Partie 19 - L'appel

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« – Haloua, crie une voix derrière moi. »

Je cours, sans me retourner. Je suis essoufflée mais je ne peux pas m'arrêter, je suis une dame devant moi. Elle m'emmène en lieu sûr, loin de cette personne qui me poursuit. J'ai vraiment mal aux côtes. Je suis essoufflée, je n'en peux plus.

« – Haloua, je n'te veux pas de mal, attends, continue la voix derrière. »

Ouais c'est ça ouais ! Je cours encore plus vite et essaie d'attraper la main de cette dame devant moi. Je cours, cours, et cours mais j'arrive pas à attraper sa main. J'ose pas non plus me retourner. Mon Dieu, c'est quoi ça ? On arrive devant la porte d'un genre d'entrepôt, la dame devant rentre et alors que j'allais rentrer aussi, la porte se referme brutalement. Ça y est, wafati ! C'est ma fin. Tsi fouuu ! Je me mets à frapper la porte de toutes mes forces, mais la femme dedans me parle même plus. Wallah, je flippe. Je suis tétanisée, c'est sûr que c'est mon jour. Bon, comme ça va rien changer à ma situation de toute façon, je me retourne lentement vers la voix derrière moi. Je me retourne les yeux fermés mais même comme ça, je sens cette sensation bizarre dans mon coeur : mon coeur bat encore plus fort, mais moins de peur. J'ouvre les yeux et là : waou, j'en reviens pas ! Cette femme est juste d'une beauté éclatante, éblouissante. Je vois pas clairement son visage à cause du soleil qui se couche derrière elle, mais elle rayonne plus que lui, c'est sûr ! J'essaie d'avancer vers elle, mais mes pieds sont collés au sol, j'arrive plus à bouger. Alors c'est elle qui s'avance vers moi, lentement mais sûrement. Elle tient quelque chose entre ses mains, on dirait un livre. Mon Dieu, je sais pas ce qui va m'arriver mais j'ai envie de parler à cette femme. Aucun mot n'arrive à sortir de ma bouche. Elle avance en me tendant le livre : je le regarde et la regarde, en alternance. Et plus elle s'approche plus j'ai comme une envie de pleurer, mais pas de peine ou de peur, plutôt de soulagement. Comme si j'ai besoin de lui parler, de prendre ce livre. J'en ai vraiment envie ! Je tends la main pour attraper le livre, on me tire brutalement dans le bâtiment :

"Bip bip, bip bip, bip bip..."

Encore ce rêve, mon Dieu ! Je suis en sueur, je respire fort et puis voilà, j'ai mal à tête. Cinq jours que je fais le même rêve toutes les nuits. Je sais qu'il veut dire quelque chose et ça me fait peur de connaître le sens. J'ai très peur mais j'ose en parler à personne. La dernière fois que j'ai fait ce rêve, j'avais pas remarqué le livre. À chaque rêve, une autre scène se rajoute. Je vais pas bien, vraiment pas. Vite, faut que je me calme. Je décide de mettre du Coran. Là, y a pas moyen que je mette de la musique. J'ai trop peur. Mais attends, il est 5h03. C'est même pas mon réveil qui a sonné là. Le mien est dans une heure. Est-ce qu'il y a un réveil qui a sonné déjà ? Ça y est, masséra !

J'envoie un message aux filles pour leur raconter mon rêve. Y a que Sali qui est réveillée. Il est 7h là-bas. Nadja n'a même pas reçu le message encore. Elle éteint sa connexion tous les soirs, pour économiser des données. Bon, jugez pas hein, vous savez pas ! Je discute un peu avec Sali qui me raconte son Ramadan là-bas : ils vont faire des mafutarchiyo chez eux aujourd'hui. Et son futur fiancé est invité. Houchou ! Mdr. Bon, même si ça m'a distrait pour un moment, j'arrive toujours pas à oublier le rêve. Il fait grave sombre mais je vais aller manger, tant que j'y suis. Je passe vite fait aux toilettes. Je suis en train de me laver les mains : j'entends un bruit dans le couloir. Léwo ! Je sors lentement sur la pointe des pieds.

« – Hé ch'tsoi !
Aaaaah, mamaa, ai-je crié. »

Elle sourit et se retient de rire. Mais quelle mère fait ça ? Elle m'a fait peur après elle rigole.

« – Maa, tu m'as fait peur, lui dis-je en retenant des larmes.
Haya, baadi, dit-elle en souriant. »

Je la regarde et continue de retenir mes larmes sans rien dire. C'est la goutte de trop. Déjà j'ai fait un rêve bizarre et elle vient, elle me fait sursauter comme ça. Mon cœur va lâcher.

Haloua - Moi, mon Nafs et RamadânOù les histoires vivent. Découvrez maintenant