Comme une étoile (Shinichiro x OC)

36 : S.S Motors

PDV Shinichiro

Shinichiro est assit sur ce qui lui semble être du parquet. Il rouvre lentement les yeux... et tombe nez à nez avec Wakasa, installé juste devant lui, un bentô dans les mains. 

Stupéfait, il regarde tout autour de lui sans comprendre. De ce qu'il voit, il se trouve dans un magasin de motos. La sienne est d'ailleurs appuyée contre la vitrine.

Est-ce que c'est bien ce qu'il pense ? Il serait revenu dans le présent ? 

— Euh Shin'..., dit Wakasa l'air soucieux. Tu vas me prendre pour un dingue mais...

— Quel jour on est ? le coupe Shinichiro.

— Le 22 février, je crois.

Ils échangent un regard. 

— Mais j'étais en train de te rattraper, reprend Wakasa en fronçant les sourcils. Ça n'a aucun sens... Qu'est-ce qu'on fout ici ?

Les connexions se font alors dans l'esprit de Shinichiro. 

Cela n'avait rien d'un rêve. Il a bel et bien sauté d'un pont, mais son ami l'a attrapé au dernier moment... Il a tout juste eu le temps de sentir une poignée de mains avant qu'il ne se retrouve de nouveau sur le vieux port, le soir de l'affrontement entre le Papillon Rouge et le Black Dragon. 

Les types bourrés du bar parlaient d'un déclencheur... Se pourrait-il qu'il faille tout simplement serrer la main de quelqu'un pour remonter dans le temps ? Ainsi que pour revenir dans le présent ? 

Tout se tient...

— Si on est bien en 2002, alors je crois que j'ai voyagé dans le temps, lâche Shinichiro.

— Que tu as... Quoi ?!

Shinichiro se lance alors dans un récit des derniers évènements. Il n'oublie aucun détail ; comment Rin est décédée, tous ses efforts vains pour la sauver, et surtout comment il a rencontré le SDF qui se disait être un voyageur temporel... 

Tout coïncide avec le vécu de Wakasa. Lui-même explique avoir des souvenirs « d'une vie différente » où Shinichiro était infirmier et qu'il le voyait dépérir chaque jour un peu plus, jusqu'au moment où il a décidé de sauter dans cette rivière. Mais ici, tout est radicalement différent.

— Donc ce magasin... est à moi ? conclue Shinichiro en ouvrant des yeux ronds.

— C'est ce que mes souvenirs me disent, en tout cas, répond Wakasa avec un haussement d'épaules.

S'il a ouvert le magasin de motos dont il rêvait depuis des années alors ça veut dire que Rin est en vie ? Et en bonne santé ?

Shinichiro se lève si brusquement qu'il en fait tomber son bentô au sol. Mais c'est le cadet de ses soucis. Il ramassera ça plus tard...

Il faut absolument qu'il sache si ça a fonctionné. 

Suivant son intuition, il sort de sa boutique par la porte de derrière puis monte les escaliers quatre à quatre, ignorant délibérément les interpellations de Wakasa. 

Essoufflé, il se précipite dans le seul appartement de l'immeuble. Un arôme de fleur envahit le salon. Cette odeur, il la reconnaitrait entre mille. 

Assise devant ce qui semble être des feuilles de cours, Rin se masse le front avec ses deux mains. Ses cheveux châtains sont à présent coupés en un carré lui arrivant tout juste aux épaules. Plongée dans des révisions ardues, elle n'a pas encore remarqué l'arrivée brutale de Shinichiro. 

— Rin, tu... 

Elle relève la tête. En le voyant, ses yeux bleus s'illuminent et un large sourire se dessine sur son visage. 

Elle est encore plus jolie qu'il y a 4 ans. 

Shinichiro s'avance vers Rin pour l'enlacer aussi fort que possible. Son odeur enivrante qui avait disparue lorsqu'elle était à l'hôpital lui chatouille les narines avec douceur. 

Les dieux ont donc fini par écouter ses prières ? 

— Shin', ça va pas ? s'inquiète-t-elle.

Des larmes débordant de ses yeux, Shinichiro s'éloigne de quelques centimètres. Il remonte ses mains jusqu'au visage de Rin, la regardant comme il ne l'avait jamais fait. 

Il a réussi. Il l'a fait. Il a sauvé la vie de la femme qu'il aime.

— Tu es si belle, Rin, murmure-t-il.

— Mais qu'est-ce qui te prend ?

Sans lui répondre, il pose ses lèvres sur les siennes, l'embrassant encore et encore, jusqu'à ne plus avoir de souffle. Cette douceur et cette chaleur... comment a-t-il pu oublier tout cela ?

Il sent son cœur battre avec force dans sa poitrine. C'est comme s'il était capable de respirer de nouveau correctement, et que depuis tout ce temps, il n'avait fait que se contenter du minimum. 

La partie de lui-même que le décès de Rin avait éteint s'est rallumée avec tant de force qu'elle consume tout sur son passage. Jamais Shinichiro n'a brillé avec autant d'intensité qu'à cet instant. 

— T'es sûr que ça va ? s'enquiert-elle.

Il acquiesce d'un signe de tête avant de se redresser. 

Il jette un coup d'œil aux multiples feuilles étalées devant Rin, remplies de formules mathématiques compliquées. 

Shinichiro sourit de nouveau. Elle a certainement dû entrer à l'université après le lycée... Il est quelque peu déçu de ne pas avoir pu y assister, mais peu lui importe. Désormais, il compte savourer chaque seconde passée à ses côtés. 

— T'es quand même bien pâle, insiste-t-elle. Tu devrais sortir prendre l'air, ou manger un taiyaki...

Leurs regards se croisent. Shinichiro ne peut s'empêcher de sourire.

Rin n'a pas changée.

— On t'a déjà dit que t'étais parfaite, Takahashi ? 

Elle a un léger ricanement.

— Ça change de tes disquettes, commente-t-elle. 

— Mes disquettes ? répète-t-il.

— Tu te moques de moi ? Pas plus tard qu'hier, tu me disais ; « Tu sais pourquoi tu pourrais pas faire Miss Japon ? Parce qu'un avion de chasse, ça défile pas ». 

Shinichiro éclate de rire tandis que Rin pousse un soupir à la fois exaspéré et amusé. Faire ce genre de remarque lui ressemble bien, et il est loin de vouloir démentir ses propres propos. 

Ce que Rin ne sait pas, c'est que ce n'est pas la dernière fois qu'elle entendra un commentaire de ce type. Shinichiro a bien l'intention de rattraper tout le temps qu'il a perdu. 

L'avenir heureux dont il rêvait tant se dessine enfin... Ainsi, il la retrouvera chaque soir après avoir travaillé dans son magasin de moto, qu'il espère avoir nommé "S.S Motors", comme il l'a toujours imaginé.

Et il compte bien charrier Rin autant de fois qu'il en aura l'occasion, que ce soit avec des disquettes lourdes ou non... Après tout, n'était-il pas réputé pour être un piètre dragueur avant que cette dernière n'entre brusquement dans sa vie ? »