PDV externe, chez Shinichiro
— Répète un peu ? lâche Wakasa, stupéfait. T'as ramené Takahashi chez elle ?
Tout en tirant une taffe sur sa cigarette, il étend davantage ses bras sur le dossier du canapé. Shinichiro acquiesce d'un signe de tête, perdu dans le souvenir de la veille.
— La pauvre, ricane Takeomi.
— Arrêtez un peu, ronchonne Shinichiro d'un ton mécontent.
Ses deux amis échangent un regard moqueur.
Connaissant Shinichiro, ils sont sûrs que le petit manège avec cette Rin Takahashi ne va pas durer. Après tout, il court sous les jupons des filles depuis son entrée au lycée.
Impossible que ce type n'engage une relation sérieuse, bien qu'il en soit désespérément à la recherche.
— Comment tu crois qu'elle va réagir quand elle comprendra vraiment que tu t'intéresses à elle seulement à cause de sa mère ? relance Wakasa en reprenant contenance. Lui fais pas un coup foireux comme ça, Shin'. Ça te ressemble pas.
— Il n'y a pas que ça, soupire Shinichiro en se penchant vers la table basse pour prendre le paquet de cigarettes.
Il en coince une entre ses lèvres puis l'allume avec le briquet de Wakasa.
Face à leur regard appuyé, il se sent obligé de se justifier :
— Bah quoi... Vous la trouvez pas jolie, vous ?
— T'as littéralement 0 chance avec cette meuf. Lâche l'affaire.
Shinichiro pousse un profond soupir, abandonnant l'idée de demander de l'aide à ses amis. Lui qui espérait obtenir d'eux quelques conseils pour éviter de se prendre son 21ème râteau...
Il va donc devoir se débrouiller seul. Il n'apprécie pas vraiment cette pensée, mais il n'est plus à une honte près, non ?
Cependant, il doit admettre que Wakasa n'a pas complètement tort. Au début, c'est vrai, le lien de parenté de Rin avec la célèbre et unique cheffe du gang de filles le plus réputé de tout Tokyo avait retenu son attention... Mais même sans connaître ce fait, n'est-ce pas Shinichiro qui n'a pas pu s'empêcher de noter que la jeune femme lui paraissait particulièrement jolie lors de leur rencontre dans le cimetière ?
Et c'est sans compter qu'hier soir, lorsqu'il s'est arrêté devant cette boîte de nuit et qu'il l'a vue assise sur le trottoir les genoux repliés sur sa poitrine, la mère de Rin n'avait strictement aucun lien avec l'accélération de son rythme cardiaque.
Si seulement il avait osé lui demander pourquoi elle avait cette mine si triste !
Quand il est apparu dans le champ de vision de Rin, il a vu cette tristesse se transformer en soulagement. Jusqu'à présent, aucune fille n'a semblé éprouver pareil sentiment à son égard. Au contraire, d'habitude elles ont plus tendance à avoir l'air exaspérées ou au mieux, désintéressées.
— Poussez vous ! s'exclame alors une voix de petit garçon.
Une tête blonde surgit soudain dans le salon.
— Tu cours trop vite, se lamente une seconde voix.
— Manjiro tu pourrais être plus galant avec les filles, se moque doucement Takeomi.
Sortant soudain de ses pensées, Shinichiro se tourne vers les deux enfants qui viennent de faire irruption dans la pièce.
— C'est Meï qui est lente, rouspète Manjiro en s'affalant sur le canapé aux côtés de son frère.
Essoufflée et pantelante, la petite Meï reste dans l'entrée à reprendre son souffle, les deux mains sur ses genoux.
— C'est dingue, souffle Wakasa. Ton frère n'a que 7 ans et il a une vie amoureuse plus développée que la tienne.
— On est pas amoureux ! s'indignent les enfants d'une même voix.
Les trois amis éclatent de rire, bien que cette remarque ait touché Shinichiro. Wakasa a visé en plein dans le mille.
Même s'il ne compte pas se l'avouer, il commence à désespérer. Pourquoi donc est-ce qu'il espère une issue différente ? Que son nom de famille soit Takahashi ou non, elle fera exactement comme toutes les autres : elle trouvera une excuse bidon pour repousser ses avances.
Il ébouriffe les cheveux de son petit frère avec un sourire résigné.
Wakasa et Takeomi ont raison : il devrait lâcher l'affaire. Ça ne sert à rien de s'acharner.
VOUS LISEZ
Comme une étoile (Shinichiro x OC)
FanfictionÉté 1997. Je pouvais m'attendre à tout, sauf à croiser Shinichiro Sano dans un cimetière. Réputé pour s'être pris une vingtaine de râteaux, je ne pensais pas que cet homme pourrait avoir un quelconque impact sur ma vie. Mais ça, c'était avant qu'i...