Comme une étoile (Shinichiro x OC)

20 : Dans tes yeux

Les vacances d'Octobre arrivent avec la brise automnale que je déteste tant.

Aria est revenue en cours le lendemain, comme prévu. Depuis, elle essaie de faire face à la tristesse du mieux qu'elle peut, toujours en affichant son habituel sourire jovial pour se convaincre elle-même que ça finira par passer. Croiser Kyo dans l'enceinte du lycée ne l'aide sûrement pas, mais au moins, il a le mérite de faire comme si nous n'existions pas. Son aveu déplacé de l'autre jour a dû lui laisser un souvenir cuisant pour qu'il nous ignore de cette façon.

D'autant plus que j'ai remarqué que Wakasa tentait des rapprochements avec Aria, ce qui n'a pas dû échapper à Kyo. Au moins, je suis certaine qu'il n'osera plus jamais essayer quoique ce soit pour la récupérer, ni pour me coincer à l'angle d'un couloir.

— Rin ? m'appelle alors ma mère depuis le salon. Tu devais sortir avec ton Sano ce soir ?

Je me lève d'un bond pour la rejoindre.

— Non pourqu... Ah.

Juste devant l'entrée, Shinichiro est occupé à passer une main dans ses cheveux noirs tout en se reluquant dans le rétroviseur de sa moto.

Il a plu sans discontinuer au cours de la semaine, mais il a suffit d'une seule journée ensoleillée pour le voir de nouveau traîner dans les parages.

J'enfile rapidement une veste et mes chaussures sous le regard amusé de ma mère.

— Pas trop tard cette fois, prévient-elle avec un sourire.

— Avec lui je ne sais pas si je peux te le promettre, dis-je en ouvrant la porte.

Shinichiro se tient juste sur le pas et se préparait visiblement à toquer à cette dernière. Il a un petit sursaut de surprise.

— Madame Takahashi ! s'exclame-t-il d'un ton joyeux en s'adressant à ma mère. Vous êtes toujours aussi resplendiss...

Il s'arrête net en me voyant le fusiller du regard. Il la draguera chaque fois qu'il le pourra ou quoi ?

— Toujours aussi aimable, commente-t-elle, amusée.

Il ne peut s'empêcher de lui répondre par un sourire avant qu'elle ne referme la porte derrière nous. J'ouvre la bouche pour le railler, mais je m'aperçois au même moment que ses cheveux, toujours relevés en cette sorte de banane à la mode, ont encore plus de gel que d'habitude. Je suis partagée entre le rire ou accepter que cette coupe ne lui va pas si mal.

— Tu veux m'emmener où cette fois ? je demande en prenant le casque qu'il me tend.

— Au même endroit que pour notre premier rencard, m'informe-t-il en s'installant à l'avant. Je voulais qu'on y aille après la réunion du Black Dragon, il y a quelques semaines... Mais mes plans ont été contrariés par des guignols.

— C'était un vrai rencard alors ?

Shinichiro fait soudain rugir le moteur de sa moto pour démarrer en trombe. Je pousse un petit cri de surprise en m'accrochant fermement à ses épaules, secouées par son rire.

— Refais plus jamais ça ! je m'écrie d'une voix aiguë.

— J'aurais bien aimé voir ta tête, ricane-t-il.

J'esquisse une moue boudeuse qu'il ne peut pas voir. Du Shinichiro tout craché !

Le reste du trajet se déroule dans le silence. La nuit tombe petit à petit, apportant la fraîcheur avec elle. Ce n'est cependant pas le froid qui vient m'ôter le plaisir d'être de nouveau à l'arrière de sa bécane, les étoiles brillant au-dessus de nos têtes. À cet instant, tout ce qui a pu se passer au cours du dernier mois me semble bien lointain... C'est curieux de constater à quel point Shinichiro m'emmène dans un autre monde avec lui à chaque interaction que nous avons.