Chapitre 3 - Grace

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Pour la première fois depuis un an, je me réveille dans les bras d'un homme et je m'y sens bien. Sa peau est douce et chaude sous ma main posée sur son flanc. Mes yeux restent quelques instants rivés sur son ventre qui monte et s'abaisse au rythme de sa respiration. Puis je les relèvent pour rencontrer son regard perçant. On ne parle pas, on se contente de se regarder. Puis sa voix rauque de sommeil brise le silence.

— Merci

Mes yeux parcourent son visage et je me rends compte qu'il n'a pas dû prononcer ce petit mot bien souvent. Pourtant ce n'est pas pour ça que je vais le féliciter. Je suis pas sa mère !

Je me dégage doucement de ses bras, puis me rappelant où se situe la salle de bain dans ce labyrinthe, je pars me débarbouiller. Comme chaque matin, me passer de l'eau sur le visage me dégrognonise et me permet d'affronter une nouvelle journée.

— Tu peux utiliser la douche ou la baignoire, fais à ta guise. Tu veux un café ? me demande Lucifer depuis ce qui doit être la cuisine.

— J'dis pas non pour le café,  haussé je la voix pour me faire entendre.

Je me détourne de mon reflet et mon regard oscille entre la douche et la baignoire avec hésitation. Je retourne dans la chambre chercher mes affaires de la veille, faute de mieux, puis reviens sur mes pas et opte pour une douche bien chaude. C'est pas moi qui paie la facture et c'est pas comme si M. Blackwell manquait de moyens. Je ferme la porte à clé juste au cas où. Je n'apprécierai pas me retrouver en tenue d'Ève devant mon patron. Oui bon ok, c'est déjà arrivé mais j'ai pas l'intention de recommencer de sitôt. Mais qu'est ce que je raconte moi, j'ai pas DU TOUT l'intention de réitérer l'expérience. 

Je me lave avec un savon à la pomme, et me rhabille avec les vêtements de la veille. De ma poche, je sors la boule de billets qui s'y logeait et compte le total de mon pourboire de la nuit qui s'élève à 300 euros. Si on l'ajoute à celui de mon premier service, ça me permet largement de me payer mon loyer. 

— Pourquoi regardes tu cet argent avec tant d'intérêt ? fais une voix qui me fige.

J'ai l'impression d'être une enfant prise la main dans le sac de bonbon alors qu'en réalité je ne fais rien de mal ou de répréhensible. Pourtant je me sens rougir jusqu'à la racine de mes cheveux.

— Hum, je comptais juste mes revenus d'hier soir

— Tu as besoin d'argent ? Parce que si...

— Non ! C'est juste pour éviter...les huissiers, le coupé je en prononçant le dernier mot très bas, je n'ai pas envie de dévoiler mes problèmes et surtout pas à cet homme qui sent le danger à plein nez. 

Heureusement, il ne relève pas et me met la tasse de café bouillant entre les mains. Ses doigts me frôlent, provoquant de petits frissons agréables le long de mon échine dorsale, tandis qu'il me fixe. Ne surtout pas plonger dans ses yeux, ne surtout pas... trop tard. 

Je secoue la tête pour chasser toutes pensées le concernant. Non mais franchement, j'ai l'impression d'être une adolescente qui découvre les papillons dans le ventre et tout le tralala. On ne prononce pas un mot, puis je récupère mes affaires et rentre chez moi, après avoir passer la matinée la plus étrange de ma courte existence.  

***

La première chose que je fais en rentrant dans mon studio est de prendre Duchesse dans mes bras. La féline ne semble pas se soucier pour un sous de mon absence, du mois tant que la gamelle est pleine. C'est d'ailleurs ce que je m'assure de vérifier tout en démêlant de mes doigts le poil blanc et soyeux de ma chatte. Je la repose au sol au bout de quelques minutes pour la laisser faire sa vie et ainsi pouvoir changer sa litière. Puis je paye mon loyer et mes impôts avec les économies qui me restait et l'argent que je me suis fais.

Je mange des pates pour le midi et dors jusqu'à ce que l'heure vienne pour moi d'aller bosser. J'arrive avec un quart d'heure d'avance, ce qui me laisse le temps de bien installer la salle et d'aller faire un tour dans la salle de poker pour vérifier qu'elle est bien en ordre avant l'arriver des habitués. 

Je m'apprête à repartir lorsque j'entends deux voix étouffées en train de dialoguer avec animation. Je peux reconnaitre la voix de Lucifer et celle de la bombe qui travaille au comptoir qui se trouve dans mon dos, Maise, si mes souvenirs sont exactes.

— Lucifer, les démons ont fait une percée cette nuit. A 40 km d'ici. Ils n'ont jamais été aussi proches et tu sais aussi bien que moi que c'est ton sang qui les appelle.

J'ai l'impression qu'il se passe une éternité avant qu'il lui réponde un ton au dessus.

— J'en ai rien à foutre, Maise !

Silence.

— Tu dois reprendre ta place. Tu es le Roi des Enfers que tu le veuilles ou non

Je suis encore clouée par ce que j'ai entendu et ce que cela signifie mais il faut que je déguerpisse. Je fais demi-tour puis m'arrête lorsque j'entends Lucifer hurler. Son cri est guttural et glaçant. Mon cœur saute un battement puis repart au galop, diffusant dans tout mon corps de l'adrénaline qui me pousse à remonter à l'étage. 

Les heures passent, les clients défilent comme les questions dans ma tête. Je prends ma pose vers 1h du matin et vais me planquer dans les chiottes où je croise une fille qui vient clairement de se vider l'estomac à cause de l'alcool. Je m'enferme dans une cabine et dégaine mon portable. Je tape "démons théories" dans Google et tombe sur des sites de chasseurs de démons. Ils assurent tous l'existence des ces êtres mythiques, qu'ils ne faut jamais s'en approcher et que s'y vous avez le malheur d'en voir un, il ne vous reste plus qu'à prier pour qu'ils ne vous trouve pas. Bien évidemment je suis dubitative mais c'est ma seule piste. 

Quand je regarde les journaux des petites villes alentours dans un rayon de 50 km, je vois que celui d'une bourgade à l'est mentionne un tremblement de terre en pleine nuit qui a momentanément coupé l'électricité mais qui ne semble pas avoir d'explication. Mon instinct de journaliste me souffle que c'est de ce coté là que je dois chercher. Je ne sais pas où cette piste va me mener mais pour l'instant le devoir ou plutôt les cocktails m'appelle.

***

Ma journée est enfin terminée après avoir du servir nombres de consommateurs plus que lourds.

Je n'ai pas vu une seule fois Lucifer de la soirée et ce n'est pas plus mal car je n'aurai pas su quoi lui dire. Je me sens un peu coupable d'avoir écouter aux portes mais juste un peu, la curiosité reprenant le dessus.

Je marche, seule, dans la rue sombre qui mène à mon immeuble. Je commence à cherche mes clés dans mon sac à main et arrête tous mouvements lorsque je me rends compte de la présence de quelqu'un sur mon perron. C'est un homme, mais pas n'importe lequel, c'est mon pire cauchemar : c'est Hunter. 

                    

J'avais oublié que j'avais coupé ce chapitre en deux pour conserver le suspens. J'espère qu'il vous à quand même plus.

Merci d'avoir lu et à dimanche prochain !

Kiss.

Lucifer in LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant