CHAPITRE 17 : Pourquoi.

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LUNE

Hôpital de Yorkville. Une semaine plus tard.

Les jours passés étaient étranges.

J'ai commencé la rééducation de mes jambes. Trois semaines plongée dans le coma ont fait que j'ai presque dû réapprendre à marcher, sans compter cette grosse entaille sur ma cuisse. Mais mes blessures cicatrisent bien.

Isaac ne me quitte jamais des yeux bien longtemps. Comme si il avait peur que je disparaisse. Il prends ses douches à l'hôpital et c'est étrange car il a des vêtements différents à chaque fois, je n'ai pas cherché à savoir comment, ce qui m'intéresse c'est qu'il reste avec moi.

Je reprends doucement mes forces, il y a des jours où ça va, je me sens bien et j'ai l'impression que je pourrais déplacer des immeubles. Il y en a d'autres où je suis tellement fatiguée que tout ce que je peux faire c'est pleurer et m'apitoyer sur mon sort.

Ces jours là, je suis reconnaissante qu'il soit là, car il ne me blâme pas, il m'aide à me nourrir, il m'aide à me changer sans porter de regardS jugeurS sur mes tâches, dans ces moment là je veille à ne jamais tourner le dos, de peur qu'il voit les cicatrices que mon père m'a laissé. Il m'aide à me lever, il discute avec moi même quand je dis n'importe quoi à cause des sédatifs trop puissants, il me tient la main d'une poigne puissante et rassurante.

Il m'aide à tenir.

En quelques sortes il reste froid, distant, secret, il garde sa carapace et je ne sais pas pourquoi... Pourtant... la nuit lorsque je tends le bras et que je lui demande de dormir avec moi il ne dit jamais non. Quand je me rapproche de lui pour sentir sa chaleur, il ne me repousse jamais. Quand je lui demande quelque chose il ne faillit jamais à le faire.

Il m'a acheté un nouveau téléphone, je ne sais pas comment il a fait ni comment il l'a même obtenu, mais j'ai le même numéro qu'avant. Lorsque j'ai vu ça j'ai pleuré car ça m'a rassurée. Si ma famille tente de me joindre, je pourrais répondre.

Mais maintenant il me manque quelque chose, l'attente n'est plus soutenable. Rester dans cette bulle c'était géniale, mais je dois repartir dans la réalité maintenant. C'est pour ça que j'ai pris mes béquilles, et que je suis actuellement entrain de traverser les couloirs sombres de l'hôpital pour sortir d'ici sans l'autorisation du médecin.

Mon ventre et ma jambe me lancent mais avec les béquilles ça devrait aller. Le vent souffle dehors alors j'ai pris le gros blouson d'Isaac.

Au moment où je prends le tournant à l'angle du couloir, j'aperçois une infirmière de nuit passer avec son charriot de soins, je me plaque aussitôt contre le mur pour attendre qu'elle s'en aille.

Dès que la voie est libre, je me précipite en direction des portes coulissantes, je boîte mais je reste impressionnée par ma rapidité malgré la douleur et le stress.

Encore quelques pas et j'y serais, béquilles à la main je m'empresse de terminer ma course et d'arriver dans l'air froid qui règne en maître. Je ne sais pas pourquoi je suis étonnée de constater que les lampadaires ne sont pas allumés. On dirait une vieille ville fantôme. Certains arbres sont arrachés mais on voit bien que l'espace a été arrangé, on pourrait presque croire que l'ouragan n'est pas passé par ici.

-Et tu vas où ?

Sa voix trainante et profonde me surprend tellement que je manque de perdre l'équilibre, il me rattrape au dernier moment, comme d'habitude.

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