Partie 7 - Échec !

46 7 0
                                    

Trois semaines se sont écoulées. On est vendredi. Maman va mieux. Dieu merci ! Mais maintenant, elle peut plus faire semblant. Maintenant qu'on sait qu'elle fait de l'hypertension, les vertiges, la fatigue, les maux de tête intenses et j'en passe, sont plus évidents. Halidi me parle que pour le strict minimum ou en présence de ma mère. Ça me fait mal un peu mais on va pas arrêter de respirer pour ça hein. Toute façon je sais qu'il assurera toujours son rôle de grand-frère. Même si tout le quartier se dresse contre moi, il sera de mon côté. Ma main au feu ! J'ai d'ailleurs dû passer par lui pour qu'il ait une discussion "d'homme à homme" avec "le garçon aux préservatifs". Mais je lui ai pas dit en face par contre, heureusement y a les textos. Je pense que Nasser m'en veut un peu. Mais eh, son petit corps là n'a pas intérêt à aller faire des bêtises dehors. Je me demande même pourquoi il a voulu acheter ces trucs, sérieux. Il est H24 à la maison. Sa vie c'est les cours, la maison et la Playstation. Ou c'était pour les revendre au lycée ? Arrête, Haloua !

Il est 14h32. Je viens de finir le boulot. Samir doit me récupérer mais il est en retard. J'attends au parking du Quick, assise sur le bord de la place pour handicapés, la tête plongée sur mon téléphone. Je traine sur Insta. Ces derniers temps je vois plein de contenus en rapport avec l'Islam. Ça fait réfléchir et culpabiliser un peu. Je tombe sur des témoignages de reconvertis qui parlent de leur cheminement, leur parcours, leurs difficultés. On se remet vite en question. Moi je suis née musulmane, Dieu merci. Ça doit pas être facile. Mais des fois elles sont plus à fond que moi. Ça c'est désolant.

Je défile et tombe sur un réel avec du Coran en fond - je ne reconnais pas les versets - et différentes images de natures diverses : des lacs d'un bleu prenant, même rose, des montagnes couvertes de verdures, d'autres de neige, des abeilles qui butinent, des animaux que je n'ai jamais vus de ma vie, des couchers de soleil aux couleurs éclatantes, l'espace et ses milliards d'étoiles et ses galaxies, un embryon qui devient bébé, le cerveau humain et ses neurones, les cellules humaines, etc. Les images défilent rapidement puis à la fin, une question apparaît : "Quel hasar peux créer des chose aussi parfaitement fait ? Aucun, ceci peut-être que l'oeuvre d'un Créateur parfait. Allah !". On va passer sur les quelques fautes d'orthographe hein. Je prends un moment et fixe devant moi. Essayant de réfléchir à sa question. Toutes ces choses sont belles et bien faites, c'est vrai. Et dire qu'il m'arrive de douter. Que Dieu me pardonne. Je médite sur rien moi, ou très rarement. C'est grave. Bref, je continue de scroller et entre quelques challenges et trends TikTok qui ont atteri sur Insta, je tombe sur "Ceci est ton signe pour porter le voile". Allez, hop, on ferme Insta ! Je range même le téléphone. Si j'étais fumeuse, j'en aurais roulé une par frustration et pour faire passer le temps.

Je fais que fixer le vide devant moi. Que je le veuille ou non, tous ces "signes" me travaillent l'esprit. Je me demande c'est quand que je vais sauter le pas : me voiler, prier, lire le Coran, etc. J'en suis encore loin, mais est-ce que je veux vraiment y aller ? Um ! D'ailleurs, ce soir, je vais à mon premier concert de mbiwi de ma vie depuis qu'on est arrivés en Métropole - Baco Ali fait une tournée et il sera chez nous ce soir. Nadja kass kiya kass wona ! Sali a refusé d'y aller, ou plutôt, sa mère a refusé qu'elle y aille. Parce que, ah oui, je vous ai pas dit, elle a reçu une demande en mariage depuis les Comores et sa mère essaie de préserver son image avant la rencontre avec son futur fiancé. Lol. Oui, son mec d'ici a été mis en stand by. Le pauvre ! Parce que bien sûr sa mère le connait pas et... Longue histoire !

Ah, enfin, Samir est là. Il arrive et se gare à côté de moi. J'attends à l'extérieur qu'il vienne me "chercher", mais il sort pas de la voiture. Bon. Je me lève et vais monter. Je m'assois, dépose mon sac à mes pieds tout en le regardant. Il sourit timidement. Je pose un bisou sur sa joue, qu'il est censé rendre de n'importe quelle manière vu qu'on se cache plus. Mais... Euh... Vent du Mistral ! Mdr.

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant