Chapitre 26 - Lucifer

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Son sang est sucré. Il roule sous ma langue comme un bon vin de grand cru. Je sens son pouls ralentir mais il faut que j'en prenne plus. Il m'en faut plus. Arrête toi. Encore une gorgée. Son cœur ralentit. Maintenant ! Je retire mes crocs de sa gorge. Grace est inconsciente mais son cœur bat toujours alors rien d'anormal. L'envie de lui prendre encore un peu de sang me ronge le ventre et le cerveau. Au lieu de céder à la tentation, je prends la dague que Grace a déjà utilisé pour donner la mort et la liberté. Je m'entaille le poignet et dès que mon sang jaillit, je pose mon avant bras contre sa bouche.

— Mon cœur, bois, fais je doucement en caressant sa joue.

Ses yeux papillonnent. Je savais bien que faire l'amour était vraiment une mauvaise idée. Mais je ne regrette pas pour autant notre moment partagé. Elle met plusieurs secondes avant de trouver le moyen de boire le liquide vermeil. Elle pousse des grognements gutturaux à mesure que ses lèvres se couvrent de rouge. Elle s'étoufferai presque. Je sens que je m'affaiblis un peu plus à chaque gorgée. Une envie de dormir s'empare de moi mais elle est vite chassée quand Grace commence à se tordre dans tous les sens. Merde ! Qu'est ce qu'il se passe ! Je ne sais absolument pas quoi faire à part attendre. Je ne me suis jamais senti autant impuissant qu'à cet instant où je regarde le corps de ma femme convulser sous mes yeux tandis que mon cerveau divague à cause du manque de sang. Puis d'un coup, plus rien. Je touche sa peau. Elle est glacée alors je la glisse sous les draps et la prend dans mes bras en priant pour qu'elle se réveille bientôt. 

***

Bien qu'épuisé par le sang que Grace m'a pris, je n'ai pas dormi de la nuit, trop inquiet de l'état de ma reine. Et ayant envoyé Azazel sur Terre, j'ai du courir jusqu'à Asphodèle pour y trouver Halsa. Elle en revanche a refusée de faire un sprint pour voir Grace et s'est donc contentée d'un pas rapide et énergique. Elle a ensuite passé une heure à désinfecter la morsure et à prendre ses constantes vitales. Elle m'a dit de la laisser travailler et de ne pas revenir tant qu'elle ne m'aurait pas fait appeler.

Alors c'est pour ça que je suis assis à mon bureau situé au sommet du palais depuis ce matin.
J'ai sous les yeux la liste de mes généraux, de mes lieutenants et mon nombre de régiments qui s'élève à un peu moins de quatre vingts. Je me lève et me dirige vers l'écurie en passant par des portes dérobées. Je laisse Altaïr se reposer et choisi plutôt de sortir Aldébaran, beaucoup plus fort et solide sur ses pieds, taillé pour la mission qui m'attend. Je le bride, puis glisse mon pied dans l'étrier pour l'enfourcher. On s'élance au galop avant de ralentir le pas  lorsqu'on arrive près des montagnes du Tartare. Le chemin le long du flan de la montagne est escarpé mais la vue est absolument magnifique. Le soleil fait luir les toits lointains d'Asphodèle ainsi que la pierre qui constitue mon palais.

J'arrête Aldébaran lorsque nous sommes arrivés à destination. Une énorme faille se trouve dans la roche et il est de mon devoir de la refermer. Si jamais elle venait à être découverte par des Hommes, il me faudrait les exécuter et si c'était des anges ce serait un massacre, il y aurait des pertes des deux côtés surtout avec la guerre qui se profile.

Je descends de cheval avant de sortir ma dague. J'entaille légèrement mon index et l'appui sur la montagne pour que le sang rentre en contact avec les pourtours de la faille.

— Toi qui ouvres les profondeurs de la terre et exposes à la lumière, refermes toi pour nous protéger.

Ma main picote alors que la magie passe à travers mon corps. Je suis le conducteur qui permet à la faille de se fermer.

