé et quitta son domicile à pied.
Les deux agents attendirent cinq minutes puis s'engagèrent sur ses traces en trottinant pour ne pas éveiller de soupçons. Ils rattrapèrent l'homme assez vite et durent ralentir l'allure.
- On doit vraiment le suivre jusqu'à son lieu de réunion ? Demanda Paul.
- C'est ce qu'a dit Zara, et identifier d'autres membres de la banque des cendres si possible. Compléta Nathan.

L'homme poivre et sel avançait d'un bon pas mais étrangement, il se dirigeait vers la plage. Les deux adolescents suivirent l'homme jusqu'au bar qu'ils avaient l'habitude de fréquenter : la Pagotte.
- Merde qu'est ce qu'il vas faire ici ?!? S'étonna Paul. On pourra pas le suivre sur la plage, on sera cramé immédiatement.
- Non c'est bien, il y a pas mal de monde et on pourra entrer dans le bar si la réunion se tient la bas. Exposa Nathan.
- Tu penses qu'ils prendront le risque de faire une réunion avec des témoins autour ?
- Avec la plupart étant des touristes qui ne parlent pas tous leur langue, je pense qu'ils ne se priveront pas.
L'homme entra dans le bar, aussi, pour ne pas paraître suspects, les deux garçons attendirent un peu. Ils en profitèrent pour faire le tour du bar et vérifier qu'il n'y avait aucun moyen de sortir autre que la porte principale. Ils s'engagèrent dans le bar, presque plein de touristes venant prendre leurs petits déjeuners sur la plage. Les deux garçons prirent une table proche de celle de leur cible. Il était seul pour l'instant. Il avait commandé un café et lisait tranquillement le journal, ne se doutant absolument pas qu'il était suivi. Au bout de quinze minutes, trois hommes entrèrent dans le bar, faisant taire toutes les conversations.
Ils étaient tous trois grand, vêtus de costards sur mesure. L'homme du milieu, un homme aux cheveux grisonnants avec une barbe courte était visiblement l'homme influant du trio. Les deux autres n'étaient là que pour assurer sa protection.
- Qu'est ce que la mafia Italienne fait ici !! S'étrangla Paul.
- Oui, il semblerait que la famille Businello a besoin de nouveau servants. Grogna Nathan en reconnaissant l'homme du milieu.
Xavier Businello, un des hommes les plus influents et les plus recherchés de la mafia italienne se tenait devant eux. Quiconque s'intéresserait ne serait-ce qu'un peu au crime italien en entendait parler.
La mafia Italienne avait été une cible de CHERUB il y a peu de temps mais la mission avait dérapé et finie en fusillade dans les rues de Venise. Depuis, il y avait régulièrement des missions envoyées par le gouvernement mais rares étaient celles acceptées par le comité d'éthique de CHERUB.
L'homme poivre et sel se leva et tendit la main au mafieux, qui ne daignât pas bouger. Le sourire de façade de l'homme de la banque des cendres masquait sa tension. Mais il était terriblement crispé, ça crevait les yeux d'un aveugle. Les garçons craignaient maintenant une fusillade dans la Pagotte. Le barman lançait des regards méfiants aux hommes, il hésitait à prendre l'arme qu'il cachait derrière le comptoir et se tenait prêt à réagir si les choses dégénéraient.
Un contrat fut posé sur la table par le mafieux aux cheveux gris. John le lu attentivement, en silence. Une sorte de dialogue silencieux s'engagea alors entre les deux hommes, ils se fixaient droits dans les yeux. Poivre et sel écrit quelque chose sur le traité et le rendit à Xavier.
Ce dernier leva un sourcil et parut amusé. Avec un rictus sur les lèvres, il se leva et dit lentement d'une voix râpeuse.
- Les conditions édictées sont les seules possibles si vous voulez faire affaire, vous avez trois jours pour répondre.
Puis il partit. Il s'arrêta un instant à la table des deux agents qu'il dévisagea assez intrigué. La mâchoire de Nathan se contracta sous la pression que mettait le mafieux, et Paul n'en menait pas vraiment plus large. Tous deux avaient envie de courir le plus vite possible, mais bouger signifiait mourir. L'homme partit finalement au bout d'une petite minute. Lorsqu'il quitta le bar, les deux garçons s'autorisèrent à respirer. Ils jetèrent un regard à John qui était en transe.

Les deux garçons quittèrent le bar précipitamment. Paul entreprit de photographier les mafieux et le véhicule qu'ils avaient utilisé pour venir. Pendant ce temps, Nathan composa le numéro du campus.
- Garage Unicorn Tyre j'écoute. Dit l'agent de liaison.
- Agent 097, j'ai un message à transmettre au MI5. Dit Nathan.
- Je t'écoute Nathan.
- Il faut mettre la famille Businello, de la mafia italienne sous surveillance. Ils ont conclut un accord avec la banque des cendres.
- Je met une note à Mac, autre chose ?
- Je ne sais pas ce que contenait cet accord mais ils ont mis une certaine pression, j'espère que ça finira pas en bain de sang.
- Très bien, on vous rappelle des qu'on a une réponse.
Sur ce elle raccrocha. Paul l'attendait, assis dans le sable, pour regarder la mer.
- Quelle aventure. Murmura-t-il
- Ouais, on est pas au bout de nos peines. Soupira son ami.
Ils restèrent ainsi en silence à regarder les vagues s'échouer contre le rivage.

CHERUB : La banque des cendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant