Haloua - Moi, mon Nafs et Ramadân

Partie 9 - Parents

Il est 00h02. J'arrive devant la porte du bâtiment. J'ai pas le badge et la porte est fermée alors qu'elle est tout le temps ouverte. Super ! Je sonne chez moi. Je vais réveiller ma mère, j'aime pas ça. Samir attend avec moi. Il dit rien. On s'est pas parlé de tout le trajet. Il aurait pu mieux se finir ce date. C'est une bonne chose son voyage d'un côté, je sais. Mais je sens que ça va vraiment augmenter le fossé entre nous, alors qu'on se rapprochait. Aargh ! Ça me fatigue déjà. Et j'ai froid wesh ! Je continue de sonner, en serrant mes bras autour de moi.

« - T'as froid ?
- Hm... »

Il enlève son pull et me le tend. Je regarde le pull, le regarde lui puis me retourne vers l'interphone.

« - Tête de mule ! T'as froid ... »

Il me tourne vers lui et me force à mettre son pull. Mignon ? Wouhou, il y a son parfum dessus. Je meurs. Je pensais que c'était que dans les films ça. Je jubile mais je me retiens de le montrer. Il hoche la tête de gauche à droite. Bon, personne répond en haut et je veux plus forcer. Je fais quoi ?

« - Le badge est chez toi ?
- Oui normalement... 'fin ça dépend...
- De quoi ?
- ...
- Hé wawé, Haloua ! »

Eh !

« - Quoiiii ?
- Ça dépend de quoi ? Tu veux dormir dehors ou quoi ?
- Pourquoi pas ?
- Commence pas stpl, dit-il en baissant la voix.
- Ouais... »

Il est fâché, il est gonflé... Ça dépend de si Halidi est rentré ou pas. Mais c'est mort, je vais pas l'appeler. Il retourne à sa voiture, s'assoit la porte ouverte, un pied dedans et l'autre dehors. Il prend son téléphone et appelle quelqu'un. Ça répond pas mais il continue d'insister. Il appelle qui à cette heure-ci ? Je le rejoins et lui demande qui il est en train d'appeler. Il m'ignore la tête baissée, en train de jouer avec ses lacets. J'essaie de jeter un œil sur son écran mais j'arrive pas à voir. Alors je force.

« - T'appelles qui, Samir ?
- Attends... »

La personne a décroché.

« - Ouais, allô ! ... Ouais, ca va, mec ? ... Ouais, tranquille, tranquille... Non oklm, t'inquiète. J'te réveille ? ... Ah ouais, désolé mec... Ouais ouais tranquille, y a rien. C'est juste qu'on est en bas avec Haloua et la porte du bat' est fermée... Non, personne répond chez elle... Stpl, ça serait cool d'ta part... Azy, attends deux secondes, qu'on se mette devant l'interphone. »

Il se lève et m'esquive pour aller devant la porte.

« - Mille trois, t'as dit ? »

Il sonne chez je sais qui et on nous ouvre. Il raccroche et cale son pied devant la porte en attendant que sa chiante de meuf arrive.

« - Merci, dis-je
- Uhum... De rien. Tu peux garder le pull aussi.
- J'allais pas t'le rendre.
- Tss... Vas-y rentre bien.
- Ouais, toi aussi. »

Je me décale alors pour passer devant lui et rentrer dans le bâtiment. Il me bloque... Bref.

« - T'es pas bonne pour ma santé mentale, tu sais ça ?
- Euh ... »

Je suis censée le prendre comment ça ? Et lui alors ?

« - J'te dépose demain matin, in shaa Allah.
- T't à l'heure tu veux dire ?
- Oui voilà...
- Uhum... In shaa Allah.
- Vas-y, rentre bien, Amira.
- Toi aussi. Et sois prudent stpl.
- Reçu, cheffe. »

Je serre un sourire. Il pose un bisou sur mon front et s'en va. Je le regarde partir puis vais prendre l'ascenseur.

Il est 00h33. J'ai les clés de la maison alors j'arrive devant la porte et ouvre au ralenti comme une voleuse. J'avance et retrouve Halidi affalé sur le canapé comme un mort. Mais comment il a pas entendu sonner ? Bref. Je rentre dans ma chambre, charge mon téléphone puis vais faire ma toilette. La pensée de savoir que Samir va être loin de moi aussi longtemps me quitte pas. Il me manque déjà.