Chapitre 9 - Grace

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Cette maison n'a pas changé à part peut être le crépis blanc qui s'est légèrement noirci de pollution. Le porche arbore toujours une fissure et la cour avant est toujours aussi fleurie.

Cette maison est à la fois le lieu que j'aime et que je déteste le plus. Je me souviens des courses poursuites dans le jardin avec ma mère, de la première fois où j'ai fait du vélo sans les petites roulettes dans l'avenue. Ou encore des jours où on faisait des crêpes avec ma mère pour tous les enfants du quartier.

Ce quartier n'a rien avoir avec celui du Heavell où l'argent coule à foison. Ici les gens sont modestes et se contentent de ce qu'ils ont ou de ce qu'on leur offre.

La voiture de Lucifer jure au milieu des vieux tacos qui sont garés sur le bas côté.

Mon regard se pose de nouveau sur cette maison et je vois la silhouette de ma mère passé puis une autre beaucoup plus masculine. Je me souviens de lui et je frissonne. Hors de question que j'entre la dedans ! Et si Lucifer pense pouvoir me faire changer d'avis, il se fourre le doigt dans l'œil.

— Je veux que tu restes vivre ici quelques temps, répond t il à ma question.

Je manque de m'étouffer en avalant ma salive.

— C'est non.

— Tu n'as pas vraiment le choix, je ne peux plus assurer ta sécurité ni chez moi, ni chez toi. Alors ça sera ici. Ils ne penseront jamais à venir te chercher ici.

— Mais QUI ?

— Et revoir ta mère ne te fera pas de mal, esquive t il.

Mais revoir mon géniteur, si. Je ne l'appelle plus mon père depuis qu'il nous a abandonné ma mère et moi durant un an avant de revenir comme une fleur. A mon sens un père n'abandonne pas la chaire de sa chaire.

— Je-

— Vas y et si c'est vraiment insoutenable, on trouvera une autre solution.

— Et on peut pas directement passer au plan B ? tenté je dans l'espoir de partir loin de mon passé.

Mais comme a dit un grand sage : "Le passé c'est douloureux, mais on peut soit le fuir, soit tout en apprendre"

Et je l'ai fuit depuis bien longtemps. Il me faut pardonner à ma mère et peut être même... Non. Impossible. Je lui en veux beaucoup trop d'avoir infligé ça à notre famille.

— Grace...

— Ok.

On sort de la voiture et j'essuie plusieurs fois mes mains moites sur mon jean.

Lucifer pose sa main sur le bas de mon dos pour m'inciter à avancer mais je la repousse doucement. J'ai besoin d'y aller de moi même. Je regarde ce portillon comme si c'était un obstacle insurmontable puis m'avance avec la lenteur d'un escargot.

Je l'ouvre dans un grincement d'acier et je monte les marches une à une, Lucifer à ma suite. Arrivée devant la porte, je n'arrive pas à toquer. Il y a du bruit derrière la porte et elle s'ouvre sans que j'ai eu besoin de m'annoncer.

Un visage rond que le temps à épargné. Des yeux chocolats qui me fixent, étonnés et heureux. Des bras potelés qui s'ouvrent, m'invitant à venir m'y loger. Je la sers fort contre moi et son odeur de cannelle remplit mon nez.

— Moi aussi ma chérie tu m'as manqué mais là tu m'étouffes, rigole t elle.

Je rigole avec elle mais ne la lâche pas pour autant. Je pleure et rompt notre étreinte pour éviter que mes larmes de crocodile mouillent la laine de ma mère. Je me recule et regarde derrière elle.

Lucifer in LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant