Chapitre 1 - Grace

323 13 9
                                    

/!\ ce chapitre pourrais heurter la sensibilité des plus jeunes /!\

—————                

Mes talons claquent sur le sol tandis que je marche, la tête haute, en sortant du bureau de mon ex patron de fraîche date. Je me dirige vers l'open-space pour récupérer mon ordi et mon pot à crayon avant de me diriger vers la sortie de ma nouvelle ancienne boîte. 

Une fois à l'extérieur, la réverbération du soleil sur les pavés blancs m'éblouit mais je ne m'arrête pas. Je fonce vers la bouche de métro et n'attends que quelques minutes avant que le mien arrive. Je monte dans la rame qui pour une fois est vide. Je regarde ma montre. 15h30. Alors que je m'assieds sur un strapontin d'une propreté respectable, je me refais le fil de ma journée. L'enthousiasme qui m'habitait ce matin a subitement disparu. Licenciée putain !  J'arrive pas a y croire. Je suis virée. Pour quoi ? Insubordination ! Insubordination de mes fesses oui ! Tout ça parce que j'ai eu le malheur de tenir tête à mon boss parce que mon collègue masculin de même ancienneté que moi gagnait le double de mon salaire alors qu'il ne branlait rien. Je suis pas dans la merde moi maintenant. C'est mon deuxième licenciement en 6 mois et à chaque fois pour le même motif. Déjà que trouver un taf quand on est une femme ce n'est pas simple, mais en plus quand le recruteur voit la ligne sur mon CV où est indiqué le temps rester dans la dernière entreprise, autant dire que c'est mort. 

Je soupire. Adieu le rêve de petite fille d'être la Nellie Bly de mon temps. J'aurais tellement aimé être comme elle, rentrer dans le monde en tant que journaliste émérite. Un autre soupir m'échappe. Pour l'instant, la seule chose à laquelle je peut songer, c'est à la montagne de factures qui m'attend à la maison. 

J'entends le signal sonore de fermeture des portes et n'ai même pas le temps de voir le nom de la station que celles ci se ferment déjà. Le quai défile sous mes yeux. Super, je viens de louper mon arrêt. 

***

Je m'effondre sur mon lit, épuisée, et prends soin d'enlever mes chaussures ou devrai je dire, mes instruments de torture pour petits pieds innocents. Il est à peine 16h mais lorsque ma tête touche l'oreiller, je sombre dans les eaux profondes de mon subconscient. 

C'est un rayon de soleil couchant ainsi que les miaulements de Duchesse qui me réveille quelques heures plus tard. Je traine à travers mon studio pour me rendre à ma salle de bain, ma chatte toujours sur mes talons. Comme prévu, la marque de mes draps barre toute ma joue droite et, bien que je n'ai pas de cernes, la fatigue se lit au fond de mes yeux ambrés. Du nerf ma fille !  Je me tapote les joues pour me redynamiser un peu, avant de me rendre sur la table de mon salon où règne un monticule de papiers. 

Je décide d'aller me faire un café et en profite pour remettre des croquettes dans la gamelle de Duchesse alias Satan. Puis je m'attèle à remettre un peu de discipline dans ce bazar. Je les classe par catégories. Une première pile, la plus conséquente, où je trie toutes les factures de la plus urgente à la moins importante. Une seconde qui contient des cas plus personnels et une troisième qui part directement à la poubelle. 

Je laisse de côté les quittances et prends la petite enveloppe où est mentionné une adresse qui fut longtemps la mienne avant que je parte pour la capitale. Je l'ouvre avec précaution et embrasse du regard l'écriture calligraphié de ma mère. J'ai coupé les ponts avec mes parents depuis 7 ans maintenant mais ma mère continue de m'écrire une fois par mois si ce n'est plus. Je ne lui réponds jamais et me contente d'accepter la somme d'argent qui accompagne la lettre. Je prends quand même le temps de la lire parce que ça me fait du bien de voir qu'elle n'a pas oublié ce qui a pu se passer et qu'elle se rappelle que j'existe. 

Lucifer in LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant