CHAPITRE 32 : Quel traître ce cœur.

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LUNE

J'ouvre les yeux sur-

J'ouvre les yeux ?

Oui, mes yeux sont bien entrain de s'ouvrir sur un plafond marron.

Ah...j'ai échoué alors.

J'ai raté ma tentative d'évasion.

J'ai raté ma tentative de suicide.

Je me sens toute engourdie, mon souffle est lent et faible.

Mais j'ai un souffle.

J'ai l'impression qu'on m'a roulé dessus une dizaine de fois, mon corps courbaturé me fait mal.

Ma vision s'améliore et je distingue peu à peu ce qui m'entoure.

Je suis dans une chambre... dans une maison ? Pourtant une perfusion est reliée à mon bras et le bip continu de la machine qui surveille mon rythme cardiaque ne cesse de résonner. Seuls les bandages sur mon poignet témoignent de l'acte que j'ai tenté de commettre. Quand ? Je ne saurais pas dire.

La pluie cogne contre les vitres, les gros nuages sont très gris, le temps dehors est terriblement mauvais. En fait, le temps est toujours mauvais au Canada.

Avec difficulté je tente de me redresser mais je me sens bizarre, peut-être un peu engourdie.

J'ai échoué.

Je prends doucement connaissance de ce qui m'entoure, j'ai l'impression qu'il y a un filtre sur mes yeux, un filtre sombre qui assombrit tous ce que je vois, qui assombrit tous ce qui m'entoure.

Le décors qui me fait face est rustique, chaleureux, entièrement constitué de bois. Il y a un canapé dans le coin de la pièce, une armoire et quelques meubles. Très peu de décorations, mais ça n'est reste pas moins chaleureux. Ça me rappelle la maison de mes parents.

Je voulais rejoindre ma famille.

Je veux rejoindre ma famille.

Dans un grincement, la porte s'ouvre doucement sur Isaac et...à ce moment je ne sais pas ce qu'il se passe.

Il referme derrière lui et automatiquement ses yeux me trouvent, ses pupilles s'aimantent aux miennes qui le détaille de haut en bas. Isaac entrouvre la bouche me fixant avec un mixte d'émotions que je peine à interpreter. Choc. Peur. Soulagement. Colère. Détermination. Tristesse.

Il s'avance vers moi. Sans se précipiter il fait le chemin jusqu'à ce lit et marche pour m'atteindre.

Quand finalement il arrive, il s'assoit tout près de moi.

Son expression est affreusement douloureuse à regarder, à supporter.

Doucement, sa main trouve place sur ma nuque sur laquelle il exerce une légère pression. Il se penche, je me penche et naturellement mon front rencontre le sien. Mélangeant notre air, partageant notre respiration.

Mes yeux se ferment tout seul.

J'ai échoué et maintenant quoi ?

Je suis encore là.

Pourquoi ?

Les larmes commencent doucement à dévaler mes joues et terminent leur courses sur la couverture.

Alors même la mort me fuit maintenant ?

Bientôt mes sanglots se font puissant. Je me sens trembler de tout mon corps, cette boule dans ma gorge grossit et grossit m'enterrant sous son poids.

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