Le Livre de Thémis

Chapitre 5 - Partie 1

Deux jours s'étaient écoulés depuis le conflit provoqué par monsieur Gordon et Adam refusait toujours d'adresser la parole à sa sœur. Elle avait pourtant tout essayé pour l'amadouer : les sucreries, les jeux de société, elle lui avait aussi offert un livre sur les insectes qu'il n'avait même pas daigné toucher. Ne trouvant plus de solution, elle avait même accepté de s'excuser ! Enfin, s'excuser, elle avait plutôt admit qu'elle s'était peut-être montrée un peu trop virulente dans l'échange qu'elle avait eu avec Charlie, mais elle ne changeait pas son discours. Pourquoi devrait-elle admettre qu'elle avait tort alors qu'elle avait raison ? De son côté, Adam n'avait rien dit de particulier, se contentant d'hocher la tête avant de retourner à ses occupations. Cette distance devenait de plus en plus pesante pour Alice qui tournait dans la maison comme un lion en cage. Son frère, lui ne semblait pas plus perturbé que cela de cette absence de communication. Il passait des heures dans sa chambre s'occupant de mille et une façons sans jamais se lasser. La jeune femme, elle, ne savait plus quoi faire...

Ce jour-là, lorsqu'elle retourna au travail, Alice ressentit le besoin de se confier à quelqu'un sur sa situation.

- Je t'assure Luca, je ne sais plus quoi faire ! Je me sens... hésita-t-elle. Je me sens tellement incapable !

- Arrête de te rabaisser. Tu t'en sors très bien et si tu avais réagi différemment, on t'aurait reproché de ne rien faire, affirma le jeune homme.

- Tu crois ?

- Bien entendu ! Et puis pour ce qui est de l'éducation d'Adam, je pense que la plus apte à juger de ton efficacité serait son professeur à l'école. Est-ce qu'elle t'a déjà fait part de propos ou d'attitude inappropriés de la part de ton frère ? demanda-t-il.

- Non, jamais... murmura Alice qui commençait tout doucement à retrouver le sourire.

- Alors personnellement, j'en viens à la conclusion qu'Adam a reçu une excellente éducation jusqu'à maintenant. Et ça, c'est à toi et toi seul qu'il le doit !

- Mais si je suis si bien que ça pour lui, pourquoi continue-t-il à me faire la tête alors que je cherchais seulement à le protéger ?

- Parce que malgré tout, il reste un enfant de neuf ans. Tu lui poses un cadre, c'est normal qu'il te perçoive parfois comme le mauvais objet, mais ça n'enlève rien à l'amour et l'admiration qu'il te porte. Laisse-lui juste un peu de temps. Tu veux que je te rappelle comment tu étais à son âge ? la taquina-t-il en lui mettant un coup de coude dans le bras.

- Je crois qu'il serait mieux d'éviter ce sujet, esquiva Alice qui se remémorait la fois où elle avait campé pendant toute une après-midi devant le portail de l'école car sa maîtresse l'avait injustement punie. En tout cas Luca, merci de me rassurer. Je suis vraiment heureuse de pouvoir en discuter avec toi.

- Il n'y a pas de quoi, les amis sont faits pour cela, fit-il remarquer avec une pointe de tristesse dans la voix.

- Les enfants, j'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, annonça le lieutenant Begot en débarquant dans le bureau. Madame Dubois est décédée. Nous devons nous rendre chez elle pour examiner les lieux.

- Quoi ? s'exclama Alice abasourdie.

Luca lui, s'enfonça dans son fauteuil, la tête dans les mains, percuté par la brutalité de cette annonce.

- C'est complètement dingue, elle se portait merveilleusement bien lors que nous l'avons vu. Elle s'occupait même de son jardin ! On sait ce qu'il s'est passé ?

- Je n'ai pas plus d'informations. Les pompiers sont déjà sur place, leur chef m'a prévenu de l'incident. Le médecin légiste nous rejoindra sur les lieux pour déterminer les causes du décès.