Partie 20 - Doutes et surprises

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Il est 16h33, vingtième jour du Ramadan. Les jours passent tellement vite. Koumi la mwisso déjà. J'ai mis de la viande sur le feu et suis venue m'asseoir au salon.

Je traîne sur le net, à la recherche de réponses, des réponses qui rassurent et apaisent mon cœur. Depuis le début de mon checkup, plutôt, depuis la prière de la dernière fois avec ma mère, je suis bombardée de DOUTES. Sur Dieu, sur l'Islam, sur le Coran, sur le Prophète... Salallahu'alayhi wa salam... Même en disant ça je me sens archi mal, je me sens hypocrite. J'ai des sautes d'humeur accentuées par mon état. J'ai peur de mes pensées. Je tombe dans la mécréance ? J'ai perdu le peu de foi que j'avais ? Astaghfirullaaaah. Pourquoi ? Alors que je commençais à cheminer vers Allah petit à petit. Après avoir perdu celui que je considérais comme l'amour de ma vie à cause de sa pratique religieuse, c'est quoi le prochain message ? Tout allait bien jusqu'à cette prière. Ça devrait être l'effet inverse non ? Pour ce qui est du rêve : piouf ! Disparu. À la place, je fais des rêves bizarres, presque flippants. Mirdjane n'a pas réussi à trouver qui que ce soit pour m'éclairer. L'imam lui a tout simplement expliqué qu'il y avait trois types de rêves : ceux venant d'Allah, ceux causés par les nombreuses pensées sur le sujet ou ceux venant du Sheytane. Alors le Diable est en train de me jouer des tours ? Lâche ma veste, non ! Je traine d'article en article, de vidéo Youtube en vidéo. Google : est-ce que Dieu existe ? Je vous jure, je fais des recherches mais je suis pas tranquille. Et si je mourais là tout de suite ? Je tombe sur de longs articles qui vont dans tous les sens. Des vidéos d'Athés ou encore de Chrétiens qui me disent que Dieu est un humain : Jésus. Ou bien des scientifiques de je sais pas où qui disent que tout est arrivé par hasard... Le doute se creuse et les questions sont nombreuses. Je pense pas que c'est la bonne méthode de recherche. Je continue de chercher, des larmes menacent de couler. J'ai peur. Malgré ces doutes je continue de dire "astaghfirullah". Genre, au fond, j'accepte quand-même pas qu'on me dise que Dieu n'existe pas. Ou c'est parce que j'ai peur...

« - Haloua, oukadza ch'trou bakoniiii, crie ma mère depuis sa chambre. »

Je sursaute. La viande ! Laaaah... Je me lève et cours jusqu'à la cuisine. Elle a failli brûler. Il reste plus beaucoup d'eau dedans. Ma mère va me défoncer. Une envie de pilao nous a prises aujourd'hui. J'avais une seule chose à faire et je l'ai raté. Ça me fait rire. C'est ça les retombées de douter autant d'Allah hein ? Astaghfirullah. Après sa prière ma mère me rejoint dans la cuisine.

« - Wouyi voudzou ?
- Euh ... Non, fais-je nerveusement.
- Hum... Vavo wawé vo koi founga, wagnaho na wa lé mboidza. »

J'étais sûre qu'elle allait me la sortir encore celle-là. Depuis que je jeûne pas, elle en fait un chengwé. Bon, je mets des oeufs à bouillir aussi. Alors, si même ça je réussis à brûler...

« - Même ça tu pourrais brûler. Ganga la mtroumché comme toi là... Kayna mana ! »

Je suis morte de rire. On a pensé pareil. Je sors la salade, tomates et compagnie pour faire l'accompagnement. Je laisse ma mère faire le pilao. Je pourrais jamais rivaliser avec son pilao, aucunes prétentions là-dessus. J'essaie même pas. Bref.

Il est 18h56. Je finis de décortiquer les oeufs. Mon téléphone sonne. Je vois pas l'écran d'ici, mais ma mère si.

« - Hum... Wassaliya tsawo, dit-elle après avoir jeté un oeil sur l'écran. »

Je m'approche et vois que c'est Mirdjane. Je suis plus étonnée que ma mère. Je la fixe comme si c'était son téléphone. J'hésite à répondre. Ça fait quatre jours que je l'ai pas entendu. On a échangé des messages mais vraiment vite fait, et ça me dérangeait pas, perso.

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant