Partie 28 - Surmonter l'épreuve

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Trois mois. J'ai passé TROIS PU... DE MOIS à repasser cette histoire en boucle dans ma tête, TOUS LES JOURS. Trois mois à remplir ce journal, pour trouver les cases manquantes. Pendant ces trois mois j'essayais de comprendre où j'avais fauté. J'essayais de déchiffrer la leçon, le message derrière cette histoire. Trois mois à me battre contre mon Nafs, mon âme, pour me convaincre qu'il y avait sûrement un bien derrière cette épreuve. Trois mois que je combattais les wasswass, les insufflations sataniques, pour pas croire qu'Allah me détestait c'est pour ça qu'Il m'avait laissé vivre tout ça. Trois mois que je faisais semblant d'aller bien alors que j'avais le cœur en mille morceaux. Trois mois à essayer de pas insulter chaque mec que je croisais dehors. Plus rien n'avait de sens. Tsika mori tsi zimiha oumoni !

Il m'a fallu un bon mois de faux sourires et de "il va bien" lorsqu'on me demandait comment allait Mirdjane depuis qu'il était parti en formation, alors que j'en savais absolument rien et que tous les soirs je pleurais dans ma chambre en étouffant mes pleurs. Ni ma mère, ni sa mère, ni mes frères, ni Sali, personne connaissait la vérité. Jusqu'à ce que ma mère m'attrape en train de pleurer dans la salle de bain et là j'ai dû tout déballer. C'est la seule chose que j'avais exigé de Mirdjane avant de lui dire de disparaitre de ma vie : de tout faire pour que cette histoire ne remonte pas au quartier avant un moment, de rien dire à sa mère encore parce que j'étais pas prête à assumer la suite. Il me devait bien ça. Faire de moi la risée du quartier encore ? Ça pouvait bien attendre un peu. Ma mère était allée parler à sa mère trois jours après m'avoir chopé. Elle voulait me parler aussi mais j'ai pas pu. J'assumais pas qu'elle vienne s'humilier pour son ... de fils encore. J'ai dû la croiser deux fois de loin, au quartier sur ces trois mois. Je me demandais si la nouvelle avait déjà tourné. Mais même si c'était le cas, je savais que mes frères s'occupaient des mauvaises langues...

Je sais même pas c'est quoi qui m'avait le plus déçu : le fait qu'il ait traité cette meuf comme un vulgaire objet en lui prenant ce qu'elle avait de plus précieux et puis venir m'épouser après ; ou que je n'aie pas suivi mon instinct en laissant tomber lorsque je le sentais pas pour après me retrouver désarmée. Ou j'aurais dû me battre pour lui ? Quand-même pas non. Si la famille de la meuf voulait qu'il aille l'épouser, c'était son droit ! Et j'aurais été mais la plus grosse des c... si j'avais sorti la carte de "on est déjà fiancés, j'sais pas quoi". Je me suis mise à la place de la meuf, j'ai eu mal pour elle. Ça a dû la troubler d'apprendre qu'une autre allait être honorée à sa place. Qui sait tout ce que Mirdjane lui avait promis pour qu'elle fasse ce qu'elle a fait ?!

J'ai été trop naïve et je me le pardonnerai jamais. J'y avais cru hein, que j'allais enfin pouvoir être heureuse avec lui. J'y ai cru lorsqu'il m'a dit qu'il avait changé. Je pense même que la seule chose de vraie dans tout ça c'est qu'il allait commencer à être réglo. Mais comme n'a pas arrêté de me chanter Maria : "Ce sont les plans d'Allah !". Mais vraiment à ce moment-là, j'aurais bien aimé avoir une carte de ces plans, mon Dieu !? J'étais à terre... Moilaaangou ! J'avais cette rage envers mon cœur et cette faiblesse de m'attacher aussi facilement et de rechercher constamment de l'affection.

Nadja avait essayé de me le dire pourtant. Qu'il n'était pas clean pour moi... Peut-être qu'il aurait fini par retomber dans ses vieilles habitudes ? Qui sait ? Pfffff... "Nadja" ! Je savais pas que les chagrins amicaux pouvaient être aussi douloureux. Je l'ai haï tellement fort sur ces trois mois. Tellement fort que j'avais plus d'insultes en stock. Mais à un moment j'avais plus l'énergie. Je me fatiguais pendant qu'elle faisait sa vie... D'ailleurs, elle s'est mariée à son Ayane six mois après, soit dit en passant. J'ai dû la croiser peut-être trois fois au quartier et à aucun moment on s'est parlé. Elle a essayé de m'inviter à son nikah en passant par Sali mais franchement... Amani yangou ! J'avais déjà un cœur à réparer en amour, en plus des dommages collatéraux qu'elle y avait laissé en amitié. Alors aller faire semblant... non ! Je lui souhaite rien du tout clairement, ni amour, ni peine. Juste qu'elle reste loin de moi ata ilayhi tourdjaoun. Et dire que j'étais fière en mode moi je suis la meuf "bien", j'allais bientôt me marier et elle allait rester là avec ses relations hors mariage. Quelque part en acceptant de me fiancer malgré tout à Mirdjane je pensais la piquer... Vraiment, l'orgueil est un poison ! Et l'avenir c'est pas nous qui le contrôlons ! Je me croyais mieux qu'elle et puis voilà, Allah m'a montré que c'est pas moi qui décide.

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant