Comme une étoile (Shinichiro x OC)

29 : Revanche

Je ne veux pas y croire. Aria ne peut pas être à la tête de la seconde génération du Papillon Rouge. C'est impossible. Pas ma meilleure amie. 

Elle est pourtant là, devant moi, avec cette maudite tenue rouge sur le dos. Son regard est si froid qu'il m'en glace le sang. 

— C'est toi la responsable de ce bordel ? lui lance Shinichiro d'un ton méprisant.

— C'est bien moi, acquiesce-t-elle farouchement. 

— NON !

J'ai crié sans même m'en rendre compte. Aria se tourne vers moi et me fixe avec tout le dégoût dont elle est capable. 

Mais je sais que c'est des conneries. La véritable cheffe du gang l'a envoyée pour jouer un rôle et mieux se cacher, voilà tout...

— T'as l'air surprise Rin, dit-elle avec un air faussement étonné. Pourtant, tu as la vérité juste sous tes yeux. Tu l'as depuis le début. 

— Tu mens, je souffle. 

Aria éclate de rire, mais ce dernier, tout aussi froid que son regard, est dénué d'amusement. Elle est rapidement suivie par toutes les autres filles de son groupe qui commencent à rire aux larmes. 

La colère qui monte petit à petit se mêle à la peur. 

J'ai raison, n'est-ce pas ? Aria ne peut pas avoir reformé le gang de ma mère ?

— Va-t'en, me souffle Shinichiro en se penchant vers moi. Fuis par là-bas, essaie de rentrer chez t...

— Elle n'ira nulle part, le coupe Aria. Nous sommes venues pour elle, pas pour le Black Dragon. 

Je passe rapidement devant Shinichiro pour me rapprocher d'elle. Son sourire moqueur s'élargit tandis que la rage se met à palpiter sous ma peau. 

— Arrête tes conneries, Aria ! je m'exclame en la saisissant par les épaules. Toi, reformer le Papillon Rouge ? C'est pas possible ! On t'a menacée, c'est ça ? Ces filles te veulent du mal ? Je suis ta meilleure amie, tu peux me dire la vérité...

— La vérité ? ricane-t-elle. La vérité, Rin, c'est que je n'ai jamais été ta meilleure amie. 

Ses paroles qui résonnent dans mon crâne me font l'effet d'un coup de fusil. Je la dévisage dans l'attente qu'elle se contredise, qu'elle se mette à rire joyeusement en m'annonçant que c'était une plaisanterie.

Mais elle n'ajoute rien. Je n'aurais jamais pensé que je puisse maudire à ce point le silence. Plus les secondes filent, plus elles emportent une part de moi avec elles. 

— C'est faux, je murmure.

— Ouvre les yeux, bon sang ! Ce que tu peux être agaçante quand tu t'y mets ! Tu as vu mon tatouage, non ?

— Tais toi, je supplie en fermant les yeux.

— Reprends toi, Rin. Tu as toujours été si naïve, c'est désolant...

Je sens Shinichiro me tirer par un pan de ma veste, mais ma main s'abat sur la joue d'Aria au même moment. 

Essoufflée comme si j'avais parcouru plusieurs kilomètres en courant, j'entends à peine les protestations des filles de son gang. J'ai l'impression de ne plus être maître de mes propres gestes, de ma propre rage, comme si j'observais la scène à travers les yeux de quelqu'un d'autre.

— Pourquoi ? 

— Pourquoi quoi ? lâche Aria en touchant sa joue rougie. Tu fais semblant de ne pas comprendre ? 

— Rin, chuchote Shinichiro en tirant plus fort pour me forcer à partir. 

Je saisis sa main. La chaleur de cette dernière qui se répand dans mon corps me donne le courage nécessaire pour affronter le regard d'Aria.