Lucifer in Love

Chapitre 20 - Grace

Je reste plantée devant mon armoire comme un lapin devant les phares d'une voiture, ne sachant que choisir entre une robe bleu profond à col américain ou un haut manche longue en velours émeraude avec des épaules dénudées. J'ai, presque malgré moi, fait en sorte que le sceau sur mon épaule ne soit pas visible, ne me sentant pas à l'aise avec les marques gravées pour toujours sur mon corps.

Azazel m'a dit que le Comptoir Royal était un lieu branché possédant une vaste clientèle. Apres réflexion je choisis la deuxième option. Associé à un pantalon noir plissé et fluide ainsi qu'à une paire de talon, le résultat est un parfait équilibre entre élégance et simplicité.

Je sors de ma chambre et tombe nez à nez avec Azazel.

— Tu es prête ?

Je hoche la tête même si je suis un peu anxieuse. Parce que maintenant je sais qui je suis pour Lucifer et qui il est pour moi. Azazel me propose son bras et je l'accepte volontiers. On se mène tranquillement dans la nuit étoilée vers Asphodèle. Nous discutons de tout et de rien sans être gêné lorsque le silence s'installe entre nous. Puis viens le moment où nous arrivons devant le restaurant. La nuit ne fait qu'embellir le bâtiment. Elle donne l'impression que la pierre s'illumine d'elle même, comme si c'était dans sa nature de briller.

Je sens à peine qu'Azazel s'éclipse lorsque Lucifer s'offre à mes yeux. Sublime. A moi. Majestueux. Mon âme sœur, mon Roi. Costume chic noir. Chemise légèrement déboutonée qui laisse apparaître la peau de son torse. Ce n'est que maintenant que je me demande comment il fait pour que ses ailes passent dans ses vêtements. Puis je me souviens que les demons on la fâcheuse tendance de se balader dans leur plus simple appareil et que ce genre de problématique les concerne donc peu.

Son pantalon met en valeur la musculature de ses cuisses. Ses chaussures sont si bien lustrées que je pourrais y voir mon reflet. Il descend les marches et n'importe quel passant peut admirer l'aura qui se dégage de lui et qui lui confère une impressionnante puissance naturelle. Comme à chaque fois qu'il se rapproche de moi, je dois me dévisser le cou si je veux garder le contact visuel. Il me dévore littéralement du regard et sa main se lève doucement pour replacer une mèche rebelle qui s'est échappée de mon chignon abstrait.

— Tu es sublime, me complimente t il alors que je sens mes joues chauffer à mesure que je rougis.

Il me propose son bras et je l'accepte volontiers. On monte quelque marches en pierre qui mène à un petit porche peu éclairé. Nous entrons dans le restaurant. La lumière est tamisée assombrissant les couleurs et les rendant plus tentatrices et séduisantes à l'œil. Les tables blanches contrastent avec les murs foncés et des plats copieux règnent dessus. La salle est déjà bien pleine. Les clients sont tous différents en thermes d'âge, de vêtement, de physique mais il ne semble pas y avoir de disparité de classe sociale.

— Les démons doivent travailler ? demandé je à Lucifer alors que celui ci m'entraine vers une table à l'écart des autres.

— Ils n'y sont pas obligés. Mais si ils veulent plus qu'une habitation et de quoi se nourrir, ils vont devoir contribuer au fonctionnement de leur monde. En vérité, la plupart travaillent pour échapper à l'ennui. Même certaines âmes qui sont là depuis longtemps choisissent de bosser, ils le font parce qu'ils croient ne jamais partir mais en réalité c'est en effectuant cette action qu'ils se guérissent et accèdent à la Réincarnation.

La Réincarnation. Un processus inévitable qui finira par m'emporter loin d'ici.

***

Je sens sous la table que nos genoux ne cessent de se frôler et nous restons là à nous épier l'un l'autre dans un silence bruyant. Des questions tourbillonnent dans ma tête. Tu es plus idiote que ce que je pensais. C'est faux. Es tu trop froussarde pour poser tes questions ?
Mon regard tombe sur ses mains dans les phalanges sont rougis et éraflées. C'était ça son imprévu ?