Le Livre de Thémis

Chapitre 19 - Partie 1

Trois jours avaient passé, et Adam, enfin sorti de l'hôpital, avait finalement pu reprendre l'école. Il aimait tellement apprendre qu'être dispensé de cours l'avait rendu bien plus malade que de se faire opérer de l'appendicite. Son retour avait redonné à la maison la petite étincelle de vie qui lui manquait.

Alice et Charlie n'avaient pas eu à lui expliquer la nouvelle tournure de leur relation, il l'avait tout de suite su, tout de suite vu, la vérité étant aussi éclatante qu'un soleil d'été. Le garçon avait bondi de joie. Son espoir que Charlie fasse réellement partie de la famille ayant pris vie, il s'était jeté dans ses bras et avait même versé quelques larmes. Sa grande sœur, elle, avait regardé la scène, attendrie, avec l'agréable sensation d'offrir enfin à son petit frère un semblant de normalité. Mais son retour du travail était bercé d'inquiétudes. Non pas que la journée fut mauvaise, au contraire. Il s'agissait plutôt de ces cauchemars nocturnes qui avaient hanté sa matinée, la harcelant à chaque seconde en se rappelant à sa mémoire comme un marchand d'aspirateur ambulant viendrait sonner à votre porte. Ces rêves, si réels, avaient chamboulé son esprit. Elle s'était vue dans son lit, paisiblement endormie aux côtés de Charlie, puis tout à coup, sans raison apparente, elle s'était agitée dans son sommeil. Elle souffrait, sentant son visage se crisper face à l'horrible sensation que quelqu'un ou quelque chose cherchait à s'introduire dans sa conscience. Elle s'était débattue comme une tigresse, souhaitant de tout cœur protéger ses pensées mais elle avait senti les verrous sauter un à un sous la pression qui leur était imposée. Elle se trouvait comme paralysée pendant que l'on fouillait le moindre de ses souvenirs, puis, tout à coup, plus rien. Le calme enfin retrouvé elle avait pu reprendre sa nuit. A son réveil, au petit matin, subsistaient en elle les traces de ce passage, ce sentiment d'avoir été violée dans son intimité. Elle n'en avait pas parlé à Charlie et ne comptait pas le faire. Les histoires de sorciers prenaient déjà assez de place dans leur quotidien, elle ne souhaitait pas l'inquiéter plus que nécessaire avec ses rêves saugrenus.

Une fois arrivée devant la maison, elle tenta une nouvelle fois de se sortir tout cela de la tête afin de gommer toute trace de soucis sur son visage. Elle se dirigea vers la maison et ouvrit la porte. A peine eut-elle fait un pas dans le vestibule que Charlie se planta devant elle, faisant barrage de son corps pour qu'elle ne puisse plus avancer. Au passage, il n'oublia pas de lui voler un baiser.

- Demi-tour belle demoiselle, et surtout, garde sur toi ton équipement de super flic, nous avons du travail, ordonna-t-il en lui tendant l'arme qu'elle avait dissimulé dans le buffet de l'entrée.

- Comment ça ? Que se passe-t-il ?

- Mon père a peut-être trouvé une piste. Il aimerait que nous la vérifiions ensemble, annonça-t-il en la contournant pour rejoindre la voiture. Il nous attend sur le parking de l'église.

- Et tu veux que je t'accompagne ? demanda-t-elle étonné en se retournant vers lui.

Charlie soupira... Pour la forme. Car en réalité, il ne perdait nullement patience, appréciant bien au contraire de lire la surprise sur le visage de son amie.

- Si je ne voulais pas que tu viennes, que ferais-tu ?

- Je viendrais tout de même, affirma-t-elle avec aplomb.

- Exactement. Donc te demander directement de venir nous évite une discussion parfaitement inutile. Maintenant, la demoiselle accepte-t-elle de prendre place dans le véhicule ?

- Avec plaisir, lui répondit-elle en agitant les clés de la voiture sous son nez.

Elle s'installa derrière le volant et attendit que son compagnon la rejoigne. Celui-ci profita du court trajet jusqu'à l'église pour lui résumer les raisons ayant amené son père à penser que ce lieu pouvait être celui concerné par la prophétie. Tout d'abord, il lui avait expliqué que beaucoup de lieux de culte ont été implanté sur d'anciens sites magiques. Les anciens pensaient que ceci leur attirerait la faveur des Dieux. Puis, il lui rappela que la prophétie mentionnait une pointe qui, d'après monsieur Monet pouvait représenter le clocher.