« – Samir, c'est l'heure, réveille-toi ! »
Je sais que quelqu'un a parlé mais... Il est où ? Je suis en train de rêver, c'est sûr. Je suis dans une forêt bien bien sombre. Je fais le tour de moi-même plusieurs fois, à la recherche d'un côté vers lequel je pourrais avancer... Il fait vraiment sombre, mais bizarrement j'ai pas peur. Je vais avancer juste comme ça, j'sais même pas où je vais. Dès que j'ai fait un pas, un point blanc est apparu à l'horizon. Je m'arrête une seconde puis reprends. Le point grossit. C'est de la lumière. Je me retourne et c'est toujours aussi sombre derrière moi. J'avance et la lumière grossit encore plus. Je me retourne, la lumière n'éclaire pas derrière, c'est bizarre. Je continue d'avancer.
« – Samir, wldi, c'est l'heure... »
Et là une main me tire vers l'arrière brusquement et je me réveille en panique. J'ouvre les yeux sur mon père. Je respire fort...
« – Subhana Allah, tu as fait un cauchemar, ya wldi ?
– J'sais pas, baba... C'était bizarre, dis-je essoufflé. »Il me donne une du'a à réciter puis me demande d'aller me préparer pour Fajr.
Il est 6h03, c'est Jumu'a. J'ai encore beaucoup de mal avec la prière du matin. Mais heureusement que je suis en congé. Mon père quitte la chambre. Je me retourne de l'autre côté du lit et repose la couverture sur moi. Il revient juste 10 minutes après. Il sait que j'ai du mal à me réveiller. Je sors difficilement du lit et me traîne jusqu'à la salle de bain. Je fais ma toilette, fais mes ablutions et rejoins mon père. On sort et marche vers la mosquée. Il marche plus vite que d'habitude. Je l'ai retardé. Qu'Allah me pardonne et récompense sa patience. Je marche la tête baissée. Avant, j'étais pas tranquille quand on sortait à cette heure-ci. Je me disais que quelqu'un pouvait apparaître et nous foncer dessus. Je regardais tout autour jusqu'à arriver à la mosquée. Je me demandais même comment mon père faisait quand il y allait seul, pour être aussi serein. Après j'ai compris qu'on pouvait que faire confiance à Allah. En plus, généralement à part le camion des éboueurs et quelques personnes qui attendent le bus - pour le travail je pense - tous les autres sont des fidèles qui vont aussi la mosquée. Et malgré ça, on est pas beaucoup pour Fajr. Y en a qui n'arrivent pas à dénouer les fameux noeuds de Sheytane sur leur nuque. J'en ferais sûrement partie sans mon père.
Il est 6h31. On arrive et mon père va se préparer pour l'iqama et la prière. Je rejoins deux des frères et fais mes deux rak'ats de salutation. C'est l'une des rares fois où je suis aussi devant. Presque à côté de mon père, à deux rangs près. On est un peu distrait par nos discussions sur le voyage. Mon père commence l'iqama. On se tait naturellement avant de se mettre debout. La prière a commencé et je profite de chaque instant de celle-ci. La sérénité que je ressens, sans parler de la voix de mon père, ça me prend à chaque fois. Je le souhaite à tout le monde.
La prière est finie. Je reste avec mon père comme chaque vendredi - avant d'aller au boulot quand je travaille. On va lire la sourate Al Kahf ensemble une première fois. Après je la lirai seule dans la journée. Je savais pas, jusqu'à commencer les lectures avec mon père, que je fais beaucoup de fautes en lisant. Je respecte pas certaines règles de tajwid, pourtant simples, comme les différences de prononciation entre les lettres qui se ressemblent. À chaque fois que je m'assois pour lire avec lui je découvre de nouvelles règles. Il prends grave le temps de me les apprendre, je suis très reconnaissant. Des fois, il y a d'autres personnes avec nous. On lit chacun un verset jusqu'à finir la sourate. Avant de partir, il fait des invocations et comme à chaque fois, il me demande de faire la dernière invocation. Cette fois-ci je demande à Allah de le récompenser pour sa patience. Il répond à l'invocation en demandant à Allah d'augmenter la mienne. La modestie de cette homme, Allahuma barik.
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Haloua - Moi, mon Nafs et Ramadân
Novela JuvenilMade in Mayotte (de France) 🇾🇹🇨🇵🍃❄️☀️🌴 Si tu crois au destin, au Qadr, aux plans parfaits d'Allah, je t'invite à lire cette histoire. Il a suffit d'un Ramadan, un seul où Haloua a essayé de faire mieux... [Sourate Al-Baqara (2), verset 185] ...