CHAPITRE 27 : Apathy.

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LUNE


J'appuie sur les touches avec lassitude laissant le son des notes créer un instrumental creusant et vide d'espoirs.

Il y a des fois où c'est comme ça.

Creusant et vide d'espoirs.

Je ne suis pas triste. Je ne suis pas non plus désavouée, désespérée, en colère ou chagrinée. Rien de tout ça, loin de tout ça. Parfois oui... mais la plupart du temps non.

Je suis juste... là.

Je n'ai même pas besoin de manger tout le temps. À part pour prendre des forces, sinon je ne ressens aucun plaisir en le faisant. Je bois peu. Je parle peu. Je réfléchis peu. Je ressens peu. Si ce n'est rien. À certains moments j'ai la sensation d'être à peine humaine. Mais est-ce que je peux réellement parler de sensations ?

Non, moi je ne peux pas parler de sensations, d'émotions ou de sentiments car je suis un monstre. Je suis devenue ce que je méprisais, une briseuse de famille, une tueuse. Je suis méchante, froide et parfois cruelle.

Je blesse, je détruis et je-je... je m'en contre-fou.

J'aimerais culpabiliser. J'aimerais putain de ressentir quelque chose. Être capable de pleurer mes pertes mais...mais je n'y arrive pas.

C'est un état qui dure toute la journée voir des semaines. Laissez-moi vous décrire comment s'est dans ces moments là.

Les secondes passent comme des minutes, les minutes passent comme des heures et les heures passent comme des siècles. J'ai même l'impression de voir les nuages se déplacer au ralenti. Tous les jours se ressemblent. Je me réveille, je prends soin de cette enveloppe corporelle, je sors, détruis les enveloppes corporelles des autres, rentre et me couche. J'agis sans réel but. Enfin si, mais je n'en ai même pas envie. Je me dis que peut-être enfin je ressentirai quelque chose si je me bougeais contre ceux qui ont détruit ma vie qui était déjà bien merdique en fait.

Les seules choses qui attestent encore de mon humanité sont mes crises d'effrois. Elles ont remplacées mes crises d'angoisse et elles sont rares mais bien présentes.

À chaque fois que j'ouvre les yeux, chaque matin, je suis submergée par l'idée que je vais devoir recommencer. Encore. Une même journée, toujours coincée dans cette vie. Chaque 24 heures est un supplice sur Terre. Je ne suis même pas fatiguée.

J'ai juste besoin que tout s'arrête.

Les souvenirs, les gens, les mots, mon oxygène.

J'ai besoin que tout s'arrête.

J'ai acheté des lames de rasoirs tout à l'heure. Loin de moi l'idée de vous traumatiser. Non, c'est vrai. Mais vous êtes là pour m'écoutez non ? Plus pour longtemps de toute façon.

Je ne jouerais pas à cette comédie plus que nécéssaire. Je suis assez forte pour y mettre un terme maintenant. Je termine ce que j'ai commencé, et il sera temps pour moi d'entamer un autre voyage.

Malheuresement le poids des lames se fait ressentir dans la poche de mon sweat et je dois avouer que c'est réellement tentant, non... c'est plus soulageant. J'appuie sur les touches du piano de façon robotique.

Aller Lune, deux-trois gestes assez profond et tu auras ce que tu veux.

Tout va s'arrêter.

Tout va enfin s'arrêter.

Tu as besoin que tout s'arrête.

J'ai besoin que tout s'arrête.

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