Chapitre 5 - Grace

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C'est comme ça que je me retrouve un vendredi matin dans une voiture loué en direction de Bielford, la fameuse petite ville au tremblement de terre mystérieux. J'arrive à conduire malgré ma hanche en mauvais état mais cela ne se fait pas sans douleur.

J'ai quitté Lucifer avec une sensation étrange dans le ventre comme si mon corps était contre mon éloignement de cet homme. Ce qui est tout à fait illogique puisque je ne ressens rien pour lui à part peut être de la reconnaissance.

Je mets un peu de musique et chante sur tout les titres jusqu'à ce que passe la chanson de notre histoire, la chanson de nos débuts.

Les souvenirs remontent à toute vitesse.

Je me rappelle l'odeur des lilas qui ornaient l'arche près de l'eau où on adorait passer le temps en regardant nager les canards. Un soir il avait même escaladé l'arche pour cueillir la dernière fleur de l'arbre et me l'offrir.

Puis je me souviens comment tout a basculer.

Il est devenu moins romantique quand on était que tout les deux.

Ça a commencé par des insultes dû à une soit disant mauvaise action de ma part, suivis de périodes où il était fou de moi.

Au fur et à mesure, j'ai fini par croire moi même que c'était de ma faute et que je méritais ce qui m'arrivait. C'est à cet instant qu'il est passé à la vitesse supérieure et qu'il a commencé à me frapper puis il m'a séquestré pour mieux abusé de moi.

Ça a duré une semaine avant que l'université réagisse et envoie les services sociaux. Bien évidemment Hunter a tout nié en bloc et a fait pression pour étouffer l'affaire. Je me suis promis après ca de ne plus jamais tomber amoureuse et surtout de ne plus laisser quiconque m'enfermer. 

Ce qui me sidère le plus c'est que ça soit à Lucifer que je me suis confié hier soir alors que je n'en avais jamais parlé avant. Il n'y a pas à dire cet homme est dangereux. Il a réussi à me faire parler de chose les plus intimes en quelques minutes.

Bielford, indique le panneau recouvert de lierre à l'entrée. Je ralentis et me gare devant un petit immeuble biscornu où un petit néon affiche "auberge de jeunesse". Je prends le sac dans mon coffre avant de me diriger vers l'entrée du bâtiment. 

Tout semble vide si bien que j'en viens à douter que des personnes vivent ici. Je m'avance à petits pas jusqu'au centre du hall et détaille la pièce avec minutie. Je remarque quelques minuscules fissures qui lézardent les murs et un léger décollement du papier peint blanc à fleurs.

— Bonjour Madame, puis je vous être utile fait une voix sur ma droite.

Je sursaute légèrement puis me tourne pour apercevoir une jeune femme blonde tout à fait charmante qui me sourit poliment.  

— Euh... oui. J'ai réservé une chambre pour trois nuits au nom de Grace Lenally. 

— Bien sûr, je vous attendais, veuillez bien me suivre. 

Je lui emboite le pas et on parcours un long couloir à moquette - surement flippant de nuit - jusqu'à ma chambre dans un silence qui me semble pesant. Elle déverrouille la porte à l'aide d'une carte magnétique qu'elle me tends par la suite. Elle n'ajoute pas un mot et me plante là. 

Bon pour l'accueil on repassera, pensé je en prenant possession des lieux. 

*** 

Ça fait déjà deux jours que je suis ici et je n'ai encore rien trouvé. Le premier jour j'ai commencé par chercher des informations sur le tremblement de Terre et j'ai interrogé quelques personnes dans les rues, mais personne ne savait rien. Alors le deuxième jour malgré ma hanche toujours douloureuse, j'ai parcouru tout le sud de la ville dans un rayon de 30 km mais je n'ai rien trouvé. Il ne me reste plus qu'aujourd'hui avant de devoir reprendre ma vie là où je l'ai laissé. 

Je sors du parking ouvert de l'auberge vers 11h et fait pareil qu'hier mais dans toute la partie nord. Je tombe sur une petite crique et m'y arrête pour déjeuner. Je m'assois sur un rocher et croque dans mon sandwich en regardant le remous de la mer. 

