Comme je m'y attendais, je n'ai pu obtenir aucune réponse d'Aria concernant sa dernière visite. Bien qu'elle fasse de son mieux pour paraître tout aussi enjouée que d'habitude, sa jovialité sonne de plus en plus faux.
Je n'ai cependant fait aucune remarque là-dessus ; si elle agit de cette façon, elle a certainement ses raisons. J'espère simplement que la stratégie que j'ai adopté, à savoir patienter, finira par fonctionner et qu'Aria se confiera à moi. Mais les jours s'enchaînent et elle continue de se murer dans le silence.
J'ai même essayé de questionner Wakasa à ce sujet, mais il m'a dit qu'il n'en savait rien. Ainsi, Shinichiro et moi avons passé en revue de nombreuses hypothèses, toutes plus invraisemblables les unes que les autres ; et la seule explication plausible reste celle que ma mère m'a donnée.
Aujourd'hui, je ne peux qu'espérer que ce soit la vérité et qu'Aria parviendra à régler seule ses problèmes nécessitant des « conseils d'adulte ».
Avec le début des vacances de Février, je n'ai de toute façon pas le choix que d'attendre. Je lui ai proposé quelques sorties, auxquelles elle a trouvé une excuse pour décliner. Cela ne fait que renforcer mon inquiétude ; d'ordinaire, c'est moi qu'il faut pousser à sortir, pas Aria.
Il est plus de minuit lorsque je referme mes cahiers, agacée. Ce soir encore, il m'a été impossible de me concentrer. Quelle plaie.
Je m'apprêtais à m'affaler sur mon lit, mais quelqu'un toque doucement à la porte d'entrée au même moment. Ma mère étant de sortie, je n'ai d'autres choix que d'aller ouvrir moi-même, bien que je sache très bien qui est la seule personne qui peut se pointer à une heure pareille.
Mais en faisant entrer Shinichiro, je constate qu'il n'a pas son habituel sourire en coin. Au contraire, il affiche une mine sombre et soucieuse quand il s'assoit sur le bord de la baignoire, le visage parsemé de bleus.
— Tu tires une de ces têtes, dis-je pour essayer de le dérider.
Mais cette remarque n'a aucun effet.
Sans essayer de plaisanter davantage, je commence à appliquer de la pommade sur les nombreux coups qu'il a reçu.
— Quelqu'un a reformé le gang de ta mère, lâche-t-il sans autre préambule.
Abasourdie, je m'arrête en plein geste. Est-ce que j'ai bien entendu ?
— On s'est battus contre eux ce soir, poursuit-il. Enfin, je devrais plutôt dire contre elles.
— Ça explique les coups de griffes.
En effet, quelques filles ont dû planter leurs ongles dans son cou car il en porte encore des marques.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? je demande, voyant que Shinichiro ne dit plus rien.
— On a pas vu la cheffe de cette seconde génération du Papillon Rouge, répond-il toujours aussi sombrement. Il y avait des femmes de la première dans les rangs, et d'autres de notre âge. Ça faisait longtemps qu'on avait pas eu une baston comme celle-là. Rien à voir avec toutes les autres.
Il pousse un soupir tandis que je m'attaque aux quelques griffures qu'elles ont laissé. Des vraies harpies.
— Pourquoi elles voulaient se battre contre vous ? T'es pas le plus grand admirateur de ce gang, normalement ?
— J'ai bien essayé de refuser mais elles ont rien voulu entendre, maugrée-t-il. Elles arrêtaient pas de répéter que leur leader leur avait ordonné de nous faire mordre la poussière. Ça a chauffé la plupart des membres du Black Dragon, alors je pouvais pas leur dire de rentrer bien sagement chez eux sans qu'ils n'engagent un quelconque combat. Mais quand je vois comment ça a tourné... peut-être que j'aurais dû, conclue-t-il en soupirant.
— Tu n'y es pour rien, dis-je. C'est elles qui l'ont voulu, pas toi. Tu as fait ce qui te semblait être juste pour ton gang à ce moment-là, c'est tout ce qui compte. Et je pense que tu n'aurais pas pu empêcher les Black Dragons de se battre, de toute façon.
Il souffle du nez face à ma dernière remarque. Son air soucieux s'efface petit à petit, laissant la place à son sourire en coin.
— On t'a déjà dit que t'étais parfaite, Takahashi ?