Une fois que la montagne cesse de trembler, j'enfourche à nouveau Aldébaran et continue mon ascension jusqu'à la prochaine faille. Il me faut deux heures pour refermer toutes les failles et arriver au sommet. Ma monture est épuisée. Le vent souffle et siffle tandis que je regarde le soleil se coucher. Ses rayons réchauffent chaque parcelle de ma peau découverte. Des qu'il a disparu derrière la ligne de l'horizon je commence ma descente.
Pour ménager Aldébaran, je fais le retour au petit trot. Quand je passe les portes, il fait déjà nuit. Comme je ne sais pas si Halsa m'a fait demander ou non je vais toquer à la chambre de Grace. J'entends le peine dormant et la tête blonde de la guérisseuse apparaît dans l'entrebaillement de la porte.

— Comment se porte t elle ?

Pour toute réponse, elle ouvre le battants en grand et me laisse entrer. Je regarde Grace et d'aussi loin elle semble morte. Je l'aurais cru si je n'entendais pas les battements désordonnés de son cœur. Quand je touche sa peau, elle est tiède, ce qui me rassure un peu.

— Touche sa tête.

La voix ne laisse transparaître aucune émotion. Je m'exécute. Je sursaute. Il y a deux bosses qui se forme au sommet de son crâne.

— Passe ta main dans ton dos.

J'obtempère. Mes yeux s'ecarquillent. Je sens deux proéminences.

— C'est impossible..., chuchoté je

— Et pourtant il semblerait qu'elle soit en train d'effectuer une transformation totale. Une première depuis que les demons existent.

Je caresse sa joue. Je savais déjà qu'elle était extraordinaire.

— Tout se déroule normalement ? demandé je par acquis de conscience.

— Je ne saurais le dire

Je me retourne vers Halsa.

— C'est la première fois que ça arrive, je ne sais donc pas combien de temps la transformation est sensée durée et si sa température est normale. Mais à priori ça se passe plutôt bien.

Je suis anxieux. Si jamais elle venait à mourir définitivement... Je n'ose même pas y penser.

— Je vais dormir ici.

— Je ne préfère pas, il faut éviter de rentrer en contact avec son corps, on ne sait jamais.

— Tu sais très bien que je ne pourrais pas dormir.

Alors je me déshabille avant de me transformer en panthère. Je m'étire avant de me pelotonner au pied du lit. Cette situation qui pourrait sembler dégradante, ne me fait ressentir aucune honte.

***

Aujourd'hui se déroule de la même manière qu'hier à l'exception que j'ai pu dormir à peu près correctement. J'ai également eu droit à une visite de Lilith qui m'a entretenu en ses termes: "Si elle meurt, je te tue, roi ou pas". J'en ai été ravi car ça signifie que Grace a trouvé une véritable amie qui la défendra même contre moi. Le soir je retourne près de Grace mais rien n'a changé.

***

Mes journées se ressemblent et se succèdent, la seule chose qui change, c'est l'inquiétude qui grandit en moi. Comme c'est le cas depuis une semaine, je toque et Halsa m'ouvre. Mais cette fois quand je passe le pas de la porte, je sens que quelque chose à changé. J'écarte les voilages... Physiquement, Grace a achevé sa transformation. Des cornes d'addax ornent sa tête, allongeant sa silhouette. D'immenses ailes d'un blanc immaculé pèsent à présent dans son dos. On dirait un ange.

Je m'assois sur le bord du lit et replace une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Sa peau est brûlante mais je n'entends plus son cœur. Alors que je m'apprête à partir je detaille une dernière fois son visage.

— Si tu savais depuis quand je t'attends.

Mon regard remonte vers ses yeux fermés. Mais c'est faux, ils sont bien ouverts. Contre toute attente, ils ne sont pas rouges comme les autres démons. Non, ils sont d'un or pur comme les miens.

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Sincèrement désolée de cette semaine de retard du à de récentes épreuves.
Bref voici le chapitre de ce dimanche, j'espère qu'il vous aura plus. On se dit à dans deux semaines.
Merci d'avoir lu
Kiss

Lucifer in LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant