Partie 5 - Un autre prétendant ?

72 11 0
                                    

Je me réveille tranquillement ce matin. J'ai dormi tôt la veille, ce qui est rare. Ma soirée avec Maria m'a fait du bien et m'a permis d'oublier Samir. Bhé ta lini ? J'ai juste eu besoin de déverrouiller mon téléphone et de voir le nombre de messages laissés par les filles, pour me souvenir de lui. Elles veulent une mise à jour de la situation. Sauf que même moi je l'ai pas, en fait. Monsieur m'a toujours pas envoyé de message ni rien. Soit il se fait désirer ou il se réjouit de son potentiel célibat avec la fameuse co-utilisatrice des préservatifs. Beurk ! Ça me dégoûte. Bref... Bah, vas-y, on verra qui craquera en premier.

Il est 7h11. J'enfile une veste et sors de la maison. J'embauche dans moins d'une heure. Je dois vite attraper le bus. Normalement, en ce lundi d'ennui et de manque de motivation pour aller travailler, Samir me dépose. Argh ! Il va lâcher mon esprit lui. Je descends de l'ascenseur et croise ma petite voisine et son mari. À en juger par les valises et les sacs qu'ils traînent tous les deux, elle doit être sur le départ. Elle part enfin de chez elle, avec son mari. Qu'ils sont beaux ! Ça fait rêver - Samir !

« - Tu pars sans dire au-revoir, Fami. C'est pas gentil, lui ai-je lancé en retenant la porte pour qu'elle passe avec sa grosse valise. »

Elle fait une mine triste en avançant. Son mari retient la porte et elle vient vers moi.

« - J'suis désolée, Haloua. C'était pas prévu que j'parte comme ça... Et j'ai pas osé venir chez toi de si bon matin ...
- Mais non, t'inquiète je t'embête, dis-je en la prenant dans mes bras. T'as pas besoin de te justifier. T'es mariée maintenant. Son pied, ton pied hein, dis-je en regardant son mari qui me sourit. »

Et je le pense sincèrement. Pour moi, à partir du moment où t'es mariée, t'as plus d'explications à donner à qui que ce soit d'autre sur tes faits et gestes, à part ton mari - ou ta femme. Je la garde quelques secondes contre mon cœur, puis me souviens de mon bus.

« - J'dois y aller... Prends bien soin d'elle stpl, dis-je en m'adressant à son mari. »

Je fais la bise à Famida et quitte le hall d'entrée en trottinant. J'ai le cœur nostalgique maintenant. Je déteste les au-revoir, les adieux. Appellez ça comme vous voulez, je déteste ça. Mais je suis sincèrement heureuse pour elle et je l'envie même, d'un côté. J'aimerais moi aussi partir avec mon mari. Mais déjà que celui que je considérais comme mon futur m'a fait déchanté, alors... J'en suis loin encore hein. Ah, le bus ! Il va partir. Il a mis son clignotant. Je cours et arrive à temps devant la porte côté chauffeur. Ouf ! Je l'ai eu.

« - Merci, dis-je au chauffeur avant d'avancer vers le fond du bus. »

J'ai à peine le temps de m'agripper à une barre qu'il démarre et part de plus belle. J'ai mes écouteurs aux oreilles, mais j'écoute rien pour l'instant. Je circule sur Instagram. Comme j'écoute rien, je peux entendre les voix des deux filles à côté de moi, qui ont l'air bien intéressées par moi hein.

« - Si, dhé wayé, dit la plus grande.
- Non, sur la photo, aka moudou.
- Bass valé amoudou bhé. Juste un peu plus claire. C'est le froid... »

Je me force à pas psychoter et me dire qu'elles sont en train de parler de moi. Mieux vaut je mets de la musique.

« - Krkrkrkr. Amba Mirdjane ako fa valé... »

PARDON ? Je me retourne et bloque un regard meurtrier sur la plus jeune qui vient de sortir ces mots. J'ai coupé leurs rires.

« - Laaaah, akiya, fait-elle en mettant sa main devant sa bouche, détournant le regard. »

Ah mais vous gênez pas pour moi, hein ! Elles se taisent et je les entends plus. Je pense qu'elles doivent être en train de tséma par texto maintenant. Finalement, elles descendent du bus avant moi. Mais c'est qui ces deux là, qui m'associent à Mirdjane surtout ? Sûrement l'une de ses petites amoureuses lycéennes, la plus jeune là ! C'est comme ça qu'il les aime. Pff ! J'ai pas la tête à ça. J'arrive au boulot et prends un moment au parking à résister à l'envie d'appeler Samir. C'est dur, très dur. Mais je cède pas et rentre me changer.

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant