LUST

CHAPITRE 20 : Cours et ne te retourne pas.

LUNE

Dans le sous-sol de la résidence des Suttler. 01:12

Je soulage ma gorge avec l'eau contenue dans la gamelle pour chien qu'on me dépose tous les deux jours depuis quatre semaines maintenant.

On ne me laisse pas me laver ou me brosser les dents. Je fais mes besoins dans un pot. J'ai les mêmes vêtements que lorsque je suis arrivée ici. J'ai extrêmement froid, je dors à même le sol.

Mes blessures me font terriblement mal.

Ils me tabassent à toute heure de la journée et je sais, je sais que dans trois minutes, la grille va s'ouvrir et Kyle va arriver. Le soir où ils m'ont kidnappé, Ryan m'a tabassée et brisé une côte. Ils ont fait venir un médecin, il m'a soigné. Les soirs d'après ils ne m'ont plus posé de questions mais ils m'ont affamée. Au bout de quatre jours, j'ai eu droit à du pain sec et cette gamelle d'eau. Au bout de sept jours, les interrogatoires ont recommencés. Je gardais la même version à chaque fois, « je n'ai rien entendu, je voulais juste voir à quelle genre de soirée ma mère allait ». Au début, Kyle ne s'en chargeait pas lui même. Ryan le faisait. De temps en temps c'était sans violence. Ils attendaient que je me remette de mes blessures. Je me suis alors dis qu'ils avaient peut-être peur de me tuer. Je me suis accrochée à ça de toutes mes forces. Mais mes espoirs ont commencés à s'amenuiser lorsque la troisième semaine Kyle est revenu et a commencé à me noyer à chaque "mauvaise réponse". Je préférais les coups de Ryan, mais un soir alors qu'il m'a plongé la tête dans l'eau un peu plus longtemps...

Il s'est produit un phénomène étrange.

Je me suis souvenue.

Ce jour là, le 18 octobre, le jour de la tempête, le jour où j'ai tout perdu, il y a trois mois maintenant. Je me souviens.

Isaac.

Il me cherchait, il... il a pris soin de moi, il m'a sauvé, je revois ses yeux inquiets plein de... larmes ? Pour moi. Il m'a fait des bisous dans les cheveux, sur les mains, sur le front, les joues. Il m'a porté... il m'a dit qu'il ne me laisserait jamais partir, qu'il ne me laisserait jamais tomber.

C'est ça, respire mi angelito.

Je respire pour toi Isaac. Je tiens pour toi.

Je me souviens. Je me souviens de tout. Quand on est sorti de l'univerisité en ruine ce jour là, il a marché des kilomètres et des kilomètres à pieds, avec moi dans ces bras, il m'a parlé, m'a rassuré, m'a promis que j'allais m'en sortir, qu'il ne m'abandonnerait jamais, qu'il restait avec moi.

Mes larmes coulent à cette pensée. Il me manque.

Je tiens grâce à lui, je m'accroche à cette bague verte, à mon collier, j'espère que c'est lui qui me les a offerts parce que leurs éclats sont mes ancrages dans cet enfer.

Je grelotte, mes dents claquent entre elles alors je frotte mes bras pour faire de la friction et créer de la chaleur. Il ne me donne pas de vêtements de rechange lorsqu'il mouille les miens en me noyant et il fait très frais dans cette cellule alors ça ne sèche pas . J'ai attrapé un rhume.

Cette semaine, la quatrième semaine, les coups ont recommencés, Kyle me frappe avec un bâton parfois alors j'ai terriblement mal au ventre, il est bleu. Il n'y va pas de main morte, il ne se fatigue pas, il me pose les mêmes questions constamment, encore et encore, je lui réponds la même chose encore et encore, je le supplie de me laisser partir, ça fait des semaines qu'il me retient et que je ne dis rien. La seule chose sur laquelle il m'a cru c'est lorsqu'il m'a montré des photos de moi entrain de monter dans la voiture de service de Julianna et que je lui ai dis que je n'avais jamais rien dit à la police, que c'était un quiproquo. À ce moment là il m'a alors demandé "Mais qu'est-ce que tu aurais pu dire ? Tu m'as dis que tu ne savais rien." Et il a recommencé à me noyer.