Il est 08h31, un jeudi. Je suis dans la voiture avec Samir qui me dépose au boulot. Des jours sont passés depuis notre conversation sur Mirdjane. Il refuse de me dire de quelle "solution" il parlait la dernière fois, et j'ai juste arrêté de demander pour éviter d'insinuer que je tiens à lui hein. Mais c'est quand-même bizarre : depuis la dernière fois, je croise plus Mirdjane nulle part. Il l'a pas tapé mais l'a direct fait disparaitre, c'est ça ? Bref.
On arrive au Quick, Samir se gare et me regarde droit dans les yeux. Normalement c'est à ce moment-là qu'il me fait un bisou sur le front et que je descends de la voiture, mais là non. Il reste là à regarder mon âme. Hé ah ! Je panique. Mais... Nooon Samir, quand-même ! J'ai envie de vite ouvrir la porte et partir, mais si je fais ça, je serai célibataire avant même d'arriver aux vestiaires. Bon allez, réflex de voleuse encore : je regarde autour et vérifie qu'il y a personne. Je sais vraiment pas ce qui lui prend. Pourquoi il prend le risque qu'on nous voie maintenant ? Ça y est, il s'en fout du mauvais œil et compagnie ? Il sourit jusqu'aux oreilles.
« - T'es bizarre, Samir. Y a des gens autour !
- Oui, oui ! Je sais. Vas-y bon courage. J'essaie de te récupérer après. »Ah d'accord, il en a rien à faire en fait ? Bref, je descends, perturbée mais remarque que personne regardait vers nous. Ça va ! Je regarde la voiture partir, toujours sonnée par son attitude. C'est pas normal. Bon, pas le temps de créer des scénarios, j'embauche dans 10 minutes. On va éviter de donner un motif à Karaba pour crier encore.
Le temps passe lentement, il me reste trois bonnes heures avant la fin de mon service, mais je tiens à peine debout : le checkup mensuel est là ! Mon dos et mon ch'nana sont pris d'assaut. Et j'ai pas de médicament sur moi. Bien sûr que non, vu que mes chers "invités" sont en avance. Ça y est, je commence à expirer de plus en plus fort. Je tiendrai pas une heure de plus, c'est sûr ! Mais on est en plein rush. Je vois déjà les gros yeux de la manageuse fixer mon être quand je lui dirai que je veux rentrer. Cette femme doit avoir de sérieux problèmes dans sa vie pour être aussi aigrie alors qu'elle a à peine la trentaine. Bwi, char' chahé ! Bon, allez, je tiens le coup.
« - Ça va, Halou, me demande Fatou, l'une de mes coéquipières.
- Uhum uhum, fais-je en hochant la tête.
- Eh ! À qui tu veux mentir ici ? Mtss... Moi j'suis ta fille ? Je vois bien qu'ça n'va pas. J'ai d'mandé par politesse ! T'as quoi même ? »Alors que je lui avoue être mal, la manageuse nous tombe dessus. Fatou lui explique donc que je vais bien pas et que je devrais rentrer.
« - On est en plein rush là, Haloua ! C'est pas l'moment de quitter ton poste ! »
Mdr. Héhé ! Si le regard pouvait tuer, tsoka ya Fatou imou véléha kiyama...
« - Attendez un peu, que j'reformule, dit Fatou en mettant son 1m77 face à la manageuse. Elle est malade, MA. LADE ! Et vous vous voulez qu'elle reste là et s'évanouit pour une barquette de frites ? Ça va oui ? Eh Haloua, viens, tu vas t'changer ! »
Ni une ni deux, elle me prend par la hanche et on passe devant la manageuse sans la regarder. Enfin, moi non, mais je suis sûre que Fatou l'a toisée à en retourner ses yeux. Elle est parmi les rares qui tiennent tête à cette... gentille dame souriante que t'as envie de prendre dans tes bras à chaque fois que tu la vois. Moi, tant que kassini nguiya ngouwoni, elle peut crier jusqu'à s'étouffer. Je viens, je fais mon boulot et je pars. Bref, je me change difficilement pendant que Fatou fouille dans son sac pour voir si elle a pas un antidouleur.
« - Ah tiens, voilà. J'me disais bien que j'avais jeté une boîte dans mon sac. »
Je pensais être sauvée mais elle me sort du Spasfon ! Genre y a vraiment des gens sur qui ce médicament fait effet, pour ce genre de douleurs ? Ah non, moi mon ventre c'est un rebelle. Il faut dompter le mal par le mal. Avec quelque chose de bien fort style : Antadys, Ibuprofen, à la limite du Dafalgan ou Doliprane. Mais ça là... J'ai gloussé. Mais vu le trajet qui m'attends, je prends quand-même. Alors que Fatou continue de me demander si je suis sûre de pouvoir rentrer seule, la manageuse débarque.
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Haloua - Moi, mon Nafs et Ramadân
Teen FictionMade in Mayotte (de France) 🇾🇹🇨🇵🍃❄️☀️🌴 Si tu crois au destin, au Qadr, aux plans parfaits d'Allah, je t'invite à lire cette histoire. Il a suffit d'un Ramadan, un seul où Haloua a essayé de faire mieux... [Sourate Al-Baqara (2), verset 185] ...