Partie 2 - Jour de mariage

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Il est 07h13, dimanche. J'embauche dans 7 heures encore, mais il y a pas moyen de dormir dans le calme : Vwa taharaki mwendzé. Je sors du lit, enveloppée de mon plaid, et marche vers ma porte, la tête dans le ... J'ouvre un peu la porte et me prends une claque de chaleur et de bruit assourdissant : il y a de la musique à fond dans le salon, des marmites qui volent de mains à mains, des voix de femmes qui rient et crient dans tous les sens. Mais ? J'espionne ce qui se passe dans le couloir sans sortir un doigt. Je comprends pas. Mais il se passe quoi là ? Il y a de bonnes odeurs qui sortent de la cuisine, je vois des têtes que je reconnais même pas. C'est l'Aïd ? Bon, je dois me réveiller là... Mais j'ai trop la flemme, mon Dieu ! Et puis zut hein, moi tant qu'on me dit rien et qu'on me dérange pas, je m'en fous. Je continue d'espionner encore un peu quand ma mère apparaît à l'entrée. Mon temps de réaction a été trop lent. J'ai la gueule de bois ou quoi ? Juste avant de claquer la porte, le regard de ma mère a croisé mon oeil. Ça y est, la grasse mat' est finie ! Je retourne au lit et espère qu'elle soit trop occupée pour venir me réveiller. Je l'entends pas frapper à la porte juste après : ouf ! Je retourne dormir.

Finalement, elle m'a laissé dormir qu'une heure de plus avant de venir toquer énergiquement à la porte. Bon, allez ! Je ressors du lit avec un mal de tête et vais ouvrir la porte.

« – Gégé Bouéni, me demande-t-elle, contente de m'avoir réveillée.
Kwéz', Ma.
Navoné ! Wawé kou songuéha, bwi ! Tout ce bruit là, kouss' ja wa jouwa amba trini aou trini  ?
– ... »

Elle parle mais sa voix est à l'autre bout du couloir dans ma tête. Je suis pas réveillée, maman ! J'ai les yeux fermées alors elle toque à la porte pour me réveiller. Je sursaute et souffle d'agacement. Que Dieu me pardonne.

« - Sabou, t'as pas oublié les mafunguidzo de Famida aujourd'hui ?
- Les quoi de qui ?
- Mafunguidzo ya Famida ! En plus, aka hou lalika et tu vas même pas la voir. C'est pas sympa ! »

Mais hein ? De quoi elle me parle et c'est qui Famida ? Elle me laisse pas le temps de demander et retourne dans la cuisine. Famida ? Famida dhé mbani ? Je ferme la porte et traine les pieds vers mon lit et m'affale encore. Je prends mon téléphone, guette mes notifications et suis surprise de pas avoir encore reçu de message de Samir. Puis je me souviens qu'on est dimanche et surtout qu'il est trop tôt. Je continue de trainer dans les notifications... Puis :

« - Ewalaaa, Famidaaa, me suis-je souvenue. »

Je viens de voir le rappel de mon calendrier : "Mafunguidzo petite Famida 🤍". C'est ma petite voisine du dessous, adorable. Elle a trois ans de moins que moi et elle se marie déjà. Oui oui. Na wam raha tsa vani ! J'avais complétement zappé son hlel. Comment ai-je pu ? En plus elle était venue elle-même me l'annocer, toute contente et insistante pour que je sois là. Argh ! Genre je suis obligée de me lever pour de vrai cette fois ? Non pas qu'elle le mérite pas, mais vas-y c'est dimanche quand-même. En plus je bosse après. Je souffle d'exaspération puis quitte le lit. Je file en douce sous la douche et reviens porter mon plus beau boubou. J'attache mes cheveux en chignon bas puis attache un foulard. Hors de question qu'ils prennent les odeurs de la cuisine là-bas pour aller souffrir au Quick encore. Je rends mon visage potable avec un peu de crayon noir dans les yeux, du baume à lèvres et de la crème solaire puis sors de la chambre. Je fais l'erreur de vouloir passer me prendre un verre de jus dans la cuisine... Mais vraiment, quelle erreur ! Bêtise !

« - Haloua, prends la marmite là et donne-la-moi stpl ! Après prends les oignons là et tu donnes à Tata Latufa dans le couloir ! Attends, touille un peu la viande sur le feu là, sinon elle va brûler en dessous ! Vérifie que le feu n'est pas trop fort aussi ! Oublie pas les oignons ! »

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant