Chapitre 6 - Partie 1

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Trois jours avaient passé et Alice n'arrivait toujours pas à se remettre du décès de madame Dubois. Malgré tous ses efforts pour prouver le contraire, à la réception du courrier du médecin légiste, le commissaire avait classé l'affaire. Et c'était sans compter qu'on ne recherchait même pas les cambrioleurs ! La victime ne pouvant porter plainte et n'ayant aucune famille connue, personne ne se souciait de rendre justice. Tout le monde semblait déjà avoir oublié la vieille dame. Alice non... En plus de son travail habituel au commissariat, la jeune femme faisait chaque jour de nouvelles recherches sur la marque de la brûlure qui se soldaient malheureusement toujours de la même façon : rien, zéro, nada... Elle avait à nouveau recherché dans les dossiers de la police s'il existait des cas similaires mais elle ne trouvait rien de très concluant. Rédiger une liste de toutes ses suppositions, même les plus farfelues, lui avait alors paru être une bonne idée, mais pas une ne lui semblait crédible. A toujours réfléchir sur ce qu'elle pensait être un crime, elle en oubliait de manger, de dormir et même de s'occuper d'Adam... Elle se rendait compte que son obsession pour la résolution de l'enquête commençait à devenir malsaine et qu'elle devait absolument changer d'attitude, pour sa santé mentale et pour son frère. Elle décida donc de profiter de sa journée de repos pour prendre soin d'elle, comme le lui avait recommandé Luca et son père, et faire plaisir à Adam en l'emmenant à la bibliothèque après l'école. Le trajet fut plutôt silencieux. Alice n'osait pas parler à Adam parce qu'elle s'en voulait de l'avoir délaissé et le garçon de son côté, ne lui adressait pas la parole par crainte de se montrer maladroit face à sa peine. L'obsession qu'elle présentait pour le décès de madame Dubois l'inquiétait beaucoup, mais il n'avait personne à qui en parler. Dès qu'il tentait de s'adresser à Alice, soit elle lui répondait de façon agressive, soit elle l'ignorait. Du coup, il préférait se taire...

Lorsque la jeune femme arrêta la voiture, Adam comprit qu'elle lui avait fait la surprise de l'emmener à la bibliothèque : son lieu préféré dans Marnaz. Elle se situait au premier étage d'un bâtiment de la commune qui accueillait différentes associations. Un grand ascenseur vitré permettait d'accéder aux différents étages mais Adam, lui, préférait utiliser le large escalier. Et lorsqu'il arrivait en haut des marches, il prenait toujours quelques secondes pour observer le paysage. Face à lui, imposant, se dressait le Bargy : une montagne qu'il trouvait un peu étrange, différente des autres. La majorité des sommets formait un pic plus ou moins prononcé. Le Bargy n'avait pas du tout cet aspect-là. L'immense masse rocheuse abrupte et plate en son sommet dominait la vallée. D'ici environs deux mois, un manteau de neige blanc recouvrirait la montagne. Adam attendait avec impatience cette période de l'année : lorsque les rayons du soleil se reflétaient sur la surface neigeuse, la montage étincelait. Puis, quand il avait suffisamment contemplé l'horizon, il se concentrait sur ce qui se trouvait sous son nez. Oui, juste sous son nez, car devant le bâtiment abritant la bibliothèque se dressait une pyramide de verre. Un peu comme celle du Louvres à Paris mais en beaucoup plus petit. Juste en dessous de la structure vitrée se situait une salle de réception qui, plusieurs fois par année, accueillait des expositions de peintures et de sculptures d'artistes de la région. Cette pyramide avait un côté magique qui fascinait Adam. Il adorait regarder au travers pour observer ce qu'il se passait dans la salle au-dessous.

- Je suis désolée pour mon attitude de ses derniers jours Adam, s'excusa Alice en se penchant vers lui. Je ne me suis pas comportée en grande sœur exemplaire...

- Ne t'en fais pas je ne t'en veux pas, tenta de la rassurer le garçon le regard pétillant. Je sais qu'en ce moment c'est difficile pour toi et je ne souhaite pas t'embêter.

- Mais je suis responsable de toi. Malgré que tu ne m'en veuilles pas, s'il t'arrivait quelque chose à cause de ma négligence, je m'en voudrais toute ma vie.

Le Livre de ThémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant