Lucifer in Love

Chapitre 22 - Lucifer

Grace est vraiment adorable quand elle dort. La couverture la recouvre jusqu'au nez et ses cheveux sont éparpillés sur le coussin. J'aimerais rester près d'elle mais malheureusement j'ai du travail. Je lui laisse un petit mot pour qu'elle sache où me trouver à son réveil, puis me rends dans mon bureau. 

*** 

Apres deux heures à plancher sur l'économie et les résultats de certaines mesures sociales, je convie Azazel pour une discussion de la plus haute importance. Il est assis en face de moi et attend mes directives. 

— Comme je te l'ai dit il y a de ça deux jours, mon père dans toute sa fourberie a réussi je ne sais comment à celer l'entrée des Enfers pour moi seulement. C'est pourquoi j'ai besoin de toi. La guerre n'est pas encore déclarée mais ça ne devrait tarder. Nous avons un, deux ans tout au plus, pour nous préparer. Je souhaite que tu me remplaces sur Terre pour continuer à faire tourner mon entreprise. Dieu tire sa force de la croyance des Hommes alors il faut que ceux ci ne puisse plus penser ou du moins que leurs pensées soient altérées. Développe les différents trafics de drogue, inonde la planète d'armes, fait proliférer les pandémies. Je veux que durant la bataille, ce soit le chaos. Va, j'ai confiance en toi. Tu peux revenir au Royaume autant que tu le souhaites à condition que tout soit prêt dans les temps. Et fais attention à toi, tu restes mon ami, mon lieutenant, peut être un jour seras tu mon témoin mais tu es avant tout mon frère. 

Il hoche la tête. Rien de plus, ce n'est pas nécessaire. Je range les différents dossiers et descends dans les jardins sud. Une grande prairie y est aménagée et un sifflement me suffit pour que mes quatre chevaux me rejoignent : Altaïr, Antarès, Aldébaran et Rigel. Ils semblent contents de me voir et réclament leurs lots de gratouilles. Mes mains caressent leurs encolures chaudes et je les laissent évoluer autour de moi. Altaïr est de loin le plus sociable et reste donc en contact quasi permanent. C'est gratifiant qu'un animal aussi fière et majestueux vous montre autant de respect et d'appartenance. 

Je ressens une présence dans mon dos et si par reflexe je me serais retourné, il n'y a point de raison de le faire puisque je sais exactement qui se situe derrière moi. Si je me concentre, je peux même entendre son cœur qui bat à la vitesse du galop de mes chevaux et sentir la fragrance de l'huile d'amande douce qu'elle s'applique sur le corps. 

Je finis par faire volte face et découvre Grace avec ses cheveux, maintenant longs, qui tombent en cascade sur un peignoir ocre en satin dont l'ouverture est mollement celer par un nœud lâche.  Elle est absolument magnifique, ma mâchoire en tombe. Cette vision m'agace autant qu'elle me ravit à l'idée que d'autres puissent la voir dans cette tenue. Elle s'approche en sachant pertinemment l'effet qu'elle produit sur moi.

Cependant son assurance en prend un coup lorsqu'elle se retrouve assaillie par quatre chevaux de cendre qui la bousculent gentiment pour réclamer des caresses. Un long sifflement de ma part les rappelle à l'ordre et ils exécutent une belle révérence à l'intention de Grace. Le sourire qui s'épanouit alors sur son visage est splendide. Les requêtes de mes chevaux reprennent et elle semble débordée mais heureuse.

Finalement, elle court vers moi et se jette dans mes bras pour leur échapper. Son rire résonne comme une cloche de verre au milieu de la prairie alors que je me laisse tomber. Mais Rigel vient farfouiller dans ses cheveux et Aldébaran chatouille ses côtés. Elle rit de plus belle et se tortille contre moi. Et j'avoue moi aussi je ris. Avec Grace c'est plus souvent qu'avant. Avant rire était pour moi presque une sensation étrangère. Tout comme aimer. Ces sensations étaient si lointaines que je ne pensais pas encore pouvoir les éprouver. 

Je sers doucement Grace contre moi et je me sens bien. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Ses doigts tracent des arabesques dont elle seule a le secret sur ma poitrine. Elle est douce ma petite humaine et elle me rend fragile mais ce n'est pas grave. Au contraire.