Lorsque Melvin ouvre la porte, il accueille les filles en les prenant tour à tour dans ses bras. Il me serre la main avant de nous entraîner à sa suite dans son salon. Pendant que notre hôte met de l'eau à chauffer dans une bouilloire, Skye se laisse tomber dans le fond du canapé, l'air absent. Ciara s'approche de moi et chuchote pour rester discrète.
— Tu as réussi à lui parler ?
Je secoue la tête, incapable d'avouer que je ne sais pas du tout ce qui se passe dans la vie de celle pour qui j'aurais été capable de me sacrifier il y a quelques années. Ciara presse mon biceps et me gratifie d'un regard compatissant.
— Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? demandé-je, crispé.
— Je n'en suis pas vraiment sûre. Je n'ai jamais vu Aïdan dans cet état. La jalousie qu'il nourrit envers toi est viscérale. Il a été odieux avec Skye. Et ce mot n'est pas encore assez fort. Je ne te parle même pas de ce qu'il a dit à mon sujet. On aurait dit quelqu'un d'autre.
Je serre les dents, mon sang bouillonne. J'ai du mal à maîtriser la colère qui monte en moi. J'ai trop longtemps supporté la pseudorivalité qu'entretient Aïdan avec moi.
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? grondé-je en bougeant à peine les lèvres.
Elle glisse ses mains sur mes poings fermés et les caresse avec douceur, sans me quitter des yeux. Elle reprend d'un timbre troublé :
— Peu importe pour le moment. Rejoins-la, elle a besoin de toi, même si là, elle est murée dans le silence. Je ne sais pas ce qui se passe entre eux au quotidien, mais ça n'a pas l'air d'être la joie en ce moment. Je reste avec Mel pour lui expliquer la situation, je lui ai juste dit qu'on arrivait pour une gestion de crise.
Elle dépose un rapide baiser sur mes lèvres et me laisse. Mon attention dévie vers Skye. Qu'ai-je raté ? À quel point l'ai-je délaissée ? Comment ai-je pu rester aussi aveugle ? La détresse peinte sur son visage me terrasse. Je m'approche et m'installe à ses côtés. Lorsque je pose la main sur son genou, elle sursaute. Ses yeux embués se relèvent sur moi.
— Niall, rends-moi mon téléphone, s'affole-t-elle.
Surpris de cette réaction que je ne lui connais pas, je fronce les sourcils. Elle insiste, un voile dans la voix.
— S'il te plaît, il faut que je lui réponde.
— Pourquoi ?
— Il doit s'inquiéter.
— C'est la seule raison ?
Sa mine s'assombrit, ses doigts s'emmêlent. Elle s'acharne sur ses ongles. Je n'arrive pas à me rappeler si je l'ai déjà vue aussi triste. J'attrape sa main dans la mienne, replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille. J'inspire profondément pour atténuer la tempête qui fait rage en moi et ne pas la brusquer.
— Skye, qu'est-ce qui se passe ?
— Rien. T'inquiète pas, c'était qu'une dispute. Mais il faut que je l'appelle.
— Pourquoi ? persisté-je.
— Je te l'ai dit, il doit se demander où je suis passée et comment je vais. Je veux le rassurer.
La rouquine malmène ses lèvres de ses dents. Son regard est absent. Je m'obstine pour tenter de lui faire cracher le morceau.
— Pourquoi ?
— Mais lâche-moi ! s'emporte-t-elle.
Elle se lève à la hâte en me repoussant et se dirige vers la porte d'entrée. Je la suis et lui attrape le bras pour la retourner vers moi.
VOUS LISEZ
ღ ℬ𝓸𝓷𝓷𝓲𝒆 ℋ𝓲𝓰𝓱𝓵𝓪𝓷𝓭𝓼 ღ
RomancePositionnez la mécanicienne pétillante près du photographe tourmenté. Déconnectez leur part d'ombre, puis pansez toutes leurs blessures. Réparez leur cœur avec un florilège d'émotions et beaucoup de tendresse. Attisez les braises, jouez sur la frust...