En y réfléchissant, je me dis que je me suis peut être imaginé des choses ou le mur du sous sol a déformé certains mots de la conversation entre Maise et Lucifer ou encore mes parents avaient raison et je suis juste une bonne à rien qui ne réussira jamais. Cette pensée me replonge dans mon enfance chaotique.

Je ferme les yeux pour voir l'impression du visage de mon père sous mes paupières. Je me rappelle sa barbe de quelques jours parsemés de blanc tout comme ses cheveux, et ses yeux clairs qui semblaient emplie de sagesse mais qui cachaient en réalité un père abusif. Un homme m'ayant abandonné à la naissance mais qui m'a laissé vivre dans sa maison durant dix huit ans. Il a passé toutes ses années à me culpabiliser de ne pas être un garçon. Il m'avait rejeté parce que j'avais eu le malheur de ne pas naitre avec une bite alors que lui allait fourrer la sienne dans d'autres femmes que ma mère qui avait failli demandé le divorce.

Je me suis éloigné de lui dès ma majorité et ai poursuivi mes études de journalisme avec détermination et rage de réussir pour pouvoir lui montrer qu'il avait tort. Mais pour l'instant je n'ai rien prouvé du tout et je me retrouve à essuyer des verres tard le soir ou plutôt tôt le matin.

***

On est entre chien et loup et je roule vers la ville toujours bredouille. Les nids de poules qui jonchent la route tortueuse passant au milieu d'un petit bosquet de pins, font tressauter la voiture et moi avec. Alors que je désespère de trouver quelques choses  de concluent, j'aperçois un homme qui marche à travers les bois. Je ne sais pas pourquoi mais je ralentis légèrement pour mieux l'observer et il doit le sentir car il accélère le pas jusqu'à courir à une vitesse clairement pas humaine. 

Je m'arrête sur le bord de la route et sors de ma bagnole précipitamment. Je cours, saute par dessus des branches et déboule sur un grand champs de blé. L'homme n'est plus en vue. Je n'ose pas sortir à découvert. Et d'un coup, un homme avec deux grandes ailes dans le dos s'élève des tiges dorés. Puis un autre et encore un autre jusqu'à ce qu'il y en ai plus d'une dizaine. 

Je fais un pas en arrière lorsque l'homme que je poursuivais descend d'une branche au dessus de moi.  Ses yeux sont de la couleur du sang et des ailes noires s'épanouissent dans son dos. C'est en le détaillant que je me rends compte qu'il est complètement nu. 

— Tu n'aurais jamais du me suivre, petite humaine. 

Je tremble de tous mes membres mais trouve tout de même, je ne sais où, le courage de répondre. 

— Je... je ne suis pas p-petite. 

Il sourit ce qui me permet de voir que ces dents sont maculés de rouge. J'aura aimé rester de marbre mais je ne peux m'empêcher de hurler à pleins poumons. Le cri strident qui m'échappe fais grimacer l'homme ou devrai je dire le démon car à présent je ne doute pas le moins du monde que c'en soit un. Il m'attrape par le poignet et me tire à lui pour pouvoir mettre sa main sur ma bouche. Je me débats tandis qu'il se retourne et avance vers ses congénères comme si je n'existais pas. Mais il n'a pas fais deux pas que les démons face a nous se figent et qu'une voix grondante retentit dans mon dos. 

— Je serais toi je la lâcherais. 

Le démon qui me tient pivote lentement. Devant mes yeux se trouve alors un Lucifer aux yeux dorés mais dépourvu d'ailes. Il est magnifique, tout de noir vêtu, une brise qui vient taquiner ses cheveux et un corps svelte tendu, près a sauter sur mon détenteur. 

— Rends la moi et repars d'où tu viens si tu tiens à la vie, Malphas, menace t il en montrant les crocs.

Oui, les crocs !

— Tu n'as pas encore oublié les tiens mais ça finira par arriver et tu ne pourras pas toujours nous tenir éloigné de ce monde de chair fraiche, réponds le concerné avant de littéralement me jeter dans les bras de Lucifer. 

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Petite annonce: je pars en vacances à l'étranger durant trois semaines, je n'aurai donc pas forcément accès à internet, ce qui m'empêchera de poster à l'heure.
Je posterai à mon retour au moins deux chapitres si je ne peux pas poster durant le voyage.

Merci d'avoir lu

Kiss

Lucifer in LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant