Juillet 2005
« C'était quelques années auparavant. Il s'agissait d'un jour comme les autres... »
Je barre rapidement cette phrase, insatisfaite. Ce n'est pas avec quelque chose d'aussi bateau qu'on peut accrocher l'attention d'un lecteur. D'autant plus que ce que je veux raconter n'a rien d'une histoire d'amour banale. À l'image de cette dernière, je veux que ce roman soit hors du commun.
« Ce jour-là, le soleil brillait si fort qu'il en brûlait ma peau... »
Je pousse un soupir en raturant celle-là également. Je n'ai rien d'une écrivaine à succès, je n'ai d'ailleurs aucune expérience dans l'écriture... Mais j'ai besoin de poser tous ces mots quelque part. Que je réussisse à me faire éditer ou non, ce n'est pas ça qui m'importe le plus. Je veux simplement figer et ancrer chacun des maux que j'ai éprouvé quelques années plus tôt.
« Ce n'était pourtant pas si différent de d'habitude. Je ne savais simplement pas que ma vie allait changer juste après ce jour-là... »
M'agaçant cette fois, je barre de nouveau ces derniers mots, contrariée.
Cela fait plusieurs mois que je réfléchis à écrire, et maintenant que je trouve le courage de me lancer, je ne suis pas capable de rédiger la moindre petite phrase ?
Des pas traînants se rapprochent de la chambre, ce qui coupe court à mes songes.
— Tu fais quoi ?
Je le sens se pencher au-dessus de mon épaule pour regarder ma feuille. Suivant son mouvement, la chaîne autour de son cou se balance doucement. Une légère odeur de parfum pour homme vient chatouiller mes narines pour m'étourdir un peu.
— J'essaie d'écrire un roman, je réponds.
— Un roman ? répète-t-il d'une voix amusée. Sur quoi ?
— Sur nous. Mais je n'y arrive pas.
Les bras de Shinichiro viennent alors entourer mon buste. J'ai un frisson en sentant son souffle chaud parcourir mon cou.
— Tu ne veux pas remettre ça à plus tard ? murmure-t-il alors dans mon oreille.
Ses intentions étaient déjà bien claires, mais elles se confirment lorsqu'il se met à couvrir mon visage de petits baisers. J'essaie tant bien que mal de résister à la tentation.
— J'aimerais au moins écrire le premier chapitre..., dis-je dans un souffle.
Il s'arrête dans son geste et se redresse derrière moi, sans rompre le contact cependant. Je devine qu'il fixe également la page tristement blanche posée sous notre nez.
— Commence par le tout début.
— Merci, je grommelle, cynique. Le problème, c'est que je n'ai aucun talent concernant l'écriture, alors...
— Tu vas y arriver, me coupe Shinichiro. J'ai confiance en toi. Tu n'as pas besoin d'écrire depuis des années pour raconter ce que tu veux raconter.
Il tourne alors ma chaise vers lui avant de s'accroupir devant moi. Un sourire à la fois fier et confiant s'étire sur ses lèvres lorsqu'il me prend les mains.
— Souffle un coup, vide ton esprit... et réessaie. Quel que soit le résultat, je lirai cette histoire avec plaisir alors n'aie peur de rien.
J'ai un sourire à mon tour. Quand il le veut, Shinichiro sait faire preuve d'une grande sagesse... Dans tous les cas, il a toujours su trouver les bons mots pour me remotiver.
Tout content de lui, il se relève et quitte la chambre, le son de ses sandales ponctuant chacun de ses pas.
— Je vais voir ce que fait Manjiro, m'informe-t-il depuis le couloir. Quand je reviens, je veux que tu aies écrit tes premières phrases.
Ragaillardie par ses paroles, je me tourne vers ma feuille, plus déterminée que jamais.
Quelques minutes plus tôt, ce vide ne représentait rien de plus que de la frustration... Mais maintenant, il dégage un nombre infini de possibilités.
Comme par miracle, les idées commencent à fuser dans mon esprit. Saisissant l'occasion, je reprends mon stylo avant d'écrire frénétiquement, obéissant à ma petite voix. Mon sourire s'élargit lorsque les premiers mots viennent enfin noircir la blancheur de la page...
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Comme une étoile (Shinichiro x OC)
FanfictionÉté 1997. Je pouvais m'attendre à tout, sauf à croiser Shinichiro Sano dans un cimetière. Réputé pour s'être pris une vingtaine de râteaux, je ne pensais pas que cet homme pourrait avoir un quelconque impact sur ma vie. Mais ça, c'était avant qu'i...