— Tu m'as déjà posé cette question, je réponds, les joues rosissantes.
Shinichiro me tire doucement vers lui sans me répondre. Son sourire s'étale sur son visage lorsqu'il m'embrasse. Je sens qu'il essaye de me coller à lui autant qu'il le peut, ce qui est loin de me déplaire. Oubliant soudain la conversation précédente, je me laisse aller à cette étreinte.
Mais ce baiser me semble différent de tous les autres ; il est plus long, moins tendre, et sous-entend bon nombre de désirs. Ses mains descendent lentement le long de ma colonne alors que sa langue trouve naturellement le chemin de la mienne.
Reprenant notre souffle, nous nous éloignons de quelques centimètres. Son odeur mélangée à son parfum qui me parvient aux narines augmente davantage ma tension. Mon cœur se met à battre à une vitesse folle, à un tel point que je me demande comment il fait pour ne pas sortir de ma poitrine.
Shinichiro se lève de la baignoire avant de fondre de nouveau sur mes lèvres. Il me fait reculer jusqu'à la porte de ma chambre, me plaquant contre celle-ci.
Nos regards se croisent et je remarque que ses pupilles n'ont jamais été aussi dilatées dans ses iris noires que j'aime tant. Au fond de ses yeux d'obsidienne brille cette éternelle lueur de taquinerie, un éclat de folie douce que je chéris plus que tout au monde. Je pourrais contempler cet homme des heures entières sans jamais me lasser de lui.
À cet instant précis, ce n'est plus de l'amour. Shinichiro est une obsession. La plus somptueuse et la plus dévorante qui soit.
Je serre son t-shirt avec force, le suppliant silencieusement de ne pas s'arrêter.
Toute autre pensée est occultée pour n'en laisser plus qu'une seule : lui. Ses lèvres. Ses mains. Ses cheveux. Ses yeux. Tout.
— Je te veux, Shinichiro.
Il ouvre des yeux ronds, mais son désarçonnement n'est que de courte durée.
— Redis le.
— Shinichiro Sano..., je murmure d'une voix bien différente de celle de d'habitude. Je te veux.
Il me fait entrer dans ma chambre avant de refermer la porte d'un coup de pied.
Je le veux. Lui. Tout entier. Je veux tout. Je prends tout.
Nos baisers se font de plus en plus fougueux et empressés. Ses mains qui se mettent à parcourir mon corps sous mon haut me provoquent des frissons incontrôlables. Il va me faire vriller.
Dans des gestes tremblants et précipités, je retire les tissus qui séparent nos deux peaux. Ses lèvres quittent les miennes pour rejoindre mon cou puis le haut de ma poitrine, laissant une marque brûlante derrière elles : l'étincelle suffisante pour me consumer toute entière.
Il s'allonge au-dessus de moi, me dévorant du regard. Il ne m'avait jamais contemplée de cette façon, avec ce désir dansant dans ses yeux.
Mes doigts se mettent à retracer les lignes de son torse où quelques bleus sont encore visibles. Shinichiro frissonne à son tour. Nos corps sont en totale ébullition.
— Rin Takahashi..., murmure-t-il en glissant sa main sous mon dos pour prendre la fermeture de mon sous-vêtement. Je peux ?
Frémissante, je me contente de hocher la tête puis repars à l'assaut de sa bouche.
Il m'obsède. Il me rend folle. Et ses cheveux noirs qui chatouillent mon cou n'arrangent rien.
Chacun de nos contacts me provoquent une cascade d'émotions et de sensations aussi bien interdites que fortes. Je veux le sentir contre moi encore et encore, frissonner à chacune de ses caresses, et écouter ses soupirs tout près de mon oreille jusqu'à ce que mort s'en suive. Je ne vis plus que pour ça, que pour cet instant.
Une seule pensée demeure claire : Shinichiro. Il n'y en a toujours eu que pour lui, et il n'y en aura toujours que pour lui.
Lui et seulement lui.
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Comme une étoile (Shinichiro x OC)
FanfictionÉté 1997. Je pouvais m'attendre à tout, sauf à croiser Shinichiro Sano dans un cimetière. Réputé pour s'être pris une vingtaine de râteaux, je ne pensais pas que cet homme pourrait avoir un quelconque impact sur ma vie. Mais ça, c'était avant qu'i...