Partie 22 - Décisions

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Il est 22h24, lendemain du foutari. Je viens de finir de prier 'icha. Ma deuxième prière de la journée avec Maghrib. Tellement j'ai le moral à zéro, je voulais rien faire. Que Dieu me pardonne. Je ressens encore la lourdeur de la soirée d'hier. J'ai le cœur lourd et l'esprit perturbé. Ma mère n'aide pas, mes frères s'en foutent un peu. Mirdjane essaie tellement pas d'influencer ma décision qu'à part me demander si je vais bien, on discute pas. Bref. Je suis en appel vidéo avec Sali. On avait tellement de choses à se dire. Elle met un peu de joie dans ma vie : ils ont fixé la date de ses fiançailles et discussion au jour de l'Aïd. Elle a tellement hâte et moi aussi d'ailleurs... Même si j'arrive pas trop à le montrer.

« - Meuf, peut-être que tu veux juste pas te marier ! Peut-être c'est pas vraiment Mirdjane le problème...
- Mtsss... J'sais pas, Sali. Peut-être c'est encore trop frais, oui...
- Mais on en a toujours parlé et tout... Depuis que t'as eu ta licence tu parles de mariage... Ou c'était juste... Samir ?
- Ouais. Mkini...
- Ça t'arrive de penser à lui depuis ?
- Ces derniers jours, beaucoup oui. Tu sais c'est bizarre...
- Quoi ?
- Comme si en fait mon cœur n'acceptait pas la rupture et que si je disais oui à Mirdjane... Bah, c'est comme si je trompais Samir. J'te jure je le sens comme ça...
- Arrête ! Sérieux ?
- J'te jure !
- Mais du coup vous êtes plus rentrés en contact depuis...
- Non.
- Genre même pas un petit message ou un appel masqué ?
- Non. Rien. Nada, meuf...
- Um... Et t'as encore vos photos et tout ?
- ...
- Halouaaaa...
- Bah ouais j'les ai encore... Mais je regarde rien... 'fin peut-être une fois. Mais j'ai pas envie d'effacer.
- Tu vas vivre dans le passé, frère. Lâche ça !
- ...
- Si vraiment c'est ce qu'il voulait, il t'aurait contacté d'une manière ou d'une autre. Tu sais, on sait.
- Et s'il attend que ce soit moi qui le fasse ?
- Ohooo ! »

C'est vrai, j'ai dû regarder nos photos peut-être deux fois maximum. Mais sans forcément déprimer. Juste me remémorer les bons moments. Enfin, "les bons moments"... Astaghfirullah. Mais j'ose pas effacer. Peut-être qu'en disant oui à Mirdjane je le ferai, mais là... Je me mens à moi-même. Sali continue de me dire d'effacer tout ce que j'ai avec Samir et de bien réfléchir pour Mirdjane.

« - J'ai envie de te croire, vraiment. Qu'il a changé et tout, mais... Dis toi juste qu'il a un passé et... Si t'arrives à accepter que tout ce qui s'est passé avant que vous vous remettez ensemble c'est du passé, bah vas-y, meuf... Moi je te suis tant que ton cœur est en paix, wallah.
- Tu sais j'ai l'impression y a un truc que vous me dites pas... Parce que ok il a un passé, mais comme moi, comme toi, comme tout le monde en fait. Moi je m'en fous des aventures qu'il a eu avant... Genre vraiment... C'est pas comme si c'était un de tes exs ou de Nadja... J'sais pas...
- ... Mouais !
- D'ailleurs elle, elle peut vraiment pas se le faire. C'est pire qu'avant...
- Tu m'étonnes...
- Ouais mais faut doser, wesh. On dirait elle veut absolument pas que je finisse avec lui... »

Silence. L'appel se coupe : elle a reçu un double appel de son futur fiancé apparemment. Bon... Voilà je me retrouve encore seule à réfléchir. Maria vient de m'envoyer un rappel sur Laylat ul Qadr. Elle fait ça depuis le début des dix derniers jours, tous les jours. Et à chaque fois je vais relire la traduction de la sourate, mais sans plus. Je reste un moment à fixer le mur : Samir ? Mirdjane ? Samir ! Mirdjane ! Pourquoi il est revenu dans l'équation l'autre là ? J'ouvre Snap et rentre dans mes memories, puis dans les snaps cachés. Ini dossier ! C'est fou ce que j'étais heureuse et surtout insouciante. Je m'en foutais un peu que ce soit interdit ou pas. Enfin, on s'en foutait tous les deux et jamais j'aurais pensé que ça allait s'arrêter. Mais comme le dit souvent Maria "ce sont les Plans d'Allah, le Qadr" et peut-être que sur le long terme j'allais me prendre un mur... Tsiji ! En vrai, je dis ça pour me rassurer. J'ai envie de pleurer rien que de me rendre compte que je devrai tout effacer. C'est presque deux ans de vie quand-même. Je vais déprimer encore ? Je l'aimais à en mourir ce mec. C'est grave !

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant