Chapitre 2 - Partie 2

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Le lendemain matin, Alice accompagna son frère à l'école plutôt que de le laisser y aller en bus. Non pas parce qu'elle n'avait plus confiance en lui, elle savait très bien qu'il aimait trop apprendre pour sécher les cours, mais plutôt pour se rassurer elle-même. Elle s'en voudrait toute sa vie s'il lui arrivait quelque chose. Elle s'était promis de le protéger envers et contre tout et refusait de faillir à sa tâche. Il représentait tout, absolument tout à ses yeux. Elle savait qu'elle ne pourrait pas toujours être sur son dos mais pour aujourd'hui, elle allait combler son besoin d'être rassurée.

Une fois son frère déposé, l'inquiétude continuait de la ronger. Elle remettait toujours en question sa capacité à prendre soin de lui. Son inattention faillit lui coûter un gros accident de la route. En effet, elle n'avait même pas remarqué la voiture venant de sa droite qui avait dû freiner brusquement afin de ne pas la percuter. Elle se prit un bon coup de klaxon et probablement un tas d'insultes bien méritées. Cela avait eu le mérite de lui permettre de se reconcentrer.

Quelques minutes après, elle arriva finalement au poste de police. Elle passa devant l'accueil et découvrit sans surprise que Luca, un de ses anciens camarades de classe mais aussi le fils du commissaire du poste était une fois de plus en retard. Rien d'inhabituel en soit. L'amitié de Luca et Alice datait de l'école primaire mais avait parfois été parsemé de moments difficiles. Le jeune homme ressentait des sentiments différents de ceux de son amie. Des sentiments auxquels elle ne pouvait pas donner satisfaction. Mais lorsqu'elle Alice a réussi son examen d'école de police, Luca, qui lui avait échoué, lui en voulu terriblement. Rongé par la jalousie, il ne lui avait plus adressé la parole, jusqu'à réussir lui-même le concours un an plus tard. Il lui avait fallu réussir pour comprendre à quel point il était ridicule d'avoir envié la réussite de son amie. Depuis, il regardait de nouveau Alice d'un œil fasciné. La jeune femme détestait cela. Mais bon, il savait qu'Alice ne partageait pas ses sentiments et faisait des efforts pour se montrer discret.

- Bonjour Alice, alors comment te sens-tu aujourd'hui ? demanda le commissaire en interrompant le cours de ses pensées. Adam s'est-il remis de ses émotions ?

- Lui oui, moi un peu moins... J'ai passé ma nuit à imaginer toutes les conséquences possibles de ses actes, expliqua-t-elle un air las sur le visage.

- C'est normal de t'inquiéter pour lui, mais il ne devrait pas y avoir de soucis, ajouta l'homme, un sourire rassurant derrière sa grosse moustache brune. Je n'ai reçu aucun appel concernant cette histoire. Seulement un coup de fil de Mme Dubois, elle dit qu'on a tenté de la cambrioler. J'ai laissé l'adresse sur ton bureau. Dès que Luca arrive, allez recueillir sa plainte et faire les premières constatations.

- Très bien chef, merci, répondit Alice en se dirigeant vers son bureau.

- Et ne t'en fais pas pour monsieur Monet, si jamais il venait à déposer une plainte, tu serais la première au courant, affirma-t-il. Et prends-toi donc un café en attendant, ça va te faire du bien.

Le commissaire retourna s'installer à son bureau tandis que la jeune femme se remplissait un grand mug d'eau bouillante. Elle n'avait jamais aimé le café y préférant le thé, mais monsieur Begot ne parvenait pas à comprendre qu'on ne puisse pas apprécier sa boisson de prédilection. Dans sa tête, tout le monde buvait du café.

Alice s'assit à son tour sur son fauteuil et déposa la tasse fumante à côté du clavier de son ordinateur. Mais, intriguée par tout ce que lui avait dit Adam, elle ne put s'empêcher d'utiliser le peu de temps qu'elle avait à disposition pour effectuer quelques recherches sur monsieur Monet. Elle commença son travail d'investigation sur internet. Elle tomba d'ailleurs sans le savoir sur le même article que lui. Apparemment, le décès de l'épouse du vieil homme s'était produit dans des conditions toujours inexpliquées à ce jour. Alice n'aimait pas les problèmes sans solution elle devait en savoir plus sur ce décès prématuré. Elle poussa donc ses recherches un peu plus loin en fouillant dans les dossiers des enquêtes clôturées. Le dossier qui traitait de la mort de Mila Monet comprenait un nombre de pages incroyables. Alice aurait beaucoup de travail si elle désirait en étudier chaque ligne. Par chance, la première page était un résumé de toute l'enquête. Elle découvrit ainsi que monsieur Monet avait tout d'abord été accusé du meurtre de son épouse et emprisonné pendant cinq ans avant qu'il ne soit admis que la mort de sa femme était accidentelle. Le dossier mentionnait aussi que leur enfant avait assisté à la mort de sa mère et placé en famille d'accueil jusqu'à la libération de son père. Le garçon avait toujours soutenu la cause de l'accident mais les enquêteurs avaient décrété qu'il désirait seulement protéger son père. « Pauvre enfant, pensa Alice, il a tout perdu en quelques jours... ». Cette histoire était si triste... Tout à coup, elle se sentit coupable pour ce que son frère avait malencontreusement fait subir à monsieur Monet. Elle devait aller s'excuser auprès de lui pour l'attitude d'Adam.

Le Livre de ThémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant